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Luxembourg, de Meudon, de Vincennes, du Temple pour servir de quartier général, de Montmartre pour y établir une batterie; mettre à prix les têtes des Directeurs; arrêter les principaux Jacobins;

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consigner les Conseils ; rétablir les cours prévôtales et la

potence;― saisir les presses; préparer des grenades pour les jeter au milieu des attroupements; faire illuminer pendant deux nuits;

envoyer dans les provinces des Préfets royaux.

La proclamation de Louis XVIII porte :

« La Providence a permis, pour l'instruction des Rois et la punition des Peuples, que le royaume fùt bouleversé par des factieux... (Alors comment peut-on crier contre ce qu'a permis la Providence ?) Mais cette même Providence a daigné jeter un regard de commisération sur l'Empire... Les Français sont revenus aux sentiments d'amour pour leur légitime Souverain... »

Que de niaiseries, après sept ans de révolution!

Les instructions de Louis XVIII, datées de Vérone le 25 février 1796, indiquent trois moyens principaux d'accroître l'influence du parti royal:

Ecarter des administrations les chefs régicides et Jacobins ; travailler à assurer le succès des nouvelles élections ; — gagner les Députés du Ventre. »

On indique, pour le Gouvernement provisoire, les Ministres Benezech et Cochon, les Députés Siméon, Portalis, etc.

Les accusés avouent qu'ils ont conspiré; mais ils prétendent qu'ils n'ont conspiré que contre les anarchistes et les Orléanistes, pour le cas, probable et prochain, où ceux-ci auraient d'abord renversé le Gouvernement actuel.-Duverne de Presle révèle même toute la conspiration au Directoire, lui fait connaître tous les secrets des Royalistes, et lui apprend que 184 Députés ont traité avec Louis XVIII, en nommant seulement Lemerer et Mersan. Il dénonce aussi le comte d'Entraigues à Venise comme étant le correspondant des conjurés.

Cependant, tandis que Ramel déclare que les conspirateurs le pressaient vivement de se rendre chez l'Ambassadeur d'Espagne ou chez Tallien, tous les Royalistes, dans les Conseils et hors des Conseils, s'intéressent aux accusés, et soutiennent

T. IV.

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qu'ils sont victimes d'une provocation de police; et quand ils sont traduits, au nombre de 22 (16 hommes et 6 femmes), devant une Commission militaire, comme coupables d'embauchage, les défenseurs soutiennent que c'est la police qui a joué le rôle d'embaucheur, et que la Commission militaire est incompétente. D'accord avec les Royalistes les plus influents, ils adressent des pétitions aux Conseils et au Tribunal de cassation, qui ordonne l'apport à son greffe, du jugement par lequel la Commission militaire s'est déclarée compétente. - C'est en vain que le Directoire suspend l'exécution du jugement du Tribunal de cassation; les Députés royalistes attaquent vivement cet acte arbitraire. C'est en vain que les Républicains reprochent aux Royalistes d'avoir, dans les Actes des Apôtres, comparé Bonaparte, triomphant alors en Italie, à Sanson, l'exécuteur des hautes-œuvres de la justice; les Royalistes reprochent aux Républicains la conspiration de Babeuf et une nouvelle tentative d'émeute à Toulouse. C'est en vain que Jean Debry fait, sur la conspiration royaliste, un long rapport dans lequel il affirme que la conspiration est payée par l'Étranger, que le duc d'Orléans a un parti, et que Louis XVIII veut un million de victimes; la Commission militaire, si sanguinaire contre les insurgés démocrates, ne condamne (18 germinal ou 7 avril) que les quatre principaux conspirateurs, et commue leur peine de mort en une simple détention. On devine combien cette impunité rendra les Royalistes audacieux dans les élections qui vont se faire pendant ce mois de germinal!

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L'influence royaliste a tellement grandi par la protection des Thermidoriens que, quand le Directoire demande une loi qui oblige les électeurs à prêter le serment de fidélité à la Constitution, cette loi ne lui est accordée qu'à une faible majorité et après de violentes attaques contre la Révolution.

Un coup de pistolet tiré sur Sieyes par un ancien prêtre

(Poule), qui le blesse légèrement, ne produit aucun effet nuisible aux Royalistes, quoique le Directoire prétende que l'assassin est un envoyé de Louis XVIII, tandis que les Royalistes soutiennent qu'il n'a voulu que se venger de Sieyès qui lui refusait durement l'aumône.

Les débats du procès Babeuf, qui sont alors ouverts à Vendôme, nuisent au contraire infiniment aux Démocrates, parce que tous les journaux ministériels et royalistes les exploitent tous les jours en publiant tout ce qui peut effrayer par l'idée du pillage et du massacre, et tout ce qui peut décréditer et ridiculiser les accusés et leur doctrine. Il paraît même que c'est pour achever de tuer les Démocrates dans l'opinion que le Directoire fait durer si longtemps ces débats, tandis que, d'un autre côté et dans l'intérêt de son système de prétendu juste-milieu, il fait tous ses efforts pour empêcher des élections royalistes en publiant une proclamation de Louis XVIII (qui demande la Restauration par les élections ou par les armes), en écrivant des circulaires, et même en envoyant des Commissaires.

