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mener la civilisation, tout en y joignant des cris de vengeance. et de sang... Et à côté, le Peuple meurt de faim!

$ 12 Affreuse misère du Peuple.

Nous avons vu les souffrances de l'armée, composée du Peuple, et nous avons déjà vu que l'hiver de 1795 est le plus rigoureux du siècle; nous savons aussi combien le pauvre est ordinairement malheureux pendant cette saison. Eh bien, la sécheresse extrême qui a perdu les récoltes, le manque de bras pour battre les grains, le manque de chevaux pour les transports, la modification des lois sur les réquisitions et le maximum, la cupidité des fermiers et des spéculateurs qui réservent tout pour les riches, les profusions de l'Aristocratie, la destitution de tous les fonctionnaires démocrates, tout con. court à jeter dans toutes les horreurs de la disette ce malheureux Peuple, qui vient de faire et qui fait encore tant de sacrifices pour la République...-Le bois même et le charbon lui manquent pour se garantir d'un froid glacial.

Et en même temps les Thermidoriens se servent de la loi des Suspects pour remplir les prisons de patriotes; on poursuit les prétendus complices de Robespierre; on met Marseille en état de siége pour prononcer leur condamnation... Et le Peuple, souffrant et mourant, est témoin des insolentes joies des Thermidoriens, des voleurs et des Cabarus!... Jugez donc de l'irritation populaire!

C'est principalement contre la Cabarus qu'elle se dirige; et les malédictions contre elle deviennent si violentes que Tallien croit enfin devoir la défendre à la tribune: mais il ne trouve rien à dire autre chose en sa faveur si ce n'est qu'elle est une femme courageuee, dévouée à ses amis, destinée par Robespierre à l'échafaud, et choisie par lui pour son épouse. Les débauchés Barras, Fréron et Legendre, dignes admirateurs de cette Cabarus, se joignent à Tallien pour la défendre ; mais Duhem et quelques Montagnards se réunissent pour attaquer la corruption thermidorienne en sa personne... Et

cette même Cabarus est une nouvelle occasion de menaces de la part des Thermidoriens contre la Montagne.

$13. Audace des Royalistes.

L'appui des Thermidoriens enhardit tellement les Royalistes qu'ils ne craignent pas de publier le Spectateur de la Révolution pour exciter le Peuple à revenir à la Monarchie.— Mais Duhem dénonçant cet écrit comme indice d'une conspiration royaliste, les Thermidoriens reculent devant l'opinion et envoient l'auteur devant le tribunal (avec recommandation secrète de l'acquitter).

Cependant, Duhem ayant osé dire que le Royalisme et l'Aristocratie triomphaient, les Thermidoriens se croient insultés et l'envoient pour 3 jours à l'Abbaye.

S 14.-Agitation extrême à Paris.

La disette, les éloges donnés publiquement à la Cabarus, et ces symptômes de conspiration Royaliste, excitent une grande agitation dans les Sections, dans les cafés, partout... Les anciens Jacobins s'agitent dans les faubourgs; la Jeunesse dorée fait un tapage épouvantable dans les théâtres; on se menace des deux côtés.

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Toujours secrètement dirigée par l'ex-Cordelier Fréron (ancien ami de Marat) et par les Thermidoriens, la Jeunesse dorée brise le buste de Marat, placé à Feydeau comme dans tous les lieux publics... Les loges de la Cabarus et autres applaudissent avec transport et jettent des couronnes préparées pour en couvrir le buste de Rousseau: on lit des vers, on pousse des cris frénétiques à bas Marat! à bas les Terroristes! vive Rousseau! vive l'auteur d'Emile, du Contrat social, de la nouvelle Héloïse!... Oui, la Cabarus et ses souteneurs respectent bien Emile et le Contrat social' Le lendemain, l'effigie de Marat est également brisée dans

tous les spectacles et dans tous les lieux publics; la Jeunesse se précipite aux halles, y barbouille le buste avec du sang et le précipite ensuite dans la boue; puis, elle organise une troupe d'enfants qui le portent en procession dans la rue Montmartre pour le jeter dans un égoût.

Puis, les Thermidoriens, qui accusaient Robespierre de n'avoir pas aimé Marat (p. 103), et qui ont porté celui-ci au Panthéon, poussent à toutes ces violences contre l'ordre public, proposent et rendent un décret portant qu'aucun citoyen ne pourra être admis au Panthéon que 20 ans après sa mort, qu'aucun buste ou portrait ne pourra être exposé dans les lieux publics, et que ces dispositions auront un effet rétroactif (afin d'expulser Marat).

