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Comme ces si doux Girondins, comme ces prétendus Modérés, qui ne voulaient point de Terreur contre les Royalistes complices de la Coalition, sont prompts à bombarder et à mitrailler le Peuple qu'ils ont réduit au désespoir !

Les trois Représentants marchent sur le faubourg avec 25 ou 30,000 hommes, sous le commandement du Général Menou (royaliste secret), pour effectuer le bombardement... 1000 à 1200 individus de la Jeunesse dorée s'avançant insolemment, les ouvriers les laissent pénétrer, et bientôt les enveloppent de toutes parts, tandis que les femmes sont prêtes à les lapider depuis les croisées : mais le Peuple ne veut pas les égorger (dit M. Thiers), et il les fait sortir, un à un, par un trou pratiqué dans une barricade, après en avoir seulement chatié quelques-uns.... Voilà bien le Peuple! il est souvent compromis par les excès de quelques individus; mais, en masse, il est bien plus humain que ses oppresseurs.

Le Général Menou bloque le faubourg, dispose ses canons, et somme les révoltés de livrer leurs armes.... Pressées par les propriétaires et par les riches marchands qui craignent le bombardement, les Sections Quinze-Vingts, Popincourt et Montreuil, les mêmes qui se sont laissées duper hier, consentent à livrer leurs canons, et le Peuple se trouve ainsi définitivement désarmé. Hier, on caressait les ouvriers, on les flattait; maintenant, on va les traiter de brigands et d'assassins.

La Commission militaire des Thermidoriens verse alors le sang populaire à torrents: elle condamne à mort TOUS LES PRISONNIERS, les gendarmes qui se sont rangés du côté de l'insurrection, des ouvriers, des marchands, des membres des Comités révolutionnaires. Toutes les Sections sont en permanence pour désarmer et arréter les principaux patriotes; plus de 10,000 sont incarcérés en quelques jours!

$ 45.

Parti populaire écrasé à Toulon et à Marseille.

Le désespoir a poussé les patriotes du Midi comme ceux de Paris. Réunis à Toulon au nombre de 7 à 8000, d'accord avec les 12000 ouvriers de l'Arsenal, avec les marins et avec

la garnison, secrètement dirigés, dit-on, par le Montagnard Charbonnier, ils se sont insurgés le 25 floréal (14 mai), se sont emparés des armes de l'Arsenal, ont forcé les Représentants Brunel et Nion à signer l'élargissement des patriotes, ont voulu s'opposer au départ de la flotte destinée à une expédition, et ont marché sur Marseille: mais les Représentants les empêchent d'entrer, les repoussent, en tuent beaucoup dans un sanglant combat, et les forcent à rendre Toulon et leurs armes. Que les patriotes sont maladroits maintenant ! Et des centaines d'ouvriers et de matelots sont égorgés sur l'échafaud ou assassinés par les compagnies du Soleil.

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Les événements de Toulon, racontés à la tribune le 8 prairial (27 juin), excitent un nouveau déchaînement de fureur. Sur-le-champ les Thermidoriens décident l'arrestation de 4 Montagnards (Charbonnier, Escudier, Ricord, Salicetti) accusés d'agiter le Midi.

Les 10 Montagnards arrêtés le 1er prairial, comme complices de l'insurrection, sont envoyés à la Commission militaire, c'est-à-dire à la mort... Comment, des Représentants du Peuple livrés à une Commission militaire!... Et les Girondins accusent Robespierre et la Terreur!! Et Lanjuinais reste insensible à une lettre touchante que Goujon lui adresse!

Les Thermidoriens envoient au tribunal criminel d'Eure-etLoire, l'ex-Maire Pache, son gendre Audouin, l'ex-Ministre Bouchotte, ses adjoints Daubigny et Hassenfratz, enfin trois agents de la prétendue police de Robespierre, Héron, Marchand, Clémence, tous accusés d'être complices de Robespierre. Mais ces misérables Thermidoriens font, par vengeance, plus que la Terreur ne voulait par nécessité!

Ce n'est pas tout: Billaud, Collot, Barrère et Vadier ont été déportés par un décret (p. 205): mais les Thermidoriens, trouvant la déportation trop douce, rapportent le décret et les envoient devant le tribunal criminel de la Charente-Infé

rieure, pour les faire condamner à mort. Quelle soif de sang! quelle rage de vengeance! Que ces Girondins et ces prétendus modérés de la Plaine sont cruels, féroces, ignobles!

Le Girondin Henri Larivière, l'un de ceux qui ont pris les armes et excité la guerre civile contre la Convention, dénonce, avec une affreuse violence (dit M. Thiers) Robert-Lindet, Carnot et Prieur (de la Côte-d'Or)... C'est conséquent; car ils ont été, comme Billaud et autres, complices volontaires de Robespierre, aussi coupables que lui, s'il était coupable, et même beaucoup plus coupables, puisqu'ils ont ordonné, en son absence, toutes les grandes exécutions. Mais c'est une infamie de les accuser, parce que tous n'ont fait que suivre leur opinion et leur conscience sur les moyens de sauver le pays.

Beaucoup de voix défendent Carnot, en criant qu'il a organisé la victoire... Mais Robespierre a fait plus, il a organisé le salut de la France. On recule pour Carnot, non pour Prieur; et le vertueux Robert-Lindet est frappé d'arrestation par les Girondins, par la Plaine et par les Thermidoriens, qui, quelques mois auparavant, se sont servis de lui pour faire un rapport dans le but d'endormir le Peuple(p. 156). David et tous les Membres de l'ancien Comité de Sûreté générale sont également arrêtés... Ainsi, les Thermidoriens ne respectent ni les arts, ni le génie, puisqu'ils poursuivent David!

