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un espion, qui le trahit, fait saisir et livrer à Bonaparte la nombreuse correspondance des ambassadeurs britanniques en Bavière et en Wurtemberg, qui organisent en France la guerre civile et l'assassinat; Bonaparte fait publier toutes ces lettres et en envoie copie à tous les ambassadeurs en France; tous protestent de leur indignation contre les deux agents anglais; la Bavière et le Wurtemberg les chassent; ils fuient comme des coupables; la justification que le Cabinet Britannique ose faire de leur conduite, excite en Europe comme en France une réprobation universelle. De partout, on crie à Bonaparte d'user de représailles, de faire tuer tous les Rois ennemis, tous les Ministres ennemis... Et voilà où conduit l'immoralité d'un seul gouvernement! Mais Bonaparte préfère profiter de tous ces événements pour se faire Empereur. Auparavant, passons dans la prison de Pichegru.

S 41.- Etranglement de Pichegru.

Le 16 germinal an 12 (avril 1804), au matin, Pichegru est trouvé mort dans son lit, couché sur le côté droit, étranglé avec sa cravate de soie et un bâton formant tourniquet. Personne, dit-on, n'a rien vu ni rien entendu qui indique l'introduction d'individus qui l'auraient étranglé : mais cela ne prouve rien, parce que rien n'est plus facile à la police que de cacher un assassinat. Aussi, les amis des accusés ne manquent pas de crier que Bonaparte a fait étrangler Pichegru parce qu'il désespérait de le convaincre ou de le faire condamner, parce qu'il redoutait ses révélations contre luimême, ou ses attaques contre son despotisme, et le danger de réunir 3 accusés comme lui, Georges et Moreau, qui s'encourageraient réciproquement. Quel ébranlement, en effet, pour l'opinion si, dans le silence absolu de toute presse indépendante, Pichegru et Moreau attaquaient hardiment l'usurpation et le despotisme de Bonaparte, et s'ils pouvaient révéler et prouver que lui-même avait, lors du traité de CampoFormio et depuis, donné ou inspiré des espérances aux Bour

bons! Aussi, cette opinion d'un assassinat sur Pichegru trouve-t-elle beaucoup d'échos; suivant le Mémorial de Sainte-Hélène, on l'exprime même à la Cour; et la Diplomatie la transmet à toutes les Cours.

Mais, dit-on, quelle nécessité de faire étrangler un traître, déshonoré, perdu dans l'opinion!... Comment ses révélations n'auraient-elles pas été publiées par d'autres?... Mais, répond-on, pourquoi Pichegru se serait-il étranglé lui-même ? Un homme de son caractère ne devait-il pas désirer se justifier publiquement en attaquant face à face le Despotisme? Et quant aux révélations, qui peut dire qu'on ne les a pas vendues à Bonaparte, comme on a vendu tant d'autres choses?

Pour nous, le fait est complètement incertain; et nous dirons seulement que, quand un Gouvernement est accusé d'avoir assassiné un prisonnier, c'est sa faute, c'est l'inévitable conséquence de ce qu'il laisse ce prisonnier et sa famille sans aucune espèce de garantie contre l'assassinat.

Mais tout cela n'empêche pas Bonaparte d'arriver à l'Empire; au contraire, comme nous allons voir. Mais auparavant voyons le procès de Moreau.

$42. Procès de Moreau, etc.

Le procès de Georges, Moreau et 44 autres, commence le 8 prairial (28 mai) pour ne finir que dans la nuit du 20 au 21 (9 au 10 juin). Georges avoue tout ce qui lui est personnel et s'efforce de sauver ses compagnons. Moreau nie tout. Beaucoup de militaires, à la tête desquels est Lecourbe, beaufrère de Moreau, suivent les débats publics et ne dissimulent pas leur intérêt pour l'accusé. On croit que, s'il était condamné, ils tenteraient tout pour le sauver. D'un autre côté, Bonaparte fait tout pour qu'il ne soit pas acquitté, et emploie, dit-on, toute son influence sur les Juges. Enfin Georges, Armand Polignac et 18 autres, sont condamnés à mort, 4 à la détention, Moreau à 2 ans de prison, et les 21 autres sont acquittés. Bonaparte fait grâce à Polignac en commuant la

mort en une détention illimitée au 'fort de Ham, et commue la détention de Moreau en exil en Amérique.

S43.-Bonaparte se fait nommer Empereur.

On le devine, le complot du Cabinet anglais et des Bourbons, la conspiration de Georges et du traître Pichegru, après la machine infernale et tant d'autres attentats, sont une merveilleuse occasion pour exprimer le dévouement, l'amour, l'adoration... Il n'y a pas un Corps, pas un Lycée, pas une Eglise, pas un fonctionnaire public, qui n'envoient des adresses, qui ne remercient le Ciel... Rien n'est plus facile à Bonaparte que de se faire prier d'accepter un pouvoir héréditaire. Un coup de poignard pourrait tuer à la fois le Consul et la République ! Une dynastie rendra l'assassinat de son chef inutile, désarmera les assassins, préviendra les complots, assurera le salut de la République en assurant le salut d'un héros!...

En un mot, Bonaparte se fait nommer (28 floréal an 12, ou 18 mai 1804), ou se nomme Empereur presque absolu : c'est le Despotisme complet qu'il établit, avec quelques trompeuses apparences de liberté ; c'est le Despotisme militaire; c'est la restauration de la Monarchie de Louis XIV.