Mais les Thermidoriens étaient la plupart des Cordeliers et des amis de Marat! Fréron, le chef du mouvement actuel était le rédacteur du Journal des Cordeliers! La même Convention a assisté tout entière aux funérailles de Marat (t. 3, p. 437) et lui a volontairement décerné les honneurs du Panthéon! C'est depuis le 9 thermidor, il y a quatre mois seulement, qu'elle a librement et volontairement fait transporter en pompe les restes de Marat au Panthéon! Et elle viole tous les principes pour l'exclure aujourd'hui ! Quelle lâcheté précédemment! quelle rouerie, il y a quatre mois ! quelle violence, aujourd'hui ! que d'infâmes palinodies! que tous ces Thermidoriens sont ignobles!

Les Jacobins, sentant bien que toutes ces violences sont des menaces contre eux et la Révolution, se rassemblent armés dans les faubourg, y promenent en triomphe le buste de Marat, et attendent que la Jeunesse dorée vienne les attaquer. Mais les Thermidoriens, plus adroits, retiennent la Jeunesse, font fermer le Club des Quinze-Vingts, et défendent les processions de ce genre.

Nous avons bien peur que les Jacobins et le Peuple ne se fassent toujours battre maintenant, faute de bons chefs, de discipline et de prudence!

Le 9 janvier, les bustes de Marat et de Lepelletier sont

enlevés de la salle de la Convention; on enlève aussi deux beaux tableaux de David les représentant tous deux mourants..... Ce ne sont que des pierres et des toiles qui disparaissent; mais les Montagnards sentent (trop tard) que c'est la Révolution qu'on attaque!

S16.-Abolition des réquisitions, du maximum, etc.

Les reproches qu'adresse Boissy-d'Anglas à la Commission des approvisionnements, présidée par Robert-Lindet, sont aussi injustes que ridicules, dit M. Thiers. Néanmoins, les lois sur le maximum et sur les réquisitions sont rapportées, comme d'entraînement, par la Réaction thermidorienne; les 10,000 employés de la Commission des approvisionnements sont supprimés; le système des fournitures, des entreprises, en un mot, du commerce et de l'Industrie par les particuliers à l'exclusion du Gouvernement, est rétabli, à la grande satisfaction des fournisseurs, des entrepreneurs et des agioteurs; la grande manufacture d'armes de Paris est supprimée avec tous ses ouvriers.

Nous ne savons comment Robespierre et les Jacobins auraient fait cesser les mesures exceptionnelles et transitoires imaginées pour alimenter et armer le Peuple pendant la crise révolutionnaire; mais certainement, en les supprimant brusquement aujourd'hui, les Thermidoriens consultent l'intérêt de l'Aristocratie, de la Bourgeoisie et des fournisseurs, beaucoup plus que celui du Peuple.

Quant aux assignats, créés pour 8 milliards et garantis par 15 milliards de biens nationaux, leur dépréciation augmente toujours parce que la crainte d'une Restauration empêche d'acheter les biens nationaux; et cette dépréciation, qui les réduit à un ou deux dixièmes de leur valeur nominale, augmente le désordre, la misère du Peuple et le mécontentement mais les Thermidoriens ne savent trouver aucun remède et se résignent à continuer en attendant la banqueroute.

- Et quelques agioteurs font encore des fortunes colossales en agiotant sur les biens nationaux.

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L'abolition du maximum fait élever toutes les denrées à un prix que le Peuple ne peut atteindre; la gelée empêche les arrivages; les approvisionnements ne sont plus assurés ; on ne peut plus avoir du pain qu'avec des cartes; la crainte de la famine agite tous les esprits.

« Voilà, disent les Montagnards, l'effet de l'abolition du maximum! Renoncez à toute réaction! Voilà, répondent les Girondins et la Plaine, l'effet de l'ancienne Terreur! Punissez tous les coupables! réparez toutes les injustices!

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Bonne manière de nourrir le malheureux Peuple!

$ 18.- Nouvelle proposition d'accusation contre Billaud, etc.

On n'a pas oublié sans doute que les Comités ont décidé qu'il y avait lieu à examen contre Billaud, Collot, Barère et Vadier (p. 177). - La Commission de 21 propose de les mettre en accusation et de les arrêter provisoirement. L'arrestation est votée à une immense majorité, formée des Thermidoriens, de la Plaine et des Girondins.

$ 19. Rappel des Girondins mis hors la loi.

La Réaction ne s'arrêtera plus: tandis qu'elle demande des vengeances, au milieu de ses fêtes et de la misère du Peuple, elle demande de nouveau le rappel des 5 Girondins mis hors la loi pour leur rébellion et recemment amnistiés. C'est le fameux Sieyes qui le demande, en reprenant la parole pour la première fois après un lâche silence depuis

trois ans.

Toute l'histoire de la Convention, dit-il, se partage eu deux époques depuis le 21 septembre jusqu'au 31 mai, oppression de la Convention par le Peuple égaré; depuis le 31 mai jusqu'aujourd'hui, oppression du Peuple par la CONVENTION TYRANNISÉE. »

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