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dorée et les Bourgeois étaient aussi faciles à gagner avec de simples paroles que le Peuple au 3 prairial (p. 224)!

Aussi Danican, voyant que son parlementaire tarde à revenir, ordonne l'attaque sans plus attendre; et vers 4 heures et demie, la Garde nationale, remplissant la rue Saint-Honoré et couvrant les degrés de l'église Saint-Roch, commence la fusillade. Sur deux autres points partent des coups de fusil redoublés et suivis d'un feu terrible.

<< Au Petit-Carrousel, dira demain le rapporteur Merlin de Douay, où se trouvent des troupes républicaines avec une pièce de canon, les premiers rangs des rebelles s'ébranlent avec des dehors pacifiques, le fusil sous le bras, les chapeaux en l'air, le drapeau baissé ; ils s'avancent en prononçant les mots de paix et de fraternité; leur chef embrasse le commandant du poste..... et au même instant ..... O crime! ô scélératesse!... deux décharges de mousqueterie partent derrière eux et abattent 23 Républicains. »

Alors Bonaparte fait distribuer des armes à la Convention elle-même pour qu'elle puisse se défendre, tant il connaît le sort que lui réservent les Royalistes! La Représentation nationale est bien sûre d'être massacrée si l'insurrection la prend d'assaut comme le Peuple a pris la Royauté le 10 août ! Quelle boucherie nous allons voir si les Royalistes, conduits par des Généraux vendéens, chouans, émigrés, sont vainqueurs après avoir vu fusiller, à Quiberon, 1000 Emigrés, après avoir été eux-mêmes mitraillés! Certainement tous les régicides, c'est-à-dire tous les Conventionnels, vont être immolés aux mânes de Louis XVI et des 1000 Emigrés dans cette même salle où ils ont immolé Louis XVI à la Révolution et les 100 Emigrés à la République !

Mais Bonaparte est à cheval, entouré du bataillon de patriotes. Il fait d'abord tirer à mitraille dans le cul-de-sac Dauphin vis-à-vis Saint-Roch, et lance les patriotes sur les Gardes nationaux qui couvrent les degrés de l'église et qui sont obligés de fuir; puis il fait avancer ses pièces et fait tirer à mitraille à droite et à gauche, dans toute la longueur de la rue Saint-Honoré, qui se trouve bientôt claire et vide; puis il court

au Carrousel, et dégage toutes les rues aboutissantes en faisant tirer partout à mitraille : puis, sachant que Danican, Mau. levrier et Lafond, se réunissent au Pont-Neuf pour attaquer par le quai Voltaire, il fait braquer ses pièces en tête du PontRoyal et sur le quai des Tuileries; et quand l'insurrection arrive en colonne serrée, il la fait mitrailler en tête et en flanc par une artillerie nombreuse : c'est en vain que les jeunes gens ont le courage de revenir une seconde fois à la charge en marchant sur la batterie; la mitraille les foudroie encore et les met définitivement en déroute, tandis que l'artillerie, qui les poursuit en ne tirant plus qu'à poudre, achève la victoire de la Convention, à 6 heures, après 2 heures de combat.

C'est en vain que quelques insurgés se retranchent dans l'église Saint-Roch, à la place Vendôme et au Palais-Royal ; Bonaparte balaie tout à coups de canon, en bloquant seulement le Palais-Royal pour éviter un combat de nuit.

Le lendemain matin, le Palais-Royal est évacué; la Section Lepelletier, qui voudrait prolonger la lutte, est forcée de se disperser; les canons envoyés de Saint-Germain aux insurgés sont pris; et l'insurrection est complètement soumise. Voilà une belle équipée pour la sage Bourgeoisie!

On ramasse 3 à 400 morts ou blessés; mais ce sont 3 à 400 Bourgeois et jeunes gens qui n'auraient jamais eu l'idée de s'insurger sans le 9 thermidor!

Certainement c'est le 9 thermidor qui a amené le 13 vendémiaire : jamais le 13 vendémiaire ne serait arrivé avec Robespierre et les Jacobins, qui prévoyaient bien les projets roya listes; et si l'insurrection d'aujourd'hui était victorieuse (ce qui pouvait très-bien arriver), si la République était noyée dans une mer de sang républicain, tous les malheurs seraient la faute des Thermidoriens, et des Montagnards qui les ont aidés à tuer Robespierre et à détruire les Jacobins. Aussi, tous seraient immolés par les Royalistes, qu'ils pourraient bien se dire qu'ils ont mérité leur sort.

T. IV.

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Barras demande la répression des Royalistes.

Nous ne parlons pas du rapport fait, dès le lendemain, sur l'insurrection royaliste, par Merlin de Douai, annonçant la punition des chefs. Barras en fait, le 30 vendémiaire, un autre qui mérite plus d'attention.

Il avoue que, depuis le 9 thermidor, la Révolution rétrograde, et que c'est la Convention qui a encouragé l'insurrection qui voulait son massacre et la mort de la République.

