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Et que dire d'un Sieyes, aussi Prêtre renégat, qui sans doute rendit de grands services à la Révolution en 1789, mais qui depuis semble être devenu l'ennemi du Peuple, après avoir excité son ardeur révolutionnaire; homme insociable, plus vaniteux encore et plus orgueilleux que capable; égoïste, ambitieux; assez roué politique pour qu'on l'accuse de trahison; insensible et sanguinaire, despote et tyran; qui, au lieu de faire marcher et de perfectionner légalement la Constitution qu'il a juré de défendre, conspire déloyalement contre elle; qui complotte le coup-d'état le plus illégal et le plus perfide pour satisfaire son amour-propre de publiciste; qui se montre révolutionnaire quand c'est dans son intérêt ; qui pousse la présomption jusqu'à vouloir être Roi sous le titre de Grand Electeur; qui se laisse jouer et duper comme un enfant; qui livre ou plutôt vend la France au Despotisme; et qui déshonore son talent par sa cupidité (p. 446) ?

Quels hommes comparés à ce malheureux Robespierre, tant calomnié par eux, mais si vénéré pour ses vertus, si moral, si désintéressé, si respectueux pour la Représentation nationale, si dévoué au Peuple et si zélé pour la régénération de l'Humanité tout entière !

Nous allons voir un autre homme, homme de génie, qui, s'il a le cœur de Robespierre et son amour pour le Peuple et pour l'égalité, pourra consolider le triomphe de la Révolution, faire le bonheur de la France et préparer celui du Genre humain.

CONSULAT.

COUP-D'ETAT DU 18 BRUMAIRE CONTRE LA DÉMOCRATIE.

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LACHETÉ, DE SIEYES. JOURNÉE DES DUPES. - DÉMOCRATIE CALOMNIÉE. - -BONAPARTE EST LA PLUS GRANDE CAPACITÉ. IL TROMPE. —PEUPLE, ARMÉE, NATION, TROMPÉS. — APPRÉCIATION DU 18 BRUMAIRE. DICTATURE PROVISOIRE.BONAPARTE TRAVAILLE A SE POPULARISER.PERSÉCUTION DES DÉMOCRATES. — DESPOTIQUE CONSTITUTION CONSULAIRE. - DÉRISOIRE ACCEPTATION. - SYSTÈME DE RUSE ET DE MENSONGE. D'ÉGOÏSME ET DE CORRUPTION. D'ADULATION. -ESCLAVAGE DE LA PRESSE.- PREMIERE SESSION LEGISLATIVE PRÉFETS. BATAILLE DE MARENGO. CONSPIRATIONS ROYALISTES ET RÉPUBLICAINES.

PAIX GENERALE.

EVACUATION DE

BONAPARTE SE FAIT

NOUVELLES INSTITUTIONS DESPOTIQUES.
L'ÉGYPTE. PAIX D'AMIENS AVEC L'ANGLETERRE.
FÉLICITER. — IL SE FAIT NOMMER PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ITALIENNE.
ELIMINATION DES OPPOSANTS. SON CONCORDAT AVEC LE PAPE. INSTRUC-
TION PUBLIQUE: LÉGION-D'HONNEUR.-RAPPEL DES ÉMIGRÉS. IL SE FAIT NOM-
MER CONSUL A VIE. SUPPLÉMENT DE CONSTITUTION DESPOTIQUE. -CONSPIRA-
TION DANS L'ARMÉE. EXPÉDITIONS D'ALGER ET DE SAINT-DOMINGUE. — ME-
DIATEUR DE LA CONFÉDÉRATION SUISSE. SYSTÈME CONTRE-REVOLUTIONNAIRE.
-BONAPARTE NOMME TOUS LES PRÉSIDENTS. — NOUVELLE GUERRE AVEC L'AN-
GLETERRE. CONSPIRATION DE GEORGES, PICHEGRU, MOREAU. ÉTRANGLEMENT
DE FICHEGRU. - EXÉCUTION DU DUC D'ENGHIEN. -BONAPARTE SE FAIT NOMMER
COUP-D'OEIL SUR LE CONSULAT.

EMPEREUR.

$ 1.

Coup-d'état du 18 brumaire contre la Démocratie.

Nous avons vu les premières années de Bonaparte (p. 341), sa campagne d'Italie (p. 346), sa campagne d'Egypte (p. 406), et sa conspiration avec Sieyes pour arriver au pouvoir (p. 418).

Nous allons voir un des plus grands événements de l'histoire, l'un des plus féconds en utiles leçons.

Le 18 brumaire (9 novembre), dès le grand matin, les Généraux, dont quelques-uns sont dans la confidence, sont invités à se rendre, sur-le-champ, en costume, chez Bonaparte tous accourent.-Tous les Colonels des régiments en garnison, qui ont demandé à lui être présentés, sont invités à se rendre aux Tuileries, avec leurs régiments, pour être passés en revue: tous s'y rendent. - Sieyes, qui depuis quelque temps a pris des leçons d'équitation, monte à cheval avec Roger-Ducos, et se rend du Luxembourg aux Tuileries, tandis que Barras, Gohier et Moulins, ne se doutent de rien. En même temps, la Majorité des Anciens, subitement convoquée, accourt aux Tuileries. Là, les Inspecteurs de la Salle annoncent qu'on vient de découvrir une conspiration des Jacobins contre les Conseils (mensonge), par suite de laquelle ils peuvent être à chaque instant poignardés, et proposent, pour sauver leur vie et la République, de transférer, comme l'art. 102 de la Constitution leur en donne le droit, le Corps-Législatif à Saint-Cloud, et de charger Bonaparte de veiller à sa súreté... Si tous les Députés avaient été convoqués, peut-être la proposition serait-elle rejetée : mais, violant la Constitution, on a volontairement omis de convoquer la Minorité; et c'est en vain que quelques voix réclament; le décret, rédigé d'avance, est adopté, signé à 8 heures, expédié aux 500 et à Bonaparte.

