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Joseph, élu en l'an 5 et repoussé par les Clichiens comme Jacobin, est admis, et tient à Paris un grand état de maison, recevant les Députés, les Généraux, tous les hommes influents. Tous deux affichent maintenant la modération comme leur frère, et travaillent sans relâche, ainsi que Joséphine, à lui préparer les voies pour l'usurpation.

toire.

Treilhard remplace François de Neufchâteau au DirecEt la nouvelle Session s'ouvre le 1er prairial, avec un nouveau costume, à l'antique, pour le Directoire, pour les 500 et pour les Anciens.

Mais le reste du nouveau tiers élu est encore assez nombreux et assez démocrate pour métamorphoser les Conseils, surtout celui des 500; et bientôt s'y forme une Majorité républicaine hostile au Directoire.

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Bientôt le Conseil des 500 s'élève contre les fournisseurs, les dilapidateurs, les marchés clandestins, la Bureaucratie et ses concussions, surtout dans le Ministère de la guerre.

« Là, dit Joubert dans un rapport, l'opinion publique remarque avec indignation ces inexplicables richesses et ce faste impudent qui contrastent d'une manière si révoltante avec l'indigence de nos guerriers infirmes et mutilés; là s'est formée et s'alimente cette faction corruptrice qui menace la liberté par la démoralisation, faction qui est parvenue à étouffer les passions généreuses par la plus vile de toutes, la cupidité... Du 9 thermidor datent les nouvelles fortunes. On vit sortir tout-à-coup de la fange un essaim de parvenus: enfants de l'agiotage et de l'immoralité, on les vit afficher, à la suite des camps, le luxe le plus effréné et l'esprit le plus contre-révolutionnaire. Tous les sacrifices de la République épuisée s'arrêtaient dans leurs mains impures; et ils ressemblaient à un corps ennemi posté sur les derrières de nos armées pour leur couper les vivres plutôt qu'à des agents chargés de les alimenter. Tandis qu'ils nageaient dans l'abondance, nos braves défenseurs éprouvaient toutes les horreurs de la disette sans habits, sans souliers, souvent sans pain, il ne leur restait que le courage et le patriotisme.

Voilà donc la conséquence de l'assassinat de Robespierre!

Voilà le système des Tallien, des Barras, etc. ! Ce sont eux qui donnent l'exemple du pillage et du mépris pour le soldat et pour le Peuple! Quel renversement de toute justice !

«Ils seront frappés du haut de leurs chars somptueux, dit un autre rapporteur (2 fructidor), ces hommes dont la fortune colossale atteste les moyens infàmes qu'ils ont employés pour l'acquérir. »

Et néanmoins, pour couvrir le déficit qui résulte de ce pillage, on écrase le Peuple d'impôts, on rétablit la taxe sur le sel, et l'octroi de Paris; on impose les portes et fenétres; on veut même imposer les cheminées; et l'on établit la conscription ou l'impôt du sang qui pèse sur le pauvre.

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L'opinion publique, dit l'Histoire parlementaire, était révoltée à la vue du spectacle que présentaient alors ceux qui pouvaient s'appeler la haute classe, c'est-à-dire les riches de cette époque : la plupart étaient des hommes qui avaient fait leur fortune en spéculant sur les biens nationaux, sur les assignats, sur les fournitures, par mille mauvais moyens que la Société réprouve en tout temps et que pratiquent seulement ceux qui n'ont ni probité ni honneur. Ces hommes apportèrent dans l'usage de leurs richesses le caractère même qui les leur avait fait acquérir. Ils furent sans moralité et sans pudeur, tellement sales, tellement grossiers, que le nom de la période où ils ont brillé a été sans pareil dans l'histoire moderne. L'orgie fut à l'ordre du jour parmi ces gens; ils prirent de l'ancien régime tout ce qu'il avait eu de ridicule ou de corrompu, et ils y ajoutèrent; ils réunirent à la mode, outre le parler des anciens marquis, les bals, les mascarades, les jours gras, et jusqu'à la promenade de Longchamps. Les femmes, qui imitent toujours et qui exagèrent tout, les femmes furent sans pudeur comme eux; elles se costumèrent comme les filles de Sparte; elles allaient dans les salons à peine couvertes d'une seule robe de gaze; mais elles n'osaient se montrer ainsi parées en plein jour et dans les lieux publics; quelques-unes cependant le tentèrent, mais elles en furent chassées. »

Et c'est pour amener ces mœurs abominables que les Barras et les Tallien ont tué Robespierre, qui comme le Peuple voulait la morale et la décence!

« C'était des salons du Directoire que sortaient ces modes nouvelles qui faisaient rougir la France, et ce parler ridicule qui souillait notre belle langue.

