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chegru, emploie M. de Montgaillard, qui emploie FaucheBorel, libraire à Neufchatel, qui parvient à lui, à Alkirch, sous prétexte de lui dédier un manuscrit. Muni d'une lettre du Prince, il lui offre le grade de Maréchal, le Gouvernement de l'Alsace, un million en argent, le château et le parc de Chambord avec 12 pièces de canon prises sur les Autrichiens, et une pension de 100,000 francs reversible sur sa femme et ses enfants. On lui offre la conservation de tous les grades pour ses officiers, une pension pour les Commandants de places qui trahiront, et l'exemption d'impôts pendant 15 ans pour les villes qui ouvriront leurs portes. On voit combien la séduction est dangereuse! car la Coalition peut choisir entre 20 Généraux celui à qui elle offrira de pareils avantages et même de beaucoup plus grands s'il est nécessaire, tandis que la République ne peut pas en offrir de semblables à chacun des 20 Généraux qui peuvent être séduits!

Pichegru accepte: mais on lui demande d'arborer le drapeau blanc, de livrer Huningue et de marcher sur Paris avec le Prince de Condé, tandis que Pichegru demande qu'on lui livre le passage du Rhin pour qu'il se transporte comme vainqueur en Allemagne avec son armée, promettant d'arborer alors le drapeau blanc, de consommer plus facilement sa trahison, de livrer Huningue, de repasser le Rhin avec les deux armées réunies, et de marcher ainsi sur Paris, mais se réservant secrètement (dit M. Thiers) de trahir le Prince ou la République suivant les circonstances et son intérêt.... O l'infâme, l'infâme! qu'un Général peut être criminel et funeste, après avoir d'abord acquis de la gloire et rendu de grands services à sa Patrie! que Robespierre et les Jacobins avaient raison d'être si défiants et si sévères envers les Généraux !

Mais beaucoup de pourparlers, de lettres, de voyages, deviennent nécessaires pour applanir toutes les difficultés et se mettre d'accord: pendant ce temps, Pichegru s'aperçoit qu'il est surveillé par les Représentants; et il est forcé d'ajourner sa trahison; car, heureusement, la trahison est difficile.

$ 12. Mort de Louis XVII. Louis XVIII.

C'est alors (8 juin) que meurt au Temple, d'une tumeur au genou provenant d'un vice scrofuleux, le fils de Louis XVI appelé Louis XVII par les Royalistes. Quelques-uns le disent empoisonné, d'autres prétendent et croient que l'enfant mort au Temple d'une tumeur au genou était un enfant substitué; que le véritable Dauphin a été délivré par des serviteurs dévoués et conduit à son oncle; et que celui-ci, dénaturé par l'ambition, l'a fait mourir secrètement ou l'a fait élever sous un autre nom, en supprimant sa qualité et son état. Cette opinion est très-honorable pour les oncles du Dauphin! Le fait est qu'on verra 4 ou 5 prétendants au titre de Dauphin ou de Louis XVII; mais aucun ne pourra rien prouver.

Le Régent, Monsieur, qui se trouve toujours à Vérone, prend alors le titre de Roi et s'appelle Louis XVIII. Le Comte d'Artois prend le titre de Monsieur. Et l'on devine combien vont s'augmenter l'espoir et l'activité des Royalistes!

$ 13.

Nouveaux préparatifs en Vendée, etc.

Rappelons-nous que, pour faire la paix, les Chefs Vendéens et Chouans ont obtenu qu'ils organiseraient partout des compagnies territoriales ou cantonales. La Vendée et la Bretagne sont couvertes de ces compagnies, composées des hommes les plus enclips à la guerre, portant maintenant un uniforme (habit et pantalon verts, collet noir, gilet rouge). Rappelons-nous aussi que les Royalistes et les Emigrés, peu confiants dans les promesses et les vues du Ministère anglais, préfèrent agir avec le secours du Bourbon d'Espagne en concentrant toutes les forces en Vendée, sous le commandement de Charrette, près duquel doit se rendre Louis XVIII, tandis que Pitt veut opérer une descente en Bretagne sous le commandement de Puisaye et du Comte d'Artois.

Cormatin, beaucoup de Chefs de Chouans, et même deux émissaires de Puisaye (qui le trahissent), consentent à suivre

la direction de Charrette et de Louis XVIII; d'autres préfèrent celle de Puisaye et du comte d'Artois; mais tous, en Bretagne comme en Vendée, sont prêts à recommencer l'insurrection, attendant avec impatience les Princes avec les Espagnols ou les Anglais... Ils font même tous leurs efforts pour débaucher les soldats républicains; et les Thermidoriens font si bien en laissant l'armée mourir de faim et en envoyant des Régiments Bretons en Bretagne (comme si la trahison était dans le Gouvernement même) que beaucoup de soldats désertent pour rejoindre les Chouans, leurs compatriotes, et pour être sûrs · d'être nourris... Et tandis que les Royalistes ne dissimulent plus leur joie, leurs projets et leurs préparatifs, tout ce qu'il y a de patriotes en Bretagne et en Vendée sont désarmés et arrêtés par ordre des Thermidoriens, comme s'ils voulaient la contre-révolution!