Vers les 9 heures, se réunissent quelques Députés des 500 extraordinairement convoqués, sous la présidence de Lucien et sous la direction des Inspecteurs de la Salle, tous membres de la conspiration. On se garde bien de convoquer la Majorité. Avant qu'aucune discussion ait pu commencer, le Président communique le décret des Anciens transférant le Conseil à Saint-Cloud. Quelques voix réclament: mais Lucien, invoquant la Constitution contre laquelle il conspire, déclare que toute discussion serait un attentat à la sûreté publique,

lève la séance, convoque le Conseil à Saint-Cloud pour demain midi, et fait fermer les portes avant 10 heures.

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Quant à Bonaparte, le voilà nommé Général en chef, non-seulement de la 17° division militaire, de la garnison, de la Garde nationale et de la Garde des Anciens, mais de la Garde des 500 et de celle du Directoire, ce qui est une autre violation de la Constitution. — Aussitôt qu'il a reçu le décret attendu, il le lit à tous les Généraux et officiers qui l'entourent, et leur demande s'ils veulent l'aider à sauver la République contre les Avocats qui la perdent : tous promettent, même le Républicain Lefèvre, commandant la 17o division, qui consent à devenir son Lieutenant; et tous montent à cheval avec lui pour l'accompagner à la barre des Anciens. Bernadotte seul, amené par Joseph, son beau-frère, refuse de le suivre et promet seulement de rester neutre.

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Citoyens Représentants, dit-il, la République allait périr; votre décret vient de la sauver! Malheur à ceux qui voudraient s'opposer à son exécution! Aidé de mes compagnons d'armes, je saurai les arrêrêter et prévenir leurs efforts... Nous voulons la République... Nous la voulons fondée sur la vraie liberté, sur le régime représentatif... Nous l'aurons, je le jure en mon nom et au nom de mes compagnons d'armes ! »

Tous jurent... Et le Président répond à Bonaparte :

« Général, le Conseil des Anciens reçoit vos serments; il ne forme aucun doute sur leur sincérité et sur votre zèle à les remplir. Celui qui ne promit jamais en vain des victoires à la Patrie ne peut qu'exécuter avec dévouement de nouveaux engagements de la servir et de lui rester fidèle. »

Nous verrons la sincérité, le dévouement, la fidélité ! —Puis, il publie un Ordre du jour, qui annonce sa nomination et par lequel il nomme :

-

« Lefebvre son premier Lieutenant ; — Andréossi chef de l'état major-général, ayant sous ses ordres Caffarelli et Doucet; Murat commandant de toutes les troupes à cheval ; — Lannes commandant du palais des Anciens; ayant pour chef d'état-major Milhaud;—Marmont commandant de l'artillerie ; Berruyer commandant des Invalides; - Morand commandant de Paris; Macdonald comman

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Moreau commandant de la Garde du Luxemcommandant de la Garde des deux Conseils à

Tandis que le Conseil des Anciens adresse aux Parisiens une proclamation terminée par ces mots : « Vive le Peuple, par qui et en qui est la République ! » Bonaparte adresse à la Garde nationale cette autre proclamation :

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«

D

Citoyens, le Conseil des Anciens, dépositaire de la sagesse nationale, me charge de prendre les mesures pour la sûreté de la Représentation... Le Corps-Législatif se trouvera à même de tirer la Représentation du danger imminent où la désorganisation de toutes les parties de l'administration nous conduit... Il a besoin de l'union et de la confiance des Patriotes... Ralliez-vous autour de lui: c'est le seul moyen d'asseoir la République sur les bases de la liberté civile, du bonheur, de la victoire et de la paix. Vive la République ! Nous verrons!... Puis, une proclamation dit à l'armée : Soldats, le décret du Conseil des Anciens est conforme à la Constitution. Il m'a remis le commandement de la ville et de l'armée; je l'ai accepté pour seconder les mesures qu'il va prendre, et qui sont tout entières en faveur du Peuple. La République est mal gouvernée depuis deux ans. Vous avez espéré que mon retour mettrait un terme à tant de maux ; vous l'avez célébré avec une union qui m'impose des obligations que je remplis : vous remplirez les vôtres, et vous seconderez votre Général avec l'énergie et la confiance que j'ai toujours eues en vous. La liberté, la victoire et la paix, replaceront la République française au rang qu'elle occupait en Europe, et que l'ineptie ou la trahison a pu seule lui faire perdre. Vive la République ! »

Puis, toujours entouré d'un imposant cortége, il va passer en revue les régiments qui l'attendent dans le jardin, autour duquel le beau temps, le bruit du tambour et le mouvement extraordinaire des troupes, ont conduit une foule de curieux. Là, il harangue habilement les soldats, les flatte, leur annonce un sort meilleur, les prémunit contre les calomnies, proteste qu'il mérite leur confiance, les électrise, et leur arrache un serment d'obéissance au milieu d'acclamations unanimes et des cris de Vive Bonaparte! Là aussi il commence à parler en son nom comme s'il était un Monarque.

«< Soldats, dit-il dans une de ses allocutions, qu'a-t-on fait de cett

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