Ils poursuivent même tous les Montagnards qui ont rempli des missions (d'Artigoyte, Mallarmé, Javogues, Sergent, Monestier, Lejeune, Allard, Lacoste, Baudot, etc.).

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Ainsi, dit M. Thiers, aucun des chefs de ce Gouvernement qui a SAUVE la France n'est pardonné.

Donc les Thermidoriens sont des hommes vindicatifs et cruels aux yeux de M. Thiers lui-même !

Cependant, on rend des honneurs funèbres à la mémoire de Féraud; la salle de la Convention est tendue en noir; tous les Députés y viennent en grand deuil ; une lugubre musique ouvre la séance; Louvet prononce l'éloge de la victime; et l'on vote

un monument pour immortaliser son dévouement... Puis, on lui compare les Girondins condamnés pour avoir provoqué la guerre civile, et l'on ordonne une féte en leur honneur.

« Rien n'est plus juste, dit M. Thiers: des victimes aussi illustres quoiqu'elles aient compromis leur pays, méritent des honneurs : mais il suffirait de jeter des fleurs sur leurs tombes; il n'y faudrait pas de sang, et cependant on en répand à flots; car aucun parti, même celui qui prend l'humanité pour devise, n'est sage dans sa vengeance. »

Les 10 Députés envoyés à la Commission militaire vont être jugés. C'est en vain qu'on veut excepter l'un d'eux, le vieux et vertueux Rhul; ne voulant point de pardon, et croyant la liberté perdue, il se tue d'un coup de poignard: c'est en vain encore que Louvet, Legendre et Fréron, demandent le renvoi des neuf autres devant leurs Juges naturels; l'horrible Rovère, ancien terroriste, devenu royaliste fougueux, et l'horrible Bourdon (de l'Oise), s'opposent à ce renvoi si manifestement réclamé par la loi.

Ces neuf Montagnards comparaissent le 29 prairial (17 juin) devant une Commission militaire Thermidorienne, pire que le fameux Tribunal révolutionnaire.

« On ne découvre aucun fait qui prouve leur connivence secrète avec l'insurrection, dit M. Thiers; et il est difficile qu'on en découvre, car ils ignoraient réellement le mouvement; ils ne se connaissaient même pas les uns les autres. Il est prouvé seulement que, l'insurrection accomplie, ils ont voulu faire légaliser les vœux du Peuple.

D

Néanmoins Romme (simple et austère), Goujon (jeune, beau, doué de qualités précieuses), Bourbotte (jeune aussi, joignant à un rare courage l'éducation la plus soignée), Sonbramy (ancien noble sincèrement dévoué au Peuple), Duquesnoy et Duroi, sont condamnés à mort par des militaires... Des Législateurs condamnés par des soldats pour leurs paroles dans la Représentation nationale! Tous les Députés de la Plaine et de la Gironde méritent donc aussi la mort, puisque tous ont délibéré et voté en faveur de l'insurrection du 31 mai, et tout récemment en faveur de l'insurrection du 1er prairial! Si les décrets demandés par l'insurrection étaient criminels, ils devaient tous se faire tuer plutôt que de

voter des crimes! Oh que les lâches sont cruels! Oh que cette Convention thermidorienne est féroce et tyrannique! Et toutes ces boucheries n'ont pas pour cause, comme pendant la Terreur, un grand danger national, une grande nécessité de salut public, mais de l'égoïsme et des vengeances personnelles !

En descendant pour aller à l'échafaud, les six condamnés se poignardent successivement avec la même arme : trois tombent morts, et les trois autres sont traînés mourants au supplice.

« Jouissez de votre triomphe, Messieurs les ROYALISTES, s'écrie Duroi! Personne, dit Bourbotte, n'est plus dévoué que moi à son pays, plus attaché à son bonheur et à sa liberté! »

Mais, malheureux, pourquoi avez-vous abandonné Robespierre? N'était-il pas évident que son assassinat vous livrerait au couteau des Royalistes, des Girondins et des renégats!

$ 47. - Peuple exclu de la Garde nationale.

Nous ne parlons pas de la suppression du Tribunal révolutionnaire, car les Commissions militaires les remplacent complètement; et d'ailleurs les conspirateurs, c'est-à-dire tous ceux à qui le Gouvernement veut donner ce titre, seront toujours jugés sans recours en cassation, et avec des formes tellement expéditives et arbitraires que la condamnation est toujours inévitable, plus qu'au 2 septembre.

La Bourgeoisie, victorieuse, veut assurer son triomphe par la réorganisation de la Garde nationale: les riches et les Aristocrates, les Bourgeois et les Royalistes, la composeront seuls désormais; c'est la jeunesse dorée (royaliste) qui compose les compagnies de grenadiers et de chasseurs ; les ouvriers, les citoyens pauvres, le Peuple enfin, en sont exclus; et la Démocratie, désarmée, retombe sous le joug et à la discrétion de l'Aristocratie, armée et organisée, tandis que les Prêtres triomphent aussi par la restitution des églises, dans lesquelles ils pourront impunément foudroyer la Révolution. Leçons données par les événements.

$ 48.

Que d'importantes leçons ces év énements nous donnent, à

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