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Si le Directoire était franchement Républicain, Démocrate et populaire, s'il était fidèle à ses devoirs envers la France et ses alliés, s'il savait enthousiasmer le Peuple français et les Peuples de Hollande, de Suisse et d'Italie, il révolutionnerait et républicaniserait l'Europe : mais tandis qu'il opprime et pille le Peuple de France, ce Directoire (ou du moins Barras qui partage avec tous les fournisseurs, et peut-être Rewbell dont le beau-frère Rapinat est envoyé pour prendre les caisses) pille également ou fait piller la Suisse et l'Italie, pillées à son exemple par les Généraux. D'un autre côté, le Directoire emploie les baïonnettes pour faire des 18 fructidor en Hollande, en Suisse, à Milan, et pour y violer la Souveraineté du Peuple et la Représentation nationale, quelquefois contre l'Aristocratie, le plus souvent contre la Démocratie. Ses rapines et sa tyrannie irritent même les Républicains étrangers, généralement Jacobins, et font partout des ennemis à la France, tandis qu'il habitue les Généraux et l'Armée à commander partout en maîtres et les dispose à traiter la France elle-même comme un pays conquis. Il irrite encore les Puissances en excitant en Piémont une révolution qui force le Roi à abdiquer et à se réfugier en Sardaigne.-La prise de Malte par Bonaparte irrite l'Empereur de Russie, Paul Ier, successeur de Catherine II, Protecteur des Chevaliers de Malte, qui donne asile à Louis XVIII, forcé de quitter l'Italie. Le Cabinet Anglais le détermine enfin, après le désastre d'Aboukir et la guerre de la Porte, à envoyer en Italie 60,000 Russes et Suwarow, surnommé l'invincible, célèbre par ses guerres contre la Turquie et la Pologne.— Il pousse la Porte à la guerre en attaquant l'Égypte qui lui appartient. Et tandis que le Congrès à Rastadt, en Souabe, discute lentement la paix générale avec tous les Princes d'Allemagne, l'Autriche prépare la guerre et conclut une nouvelle coalition avec Naples, l'Angleterre et la Russie.

$ 35. Expédition en Irlande.

L'Angleterre continuant la guerre, soldant les conspirations, c'est elle surtout qu'il faudrait vaincre : mais elle a détruit la flotte de Toulon à Aboukir; elle s'est emparée des flottes Espagnole et Hollandaise; elle est vraiment la maîtresse des mers; enfin elle bloque tous nos ports: comment l'attaquer? Nous avons déjà vu la première expédition conduite par Hoche (p. 353). Tandis que Bonaparte va menacer l'Inde, le Général Humbert conduit 1,500 hommes en Irlande, déjà soulevée contre les Anglais, et attend 6,000 hommes que doit amener le Général Sarrazin; mais ce renfort ne peut sortir de Brest faute d'argent. Humbert débarque le 5 fructidor an 6, à Kilala, bat les Anglais, leur prend deux Comtés et traverse l'île entière; mais les Irlandais, qui se joindraient avec empressement à une armée de 10,000 Français, ne peuvent se joindre à une bande de 1,500; et bientôt, entouré par des forces bien supérieures, il est obligé de capituler, à la seule condition de ne plus porter les armes contre l'Angleterre. Une escadre qui lui apporte 3,000 hommes est également forcée de baisser pavillon devant une flotte Anglaise beaucoup plus forte, tandis que 2,000 Anglais débarqués en Belgique pour surprendre Ostende sont tous tués, ou noyés, ou pris.

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Entraîné par la Reine Caroline et son favori Acton, qui veulent faire massacrer les Français dispersés en Italie, l'imbécile Roi de Naples commence la guerre (24 novembre) avec 60,000 hommes commandés par le Général Autrichien Mack, et appuyés par Nelson, commandant la flotte anglaise.

Championnet est d'abord forcé de quitter Rome où le Monarque Napolitain entre en libérateur du Pape et où son armée et la populace commettent d'horribles pillages contre les Républicains. Mais Championnet, aidé des Généraux

T. IV.

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Macdonald et Casa-Bianca, l'attaque avec 18,000 hommes seulement, le force à rétrograder, le poursuit, le bat, soumet la population insurgée dans les montagnes, s'empare de Naples (23 décembre) en moins d'un mois, prévient le massacre de l'Aristocratie par le Peuple qui crie à la trahison, et transforme le Royaume en République Parthénopienne, tandis que Caroline, Acton et le Roi, se réfugient en Sicile, après avoir armé les Lazzaroni et donné l'ordre de massacrer toute la Bourgeoisie, accusée d'être révolutionnaire.

Le vainqueur est bientôt disgracié par le Directoire, remplacé par Macdonald, rappelé à Paris, et mis en accusation pour avoir chassé les agents directoriaux, qui venaient piller Naples comme ils avaient pillé le reste de l'Italie et la Suisse : mais l'indignation publique éclate contre les pillards, et protége Championnet contre le Directoire.

$ 37.- Elections démocratiques de l'an 7.

Comme aux élections précédentes, le Directoire et ses journaux ne négligent aucun moyen de faire repousser les Royalistes et les Démocrates qu'ils appellent toujours des anarchistes: mais, quoique les journaux démocrates soient réduits au silence, la loi qui les mettait à la disposition de la Police ayant été prorogée ; quoique les clubs soient fermés; quoique les affiches ministérielles dénoncent les Démocrates comme des pillageurs et disent gare aux boutiques, les candidats ministériels sont repoussés presque partout (germinal an 7), sans tumulte et sans scissions; et de nouveaux Electeurs envoient des Députés indépendants et démocrates sans être aussi ardents que ceux de l'an 6, en sorte que le Directoire n'a pas de prétexte pour les attaquer. Ces élections sont donc bien véritablement l'expression de l'opinion publique, et la Majorité démocrate qu'elles donnent aux Cinq-Cents est bien une véritable Représentation nationale: l'expulser avec des baïonnettes sera bien évidemment un attentat à la Souveraineté du Peuple. - Parmi les nouveaux Députés, on remarque les Généraux Jourdan et Augereau, ardents républicains.

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