S44.-Coup-d'œil sur le Consulat.

Nous ne l'avons que trop prouvé, dans son origine, rien n'est plus criminel que le Consulat; rien n'est plus lâche, plus cupide, plus vil, que ce Sénat et tous ces conspirateurs qui se sont rendus les instruments et les complices de l'usurpation.

Mais, dans l'esprit de Bonaparte, le Consulat n'est que la première page de l'Empire: c'est donc l'Empire qu'il faut voir pour juger le Consulat. Puisse la fin purifier le commencement !

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PAGNE D'AUTRICHE.-BATAILLE NAVALE DE TRAFALGAR.-INSTITUTIONS CONTRERÉTABLISSEMENT DES FIEFS

RÉVOLUTIONNAIRES.

FÉODAUX.

JOSEPH, ROI DE NAPLES.

LOUIS, ROI DE HOLLANDE. — CONFÉDÉRATION DU RHIN. — QUATRIÈME COALITION. CAMPAgne de prussE. - CRÉATION DU GRAND-DUCHÉ de VARSOVIE.-CODE NAPOLÉON. -LES ANGLAIS BRULENT COPENHAGUE. - GUERRE D'ESPAGNE. DEUXIÈME CAMPAGNE D'AUTRICHE.-DEVOUEMENT DE STAUB. -NAPOLEON EXCOMMUNIÉ.

ENLÈVEMENT DU PAPE. -DIVORCE.

--

MARIE-LOUISE. LOUIS FORCÉ D'ABDIQUER: HOLLANDE RÉUNIE.

MARIAGE AVEC

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BERNADOTTE DEVOUEMENT DE SAHLA.

NAISSANCE DU ROI DE ROME, NOUVELLES INSTITUTIONS DESPOTIQUES. CAMPAGNE DE RUSSIE. CONSPIRATION DE MALLET.

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BASSESSE DU SÉNAT. CAM

PAGNE D'ALLEMAGNE; DÉFECTION GÉNÉRALE. - RÉSISTANCE DU CORPS LÉGISLA

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Nous l'avons déjà dit, et nous ne pouvons trop le répéter, Bonaparte a choisi tout ce que la France avait de plus cupide, de plus peureux et de plus servile, pour en composer la majorité de son Sénat, de son Conseil-d'Etat, de son Tribunat, de son Corps-Législatif, etc.; et c'est lui qui demande, qui récompense, qui encourage l'adulation et la servilité. Aucune flatterie, aucune bassesse, aucune complaisance pour rétablir en sa faveur la Monarchie, ne doivent donc nous étonner; et quelque mépris que la Postérité puisse avoir pour ces Sénateurs, etc., qui déshonoreraient la France, si une grande et généreuse Nation pouvait être déshonorée par quelques-uns

de ses membres, c'est à Bonaparte que doit en remonter d'abord toute la responsabilité.

Voyez la ruse de Bonaparte pour arriver à l'Empire! Tous ses dévoués connaissent son ardeur pour la couronne Impériale mais, au lieu de la demander, il va se la faire offrir; il va manœuvrer pour se la faire vendre, en offrant lui-même secrètement de la payer aux vendeurs. Et c'est par son valet Fouché qu'il gagnera le Sénat; c'est par son servile Sénat qu'il gagnera tout le reste.

Sur la proposition de Fouché, le Sénat lui transmet donc une adresse dans laquelle il lui dit :

« A la vue de tous ces attentats dont la Providence a sauvé un héros NÉCESSAIRE à ses desseins (Nécessaire à la Providence! et la Providence ne saurait pas le conserver saus le faire Empereur!), une première réflexion a frappé le Sénat: quand on médite votre perte, c'est à la France qu'on en veut; les Anglais et leurs complices savent que votre destinée est celle du Peuple Français... Leur crime est tel que ses suites bouleverseraient le Monde... Votre génie supérieur a fondé une ère nouvelle; mais vous devez l'éterniser; l'éclat n'est rien sans la durée. Nous ne saurions douter (ils savent bien, en effet, qu'il aspire depuis longtemps à l'Empire), que cette grande idée ne vous ait occupé; car votre génie créateur embrasse tout et n'oublie rien: mais ne différez plus!... Tous les citoyens vous admirent et vous aiment; il n'y en a pas un qui ne vous dise: « Grand homme, ache< vez votre ouvrage en le rendant immortel comme votre gloire ! Vous « nous avez tirés du chaos du passé; vous nous faites bénir les bien« faits du présent; garantissez-nous l'avenir ! »

Et cette adresse est siguée Cambacérès, deuxième Consul, Président du Sénat, et Cornudet, secrétaire (le conspirateur, p. 436): c'est comme si elle était signée Bonaparte! c'est lui qui se fait cette adresse!

Puis, cette adresse à la main, il consulte son Conseil-d'É tat sur la réponse à faire au Sénat, en n'appelant que ses 27 Conseillers les plus dévoués. Cependant, sur 27, 7 désapprouvent, Berlier surtout, prétendant que ce serait faire rétrogader la Révolution et ouvrir la porte aux Bourbons, ce qui paraît absurde aux autres mais ce qui n'en est pas moins vrai.

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