Il reconnaît que ce sont les Patriotes qui viennent de les sauver, et demande leur réarmement. Il affirme que les insurgés avaient résolu l'égorgement de tous les Représentants à l'exception de quelques-uns seulement.-Il apprend que les Bourgeois révoltés ont élevé des barricades ; ont fait, depuis les maisons, un feu meurtrier; et se préparaient à lancer, depuis les croisées, des pavés et des eaux bouillantes. — Il dénonce un nouveau Comité Autrichien résidant à Bâle et dirigeant tous les Royalistes. Il assure que plus de 10,000 Emigrés sont réunis à Marseille. Il donne lecture d'un nouveau traité qui vient d'être conclu à Pavie, entre Louis XVIII et la Coalition, portant:

La restauration de la Royauté, des Provinces, des Emigrés, des Parlements, de la Religion catholique... Tous les membres de la Convention qui ont voté la mort de Louis XVI seront condamnés à mort comme régicides et leurs biens confisqués. Tous les principaux chefs du parti soi-disant patriotique, dans les trois Assemblées nationales, dans les Armées, dans les Autorités constituées, dans les Sociétés populaires ou ailleurs, seront condamnés à la même peine comme traîtres et rebelles, et leurs biens confisqués; les chefs secondaires seront condamnés aux fers et à la déportation et leurs biens confisqués. Un pardon général sera accordé aux restes dudit parti, à condition de payer une amende proportionnée à leurs facultés : eux et leurs enfants seront déclarés incapables de remplir aucune charge ou emploi... Conquêtes abandonnées... Cessions de territoire en dédommagement pour les Puissances, etc., etc...

Barras demande union sincère et forte entre tous les Républicains, haine et guerre aux Royalistes, punition pour les derniers insurgés.

« C'est surtout par amour pour la justice et l'humanité, dit-il, que j'invoque une fermeté inébranlable. Une justice prompte et inévitable cût déjà rompu tous les complots. Votre indulgence les a fait renouer: plus vous attendrez, plus vous verrez s'accroître les obstacles et les dangers... Si vous persistez à vous montrer indulgents aujourd'hui, vous serez cruels demain. Soyez sévères, pour que personne ne soit atroce; soyez fermes, afin de n'ètre jamais exagérés ; maintenez-vous à la hauteur de la justice, si vous ne voulez pas être obligés dans quelques jours de forcer toutes les mesures... Si vous laissez les rênes de la Révolution dans des mains criminelles ou suspectes, personne ne peut être certain de son avenir; l'ordre social est troublé pour longtemps; un siècle de discordes et de calamités désolera notre malheureuse Patrie... Pardonnez à l'erreur; mais montrez-vous inébranlables envers les traîtres! La clémence, dans ce cas, serait funeste au Peuple; le triomphe de nos vils ennemis serait la honte et la perte de l'Humanité. »

C'est probablement cette énergie de Barras contre les Royalistes qui lui rendra la confiance et l'appui du Peuple.

Mais, soit parce qu'ils ne veulent pas avouer leur faute, soit parce que beaucoup d'entre eux sont secrètement complices des Royalistes, les Thermidoriens, si sanguinaires envers les insurrections populaires, veulent être indulgents et cléments envers l'insurrection royaliste et bourgeoise!

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Indulgence des Thermidoriens envers l'insurrection royaliste vaincue.

La Convention se contente de destituer l'Etat-major de la Garde nationale, de dissoudre les Compagnies de grenadiers et de chasseurs qui renferment presque toute la Jeunesse dorée, de mettre la Garde nationale sous le commandement du Général de l'armée de l'intérieur (innovation militaire fatale au Peuple et à la liberté), d'ordonner le désarmement des Sections Lepelletier et de l'Odéon, et d'instituer trois Commissions pour juger les principaux coupables.

Les deux Sections rendent leurs armes : tout se soumet. On laisse volontairement tous les chefs s'échapper ou se cacher momentanément; et les trois Commissions ne condamnent que des contumaces, à l'exception du jeune Lafond,

qu'on ne peut sauver parce qu'il s'obstine à se vanter d'être émigré. Ou arrête cependant aussi le chef de l'Agence royaliste, Lemaître, et l'on saisit chez lui beaucoup de papiers qui révèlent le complot soupçonné depuis longtemps, l'existence de cette l'Agence à Paris, sa correspondance avec Louis XVIII, avec la Vendée et toute la France, et ses intelligences avec des membres de la Convention et des Comités : mais on est décidé à ne faire aucune poursuite sérieuse.

La Convention déclare seulement que les Patriotes qui l'ont défendue ont bien mérité de la Patrie ; elle vote des remerciements à Barras et à Bonaparte, et les confirme tous deux dans leurs titres de Commandants en premier et en second de l'armée de l'intérieur. C'est donc l'impunité pour l'insurrection bourgeoise et royaliste! Aussi, l'audace des contrerévolutionnaires n'est nullement abattue.

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L'impunité enhardit tellement les Royalistes et les Bourgeois que leurs chefs ne craignent bientôt plus de se présenter partout, de se vanter hautement dans les salons, de se mon. trer fiers de leurs exploits, de parler de leurs amis parmi les Représentants, et d'intriguer de toutes manières pour influencer en leur faveur les prochaines élections, qui peuvent leur rendre la victoire.

Bientôt, de nouveaux événements extérieurs viennent accroître encore leurs espérances et leur hardiesse : Pichegru est battu en Allemagne; et des contemporains dignes de foi (dit M. Thiers) pensent, d'après ses manœuvres militaires, qu'il a nécessairement voulu se faire battre par TRAHISON.......

Voilà donc ce que rend possible l'assassinat de Robespierre, la trahison d'un Général qui fait tuer ses soldats pour mieux trahir, en cachant son exécrable trahison!! Est-il, parmi tous les crimes, un crime plus infernal?

Par suite de cette trahison, non-seulement les Généraux Autrichiens échappent à un grand péril dont les menaçait

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