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de Belgique en Hollande, tout est dû aux soldats et à la saison. Cependant Pichegru, Général en chef, a toute la gloire de cette conquête merveilleuse; et son nom, porté par la renommée, circule dans toute l'Europe comme celui du premier Général français. »

La renommée est ici bien flatteuse! Mais c'est à Carnot, ou plutôt à M. Thiers sur Carnot, que nous voulons dire un mot : Si l'on peut dire que Carnot est le premier et le véritable auteur de la conquête de la Hollande parce qu'il l'a préparée en dirigeant la conquête de la Belgique, ne peut-on pas dire aussi que Robespierre et les Jacobins sont les premiers et les véritables auteurs de la double conquête de la Belgique et de la Hollande en proposant et faisant adopter le gouvernement révolutionnaire, la levée en masse, les réquisitions, etc., sans lesquels tous les Carnot, tous les Pichegru, tous les Jourdan du monde n'auraient pu rien conquérir, ni même défendre la France? C'est l'enthousiasme qu'inspiraient au Peuple les discours de Robespierre principalement, ses sentiments de patriotisme et de dévouement, son estime et sa confiance pour les ouvriers, sa morale et sa philosophie, qui est la première. cause de tous les prodiges révolutionnaires. Les Thermidoriens n'ont que la peine de cueillir les moissons semées par les Jacobins, malgré les Girondins, en 1793!

$5. Spoliation de la Hollande par l'Angleterre.

Le Prince d'Orange s'étant retiré en Angleterre, le Gouvernement anglais saisit ce prétexte pour enmener, au nom du Prince, 40 vaisseaux hollandais, pour se préparer à enlever ou détruire le reste de la marine hollandaise, et pour s'emparer de toutes les colonies et de tout le commerce de la Hollande.

$ 6. · Administration de la Hollande.

Une proclamation des Représentants français a annoncé aux Hollandais qu'ils étaient indépendants et maîtres de choisir leur Gouvernement... Les Etats abolissent à l'instant le Stathoudérat, et proclament la Souveraineté du Peuple, préparent une Constitution, et établissent un Gouvernement pro

visoire. C'est avec ce Gouvernement que les Représentants traitent pour faire fournir à l'armée tout ce dont elle a besoin en vêtements, souliers, etc., et pour faire admettre les assignats en paiement de ce que les soldats voudraient acheter.

$ 7. Conquêtes en Espagne.

C'est en vain que Dugommier est tué d'un boulet de canon; Pérignon et Augereau n'en gagnent pas moins, en Catalogne, deux batailles à la suite desquelles, au commencement de décembre, la forteresse de Figuières, l'une des plus fortes de l'Europe, leur ouvre ses portes.

D'un autre côté, aux Pyrénées occidentales, Fontarabie, Saint-Sébastien, Tolosa, tombent au pouvoir des Français, et Moncey s'avance jusqu'à Pampelune.

« Plus tard, dit M. Thiers, on verra de plus grandes merveilles encore; mais cette campagne de 1794 et celle de 1793 resteront dans l'histoire comme les plus nationales, les plus légitimes, et les plus honorables pour la France, »

Il a raison ici, M. Thiers; et ces belles campagnes, qu'aucune trahison n'a compromises, et qui sont le résultat de l'enthousiasme républicain, à qui les doit-on originellement, si ce n'est à l'impulsion de Robespierre et des Jacobins ?

$8. - Propositions de paix.

L'Angleterre veut toujours la guerre, parce qu'elle y gagnera l'empire de la mer et toutes les colonies; l'Autriche la veut aussi pour recouvrer ses Pays-Bas, quoique bien épuisée ; mais l'Espagne et les petits Princes d'Allemagne parlent de paix ; la Prusse demande même une trève et l'ouverture d'une négociation à Bâle pour traiter de la paix. - Le Gouvernement accepte, et la négociation commence le 22 janvier.

S 9. Pacification de la Vendée et de la Bretagne.

Les Vendéens sont écrasés, découragés, sans espoir. Charrette, Sapinaud, Stofflet, n'ont presque plus de soldats. —

Le dernier s'est même brouillé avec les deux autres et avec le Conseil supérieur. - Charrette n'a pas encore reçu la lettre du Régent. Il ne reçoit même aucune nouvelle du Gouvernement anglais. Tout est donc favorable pour la pacification. D'un autre côté, la Convention décrète une amnistie pour tous les insurgés qui mettront bas les armes dans le mois. Les circonstances sont donc favorables pour faire accepter cette amnistie. Et Canclaux, envoyé pour la proposer, commence par répandre partout le décret de la Convention, tandis que Hoche, envoyé en Bretagne, cherche à gagner les Chouans.

des

Cependant le Général en chef des Chouans, Puysaie, après avoir achevé leur organisation et les préparatifs d'une insurrection générale, est parti pour Londres dans l'espérance de ramener une flotte, des armes, de l'argent, des soldats, Emigrés, des Prêtres, et un Prince français (le comte d'Artois). C'est un Baron de Cormatin qui le remplace en qualité de Major-général.