Mais tous ces efforts sont impuissants : les Députés royalistes écrivent des adresses en sens contraire; la grande conspiration, si imprudemment ou si traîtreusement favorisée par les Thermidoriens, agit avec plus d'ardeur et d'audace que jamais; les électious, commencées le 20 germinal (9 avril), sont généralement troublées et violentées par eux; peu d'exConventionnels sortants sont réélus; le second tiers est presque entièrement composé de Députés nouveaux, la plupart royalistes, parmi lesquels on remarque Camille Jordan, Royer-Collard, et le général Pichegru qui, ayant été forcé de donner sa démission après sa trahison et ses revers, a refusé l'ambassade de Suède et a résolu de se faire élire Législateur pour conspirer et trahir plus sûrement.

La Représentation nationale sera donc composée d'un tiers d'anciens Conventionnels et de deux tiers de nouveaux Députés, dans lesquels les Royalistes auront la majorité.

La nouvelle session s'ouvre le 1er prairial (20 mai). — Trois

Partis se prononcent aussitôt dans les Conseils : les Royalistes; les Constitutionnels, qui veulent la Constitution Républicaine, mais qui inclinent au Royalisme; et les Directoriaux, dévoués au Directoire par corruption ou par conviction.-Les deux premiers se réuniront contre le Directoire et formeront la majorité.

L'esprit royaliste se manifeste à l'instant par l'élection de Pichegru pour Président des 500, de Siméon, Vaublanc, Henry-Larivière, pour secrétaires, et de Barthélemy, ambassadeur en Suisse pour Directeur, en remplacement de Letourneur, Directeur sortant, tous royalistes connus.

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La conspiration royaliste va donc marcher à l'aise; et si le Directoire ou trois de ses membres veulent favoriser la Restauration, celle-ci sera facile mais, tandis que deux Directeurs, Carnot et Barthélemy, inclineront vers la Majorité royaliste des Conseils, les trois autres, Barras, Rewbell et Laréveillère-Lepeaux, appuyés sur la Minorité Directoriale ou Républicaine, repousseront cette restauration. Nous allons donc voir encore des luttes et des coups-d'État. Mais auparavant, retournons en arrière pour voir les opérations militaires, et pour connaître Barras, Joséphine et Bonaparte.

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Barras, dit M. Thiers, étalait un luxe et une prodigalité que sa participation aux profits des gens d'affaires pouvait seule expliquer... On ne pouvait pas l'empêcher de recevoir, des fournisseurs ou des banquiers qu'il appuyait de son influence, des parts de bénéfices assez considérables... Il avait mille autres moyens de pourvoir à ses dépenses la France devenait l'arbitre de tant d'Etats, grands et petits, que beaucoup de Princes devaient rechercher sa faveur et payer de sommes considérables la promesse d'une voix au Directoire... Barras s'entourait, outre les gens d'affaires, d'intrigants de toute espèce, de femmes dissolues et de fripons... Un cynisme honteux régnait dans ses salons. Ces liaisons clandestines qu'on prend à tâche, dans une Société bien ordonnée, de couvrir d'un voile, étaient publiquement avouées. On allait à Gros-Bois se livrer à des orgies qui fournissaient aux ennemis de la République de puissants arguments contre

le Gouvernement. Barras ne cachait en rien sa conduite, et, suivant la coutume des débauchés, aimait à publier ses désordres... Il racontait comment il avait forcé un célèbre fournisseur de se charger d'une maîtresse qui commençait à lui être à charge; comment il s'était vengé sur un journaliste des invectives dirigées contre sa personne; et comment, après l'avoir attiré au Luxembourg, il l'avait fait fustiger par ses domestiques... »

Nous verrons Barras accusé d'avoir reçu 600,000 fr. de l'Ambassadeur de Venise pour repousser un traité défavorable à cette République. Nous le verrons accusé d'avoir conspiré avec Louis XVIII, pour le rétablir après qu'il en aurait reçu 12 millions.

Eh bien! Robespierre avait-il tort de vouloir purger la République de ce Barras et de quelques roués pareils ? Est-ce pour introniser l'immoralité que le Peuple a versé son sang? Y a-t-il dans les bagnes un voleur aussi peu digne d'excuse? A quoi servirait la justice, si des infamies aussi funestes par leurs conséquences n'étaient pas éternellement flétries! Et les Gouvernements se présentent toujours comme la sagesse et la vertu ! Et ce Barras se dit Républicain, comme si l'on pouvait mériter ce titre sans mœurs, sans tempérance, sans respect pour ses devoirs! Comme si une République aristocratique et dépravée où les orgies de quelques Sénateurs insulteraient à la misère du Peuple serait meilleure qu'une Monarchie du même genre et ne serait pas pire qu'une Monarchie même despotique où le Monarque aurait quelque vertu!

S 14. Joséphine. — Bonaparte.

Née à la Martinique, en 1763, d'une famille noble; veuve du Général comte Alexandre de Beauharnais, l'un des Présidents de l'Assemblée constituante (t. 2, p. 259), condamné pendant la Terreur, dont elle a un fils, Eugène, et une fille, Hortense ; emprisonnée elle-même comme Suspecte; delivrée par Tallien après le 9 thermidor; célèbre par ses relations avec la Cabarus et avec la Jeunesse dorée (p. 164); Joséphine doit à la protection de Barras la restitution de ses biens

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