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tés; et, s'ils réussissent, tout est fini pour la Convention... Mais ils rencontrent Legendre, Auguis, Kervélégan et le Général Raffet, qui entrent à la tête de la Garde nationale, qui croisent la baïonnette, et qui font reculer l'insurrection.

C'est en vain que les insurgés surpris reviennent sur les baïonnettes et forcent la Garde à reculer à son tour; c'est en vain que trois Montagnards (Bourbotte, Peyssard et Gaston) ont la folie de crier victoire; un nouveau renfort de Garde nationale entre au pas de charge, se précipite à la baïonnette, et force la foule à s'enfuir par la porte, à escalader les tribunes et à sauter par les fenêtres... A minuit, la salle est évacuée, l'insurrection vaincue, la Convention délivrée... Hé bien! ceux qui ont poussé à l'insurrection, ceux qui ont fait feu sur la Garde nationale, et ceux qui ont tué un Député ont rendu un beau service au Peuple et aux Montagnards!

La tyrannie Thermidorienne, et peut-être des machinations de police, sont la première cause de cette insurrection : mais il ne suffit ni de s'abandonner au désespoir, ni de vouloir remédier au mal par une insurrection pour opérer en effet et réaliser une insurrection; il faut de l'habileté et de l'expérience, du courage et de la prudence dans les directeurs, de l'union et de la discipline dans les insurgés: autrement, loin de remédier au mal, on l'aggrave infiniment, comme un esclave qui menace son maître et fait tous ses efforts pour rompre ses chaînes sans pouvoir y parvenir...

Vous vous attendez aux vengeances des vainqueurs !

S 42. Vengeance contre l'insurrection vaincue.

A peine le calme est-il rétabli dans la Convention qu'un Député demande vengeance; et les Thermidoriens répondent par des applaudissements. D'abord on déclare nuls et comme non avenus tous les décrets arrachés par la violence : les minutes en sont brùlées.

« Il n'y a plus d'espoir de conciliation entre nous et une Minorité factieuse, s'écrie Thibaudeau. Puisque le glaive est tiré, il faut la combattre et profiter des circonstances pour ramener à jamais la paix

et la sécurité dans le sein de cette Assemblée. Je demande que vous décrétiez sur-le-champ l'arrestation de ces Députés qui, trahissant tous leurs devoirs, ont voulu réaliser les voeux de la révolte et les ont rédigés en lois; je demande que les Comités prennent sur-le-champ les mesures les plus sévères contre ces mandataires infidèles à leur Patrie et à leurs serments. »

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Et les Girondins, qui ont insurgé les départements et pris eux-mêmes les armes contre la Convention, étaient innocents à ses yeux! Tous les Montagnards qui ont pris la parole dans l'intérêt du Peuple sont considérés comme complices et décrétés, quoiqu'on sache qu'ils ne connaissaient pas le projet d'insurrection, Rhul, Romme, Duroi, Albite, Goujon, Duquesnoy, Bourbotte, Prieur (de la Marne), Soubramy, Peyssard. Tous sont arrêtés par la gendarmerie et amenés à la barre. On demande même l'arrestation des Représentants qui ont rempli des missions avant le 9 thermidor, de Lecarpentier (Manche), de Pinet aîné (Biscaye), de Borie (Midi), de Fayau (Vendée) .. Et ces 14 Montagnards sont arrêtés aux cris de Vive la Convention! Vive la République!... Et Tallien, bourreau des Girondins à Bordeaux ?... C'est lui qui va demander beaucoup plus de vengeances encore.

« Il ne faut plus de demi-mesures, dit-il le but du mouvement d'aujourd'hui était de rétablir les Jacobins et la Commune; il faut détruire ce qui en reste; il faut arrêter Pache et Bouchotte. Ce n'est là que le prélude des mesures que le Comité vous proposera. VENGEANCE, citoyens, VENGEANCE contre les assassins de leurs collègues et de la Représentation nationale ! »

Oh! le monstre! Oh! que Robespierre avait raison de vouloir le punir!... Et Carnot, Sieyes, etc., ne disent rien ! Tous sont complices de cet exécrable renégat!

«

Profitons, continue-t-il, de la maladresse de ces hommes qui se croient les égaux de ceux qui ont abattu le trône, et cherchent à rivaliser avec eux, de ces hommes qui veulent faire des révolutions et qui ne savent faire que des révoltes! Profitons de leur maladresse, hâtons-nous de les frapper! »

Quelle insolence, quelle férocité dans cet ancien garçon imprimeur, aujourd'hui le plus ardent ennemi du Peuple! Oh,

que c'est peu de chose que d'être seulement révolutionnaire! qu'il est dangereux pour tout le monde l'homme qui n'est que révolutionnaire et sanguinaire!... Entraîné par cet exemple de vengeance, Lehardi va jusqu'à demander l'arrestation de Robert-Lindet, qu'il appelle un MONSTRE: cette demande est rejetée. Mais on ordonne aux Sections de désarmer sur-le-champ les patriotes, qu'on appelle des assassins, des buveurs de sang, des voleurs, des agents de la tyrannie qui précéda le 9 thermidor. On autorise même ces Sections à faire arréter ceux qu'elles voudront faire juger et condamner. On décide même que les femmes ne seront plus admises dans les tribunes.-Et l'on se sépare à 3 heures du matin pour se réunir à 10.

Et ces Thermidoriens, qui prennent des mesures si tyranniques contre le Peuple, incriminent les mesures prises par le Peuple contre la Coalition et ses complices!