Une entrevue ayant été proposée près de Nantes entre les` Représentants et les Généraux français Canclaux et Hoche d'un côté, Charrette, Cormatin et d'autres chefs, de l'autre côté, Cormatin essaie d'en profiter pour prévenir Charrette et les autres (qu'il n'a jamais pu voir encore) des projets et des espérances de Puysaie, pour les engager secrètement à continuer la guerre, et même pour séduire Canclaux en lui remettant une lettre de Puysaie, son ancien camarade d'études, qui lui fait les plus brillantes propositions, comme nous en verrons faire à Pichegru... Les Thermidoriens auraient rendu un beau service à la République en renvoyant l'ancien Suspect Canclaux en Vendée, si cette trahison s'accomplissait ! Mais cette lettre sera saisie et publiée; et, d'un autre côté, l'amnistie, l'annulation des condamnations non encore exécutées, la mise en liberté des prisonniers, les moyens de douceur employés par Hoche et la lassitude d'une guerre sans résultat, disposent généralement les esprits à la paix

«Ne perdons jamais de vue, écrit Hoche à ses officiers, que la po

litique doit avoir beaucoup de part à cette guerre. Employons tourà-tour l'humanité, la vertu, la probilé, la force, la ruse, et toujours la dignité qui convient à des Républicains. ›

Ces principes sont admirables, assurément : mais nous ne doutons pas que Robespierre les aurait appliqués, et avec plus de succès que personne, dès que le moment serait arrivé pour la Bretagne et la Vendée.

$10.

- Encouragements pour les arts aristocratiques.

Tranquille maintenant sur son existence, la Convention thermidorienne s'occupe des arts et des sciences. Mais, tandis que les Jacobins voulaient favoriser les arts populaires qui servent aux plaisirs et à l'utilité du Peuple entier, les Thermidoriens, les Girondins et les Royalistes, veulent favoriser surtout les arts de luxe qui ne servent qu'aux plaisirs de l'Aristocratie.

Le Musée s'enrichit des tableaux de l'école flamande conquis ou enlevés ou volés en Belgique... Le Lycée, fermé pendant la Terreur, lorsqu'il s'agissait uniquement de faire la guerre, est rouvert à la Jeunesse dorée, à qui les Thermidoriens distribuent des cartes aux frais du trésor; et La Harpe, qui, précédemment, y préconisait la Philosophie et la liberté, coiffé du bonnet rouge, y vient déblatérer maintenant contre l'anarchie, la Terreur, le Philosophisme et l'avilissement de la langue.-La Convention accorde des pensions à tous les gens de lettres, à tous les savants, et surtout aux adversaires de la Révolution. Enfin, on décrète des Écoles primaires pour le Peuple, des Écoles centrales pour la Bourgeoisie, des Écoles spéciales de médecine, d'art vétérinaire et de droit, indépendamment de l'Ecole normale pour former des professeurs. Mais ce nouveau système d'instruction publique est loin d'être aussi populaire et aussi démocratique que les systèmes précédents de Condorcet, de Lepelletier, de Robespierre et des Jacobins.

Les Thermidoriens pensent aussi à créer des manufactures, une surtout pour l'horlogerie, des banques et des ca

naux.-Les spectacles sont rouverts; mais c'est la Jeunesse dorée qui remplit le parterre ; ce sont les femmes et les maîtresses des Thermidoriens enrichis, la Cabarus et ses jolies compagnes, qui remplissent les loges; ce sont des pièces thermidoriennes qu'on y joue pour faire applaudir toutes les allusions contre Robespierre, les Jacobins et la Terreur; c'est le Réveil du Peuple qu'on y chante avec fureur, en proscrivant la Marseillaise.-Les bals publics sont rouverts aussi ; mais ce sont les beaux bals aristocratiques, les bals à la victime, où tous les danseurs portent uu crêpe au bras, donnant ainsi le scandale de danser pendant le deuil de leurs familles.

S 11. Plaisirs de l'Aristocratie.

Nous avons déjà parlé de la corruption thermidorienne (p. 162); nous venons de parler des spectacles, des concerts et des bals. Maintenant que l'hiver est arrivé, le plaisir est une véritable fureur pour les Thermidoriens, leurs femmes, leurs maitresses, les filles, toute la jeunesse aristocrate et bourgeoise.

Plus de 3 milliards, a dit Saint-Just (t. 3, p. 512) ont été dilapidés depuis la Révolution; l'agiotage, les fournitures, les spéculations sur les assignats et sur les biens nationaux, les concussions et les pillages dans les réquisitions, dans les biens d'émigrés, dans l'argenterie des églises, ont créé des fortunes nouvelles et colossales; Ouvrard, l'un des adorateurs de la Cabarus, a déjà des millions et se trouve acquéreur du Raincy.

Tous ces enrichis, tous ces parvenus, tous ces agioteurs, ces fournisseurs, ces concussionnaires, ces pillards et ces voleurs, se réunissent chez la Cabarus ou Madame Tallien, et consomment une partie de leurs richesses en plaisirs, en orgies, en débauches, en concerts, en bals, en spectacles, en festins, en fêtes au Raincy, où l'on étale de nouveau tout ce que le luxe de l'ancienne Cour pouvait imaginer d'indécent et de corrupteur! - C'est ce que les Thermidoriens appellent ra

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