C'est en vain qu'Hoche écrit au Comité que la prétendue pacification est une insigne duperie, que la République est jouée, et que tout annonce une prochaine reprise des hostilités... Ces Thermidoriens sont bien incapables s'ils ne sont pas traîtres! Ils ne pacifient la Vendée, la Bretagne, Lyon, Toulon, que pour donner aux Royalistes le temps et les moyens d'égorger les patriotes!

Instruit, par des lettres interceptées, que Cormatin doit arriver à Rennes, un jour de foire, avec une foule de Chouans déguisés, pour tenter de s'emparer de l'Arsenal, il le fait arrêter, le 6 prairial, avec ses principaux complices, et les envoie à Cherbourg.-Puis, le chevalier Desilz se soulève dans le Morbihan; mais il est aussitôt écrasé, et périt dans le combat avec 300 de ses Chouans. - Bois-Hardi, le plus redoutable des chefs, se soulève aussi dans les Côtes-du-Nord; mais il est aussitôt battu, pris et tué...-Et les autres chefs attendent l'arrivée des Espagnols ou des Anglais.

$14.

Préparatifs de l'expédition anglaise pour la Bretagne.

Pitt a promis à Puisaye des régiments d'Emigrés et un matériel considérable pour tenter le débarquement en Bretagne;

il lui promet toutes les ressources de l'Angleterre si l'expédition a d'abord du succès. Tous les régiments d'Emigrés qui sont sur le continent étant à la solde de l'Angleterre et portant sa cocarde noire, Pitt a le droit d'en disposer, et se prépare à les prendre tous à l'embouchure de l'Elbe pour les transporter en Bretagne, excepté les régiments du Prince de Condé, qui restent sur le Rhin pour envahir en même temps la Franche-Comté.

La plupart des Emigrés qui sont en Angleterre ne voulant plus servir que dans leurs grades, on ne peut y trouver qu'un régiment émigré, celui de la Chatre, réduit à 400 hommes. Pitt offre aussi de solder neuf autres régiments français qui seront organisés et composés de déserteurs ou de prisonniers, à qui l'on donnera la cocarde blanche. Mais on ne peut avoir des déserteurs, et l'on peut à peine former trois régiments incomplets (ceux d'Hervilly, d'Hector et de Dresnay), avec des refugiés Toulonnais, quelques centaines de marins prisonniers ou émigrés, et un corps de 400 canonniers, qui ont été forcés de quitter Toulon.

Quant à la foule des Emigrés qui ne veulent servir que dans leurs grades et qui ne peuvent composer des régiments, on les envoie dans l'île de Jersey, pour y former des cadres, qui seront remplis en Bretagne.

Pitt promet une somme considérable; et Puisaye, autorisé par les Princes français, fait fabriquer, en Angleterre, de faux assignats pour 3 milliards, dont il inondera la Bretagne et la France... Mais n'est-ce pas un crime énorme de part des Princes et de Pitt envers la malheureuse France ? Que de désordres et de ruines peuvent sortir de cette infernale fabrication! Criez donc, criez contre Robespierre et les Jacobins pour leurs mesures de salut de la Patrie !

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Le Comte d'Artois et Pitt donnent à Puisaye le commandement de l'expédition, et au Comte d'Hervilly la direction jusqu'au moment où la descente sera opérée.

Trois détachements doivent partir en même temps, l'un

pour aller prendre les régiments d'Emigrés à l'embouchure de l'Elbe, l'autre pour transporter en Bretagne Puisaye et ses cinq régiments incomplets, le troisième pour prendre à Jersey les cadres d'Emigrés et les transporter à Saint-Malo (qui doit être livré par trahison) ou auprès de Puisaye.

Si cette première expédition peut s'emparer d'un port quelconque, une seconde expédition lui portera le Comte d'Artois, une armée anglaise et un nouveau matériel.

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Puisaye part d'Angleterre pour la baie de Quiberon, au sud de la Bretagne, vers la fin de prairial (ou de juin), sur une escadre commandée par l'Amiral Warren, enmenant avec lui un Clergé nombreux et quarante Gentilshommes dont les noms doivent entraîner la population, et parmi lesquels se trouve le Comte de Vaúban.

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Lê 5 messidor (23 juin) l'escadre anglaise rencontre l'escadre française qui lui fait courir grand risque mais une autre escadre anglaise vient à son secours et force l'escadre française à rentrer à Brest, après avoir perdu trois vaisseaux. L'expédition arrive dans la baie de Quiberon le 7 messidor (25 juin), et débarque le surlendemain.

La baie est formée, d'un côté par la côte, de l'autre par une presqu'ile longue de deux lieues, large d'une lieue, jointe au Continent par une langue de sable beaucoup plus étroite appelée la Falaise. Entre la presqu'ile et la Falaise est le fort Penthièvre, ayant une garnison de 700 hommes. A l'instant accourent quatre chefs de Chouans, notamment Georges Cadoudal, avec 4 à 5,000 hommes, et 10,000 en deux jours, auxquels on donne des habits rouges et des armes. En deux jours aussi le bruit du débarquement est répandu dans toute la Bretagne et dans toute la Vendée; toute la population frémit; et, si l'insurrection est bien conduite, la République pourra courir un immense péril par la faute ou plutôt par la trahison des Thermidoriens.

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