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Le lendemain matin, le Comité insurrectionnel se réunit à la Commune, proclame l'insurrection permanente, appelle toutes les Sections Jacobines, puis va s'établir au milieu du faubourg Saint-Antoine. Au lieu d'envoyer le Peuple entier, comme hier, il envoie seulement trois Sections (des Quinze-Vingts, de Montreuil, de Popincourt), composées d'ouvriers robustes, bien organisées, bien armées, et commandées par des chefs intrépides. Ces trois Sections viennent seules, avec leurs canons, se placer devant la Convention.

Mais que veulent-elles? Vont-elles se battre, fusiller, canonner la Convention et ses défenseurs, si l'on refuse les décrets qu'elles vont demander? Si elles reviennent sans avoir rien obtenu après cette démarche, qui n'est autre chose qu'une révolte, ce sera encore de la démence !

Plusieurs Sections dévouées aux Thermidoriens (Lepelletier, Butte-des-Moulins et autres) viennent se placer entre les assaillants et le palais. Mais à l'instant les canonniers de

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ces dernières Sections les abandonnent pour aller avec leurs pièces aux canonniers des trois premières... Ainsi, les canonniers, qui sont tous populaires et révolutionnaires, abandonnent aujourd'hui les Thermidoriens pour défendre le Peuple, après avoir, au 9 thermidor, abandonné Robespierre et le Peuple pour défendre les Thermidoriens, tant ce malheureux Peuple est facile à tromper!

A ce mouvement des canonniers, on crie aux armes! des deux côtés on charge les fusils; et tout se prépare pour un combat sanglant dont toutes les chances sont pour les trois Sections d'ouvriers qui ont des canons, contre les Sections de bourgeois qui n'en ont pas.-Mais les chefs des Sections bourgeoises, joints aux Comités et à une Députation de 12 Représentants, demandent à parlementer, pour séduire et tromper les ouvriers. Et si les chefs de ceux-ci ne commandent pas le feu; s'ils ne s'avancent pas pour parlementer seuls; s'ils laissent parlementer avec les ouvriers; gare à la séduction! Mais les chefs laissent rompre les rangs; bourgeois et ouvriers se mêlent; et bientôt les ouvriers sont trompés et gagnés ; ils ne veulent plus que présenter respectueusement une pétition!

Leur orateur demande la liberté des patriotes et la Constitution de 93; mais la Jeunesse dorée, qui remplit les tribunes, répond par des huées et par les cris à bas les Jacobins! L'orateur ajoute que les trois Sections mourront à leur poste si leurs demandes sont refusées. Le Président répond que la Convention examinera et décidera dans sa sagesse. Les ouvriers se laissent persuader qu'ils doivent attendre sa décision; et les 3 Sections rentrent au faubourg Saint-Antoine. Et c'est pour cela qu'elles sont venues en armes, avec du canon! Et elles s'imaginent que ceux qui les ont envoyées, que les canonniers qui se sont réunis à elles, et qu'elles-mêmes, seront à l'abri des vengeances! Que d'incroyables folies! Oh! que le Peuple est impuissant quand il n'est pas dirigé ou qu'il est mal dirigé! Oh! qu'il est confiant, crédule, facile à séduire avec des paroles et des promesses! Oh! que les Bourgeois sont plus adroits, plus rusés, plus habiles!... Et pour

T. IV.

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mettre le comble à tant de démence, le Comité insurrectionnel veut continuer encore l'insurrection le jour suivant, 3 prairial. Mais nous allons voir comme les Thermidoriens sont modérés et doux quand il s'agit de comprimer leurs ennemis.

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Dès le matin du 3 prairial, les Thermidoriens se préparent à se venger du parti populaire en l'écrasant. D'abord ils confient à trois Députés (Gillet, Aubry, Delmas) la direction de la force armée, et les autorisent à fusiller et mitrailler la résistance. Puis ils défendent, sous peine de mort, de battre la générale sans l'ordre des Représentants.— Ils organisent une Commission militaire pour juger et faire exécuter surle-champ tous les prisonniers faits dans la journée du 1er prairial. Ils convertissent en décret d'accusation le décret d'arrestation rendu dans la nuit du 1er au 2 contre 14 Montagnards. Ils prennent la même mesure à l'égard des 16 autres Montagnards précédemment arrêtés et enfermés à Ham.

Les trois Représentants chargés de vaincre la résistance, et notamment le royaliste et réacteur Aubry, rassemblent les troupes qui sont autour de Paris pour protéger l'arrivage des subsistances, les Sections bourgeoises, et la Jeunesse dorée. La Commission militaire se réunit aussitôt sous leur protection, condamne à mort celui qui porta sur une pique la tête de Féraud, et ordonne qu'il soit exécuté dans l'après-midi.

Mais les patriotes se précipitent sur l'échafaud, dispersent la gendarmerie, enlèvent le condamné, l'enmènent au faubourg Saint-Antoine, s'efforçent de ranimer l'insurrection, appellent le Peuple, se retranchent dans le faubourg, braquent leurs canons sur la place de la Bastille, et attendent qu'on vienne les attaquer. Les Thermidoriens décrètent aussitôt que le faubourg Saint-Antoine sera sommé de livrer le condamné, de rendre ses armes et ses canons, et qu'en cas de refus il sera de suite BOMBARDé et brulé........ C'est tout simple, puisque c'est la guerre mais comme ces lâches d'autrefois sont devenus décidés aux moyens les plus terribles!

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