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Comment ne pas rappeler les Députés Girondins, quand on a proscrit les Jacobins ? Les 73 signataires de la protestation contre le 31 mai, déportés à Brest, sont donc rappelés et restaurés. Voici une Convention Girondine! Les Montagnards peuvent trembler maintenant !

Les Thermidoriens eux-mêmes commencent à s'inquiéter, quand ils entendent les Girondins mis hors la loi ou contumaces demander aussi leur réintégration. Mais c'est en vain qu'ils font ajourner cette dernière demande; la Réaction les entraîne, et les mis hors la loi reviendront bientôt. $35. La Réaction demande des vengeances.

Un vieux Député nommé Raffin (silencieux, peureux, muet et servile) sort de sa nullité pour s'écrier qu'il est temps de poursuivre tous les coupables, et de prouver que la Convention n'est pas complice des assassins. Il demande le jugement de Lebon et de David. Un autre demande l'accusation de Maignet pour sa mission dans le Midi. Une foule de voix demandent le jugement de Fouquier-Tainville.

D'autres demandent le procès de l'ancien Ministre de la guerre Bouchotte et de l'ancien Maire Pache.

Sur la nouvelle demande de l'infâme Legendre contre les anciens Comités, les trois nouveaux Comités déclarent qu'il y a lieu à examen contre Billaud, Collot, Barrère et Vadier, non contre David, Amar et Vouland.

Enfin, la Réaction menace tous les patriotes, en décrétant que tous les fonctionnaires quelconques avant le 9 thermidor rendront compte de leur gestion.

Tout le parti populaire est donc menacé, poursuivi, réduit à recourir à l'insurrection: mais nous allons voir que le Peuple, dix fois plus fort que ses ennemis, sera vaincu, destitué et désarmé, parce qu'il est désormais sans chefs, sans discipline et sans ensemble.

T. IV.

12

CHAPITRE XIV.

ADMINISTRATION PROVISOIRE DE LA BELGIQUE.-DÉNUEMENT DE L'ARMÉE.-BRUITS

TIQUES.

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DE PAIX. CONQUÊTE DE LA HOLLANDE. SPOLIATION DE LA HOLLANDE PAR
L'ANGLETERRE.-ADMINISTRATION DE LA HOLLANDE.-CONQUÊTES EN ESPAGNE.-
PROPOSITIONS DE PAIX.- PACIFICATION DE LA VENDÉE, ETC. ARTS ARISTOCRA-
PLAISIRS DE L'ARISTOCRATIE. MISÈRE DU PEUPLE. - AUDACE DES
ROYALISTES.- AGITATION A PARIS. OUTRAGES CONTRE MARAT.- ABOLITION DU
MAXIMUM, ETC. -CRAINTE DE FAMINE. NOUVELLE PROPOSITION D'ACCUSATION
CONTRE BILLAUD, ETC. -RAPPEL DES GIRONDINS MIS HORS LA LOI. BOISSY-
FAMINE: ÉMEUTE.-LOI MARTIALE DE SIEYES.-MAUVAIS PRÉPARATIFS D'INSUR-
RECTION. -DISCUSSION BRULANTE SUR BILLAUD, ETC.-
ÉMEUTE DE FEMMES.-
PROPOSITION DE DISSOUDRE LA CONVENTION. - RIDICULE INSURRECTION DU 12
GERMINAL. VENGEANCE CONTRE LA MONTAGNE.- FOLLE ÉMEUTE. THERMIDO-
RIENS PROSCRITS.- PAIX AVEC LA PRUSSE. NOUVEAUX PRÉPARATIFS DE L'AN-
GLETERRE, ETC. - PACIFICATION PROVISOIRE DE LA VENDÉE, ETC. PROJETS
CONTRAIRES DU COMTE D'ARTOIS ET DU RÉGENT.-PATRIOTES PERSÉCUTÉS PARTOUT.
-COMPAGNIES DE JESUS.-CONSPIRATION POPULAIRE TRAHIE.-2 SEPTEMBRE THER-
MIDORIEN ET ROYALISTE.- RÉPRESSION DES ROYALISTES.-MISÈRE; DESESPOIR.
-CONDAMNATION DE FOUQUIER-TAINVILLE, ETC. STUPIDE INSURRECTION DU

1er PRAIRIAL.-VENGEANCE CONTRE L'INSURRECTION VAINCUE. STUPIDE CONTINUATION DE L'INSURRECTION. DESARMEMENT DU PEUPLE. PARTI POPULAIRE ÉCRASÉ A TOULON, ETC.-MASSACRE DES MONTAGNARDS. PEUPLE EXCLU DE LA GARDE NATIONALE.

$1.

Administration provisoire de la Belgique.

Nous avons vu la Belgique conquise jusqu'au Rhin : qu'en fait-on? - On établit provisoirement une Administration centrale à Bruxelles, huit Administrations provinciales ou dépar

tementales, et des Municipalités. -L'armée manquant de tout, on est obligé de lever un impôt de 80 millions sur ceux qui peuvent le payer, c'est-à-dire sur le Clergé, les Abbayes, les Nobles et les riches Corporations. Il est impossible même de ne pas appliquer, pour les besoins de l'armée, les lois sur les réquisitions, le maximum, et les assignats. Et tandis que les Thermidoriens repoussent ces lois révolutionnaires pour la France, ils subissent leur impérieuse nécessité pour la Belgique. Puis, en octobre 1795, dans une des dernières séances de la Convention, la Belgique sera définitivement réunie à la France.

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Il est bien facile de critiquer les mesures révolutionnaires et de crier contre les abus de détail qu'elles entraînent inévitablement; il est bien facile aussi de dire: «< il faut se défendre contre l'Europe, mais sans excès; « il est bien facile de dire «< il faut lever 12 à 1,500,000 hommes, mais sans nuire à l'agriculture, à l'industrie, au commerce; » c'est facile à dire assurément, mais bien difficile à faire; car c'est une immense et colossale entreprise d'armer, d'habiller, d'équiper, de nourrir, de loger, 12 à 1,500,000 hommes toujours en mouvement et en combats, dans toutes les saisons!—Aussi, malgré toutes les lois sur les réquisitions, le maximum et les assignats, les 200,000 hommes qui se trouvent en Belgique sont dans le plus affreux dénuement : non-seulement ils bivouaquent depuis longtemps et couchent sous des branches d'arbres, sans avoir de tentes, malgré le froid, mais ils manquent de souliers et de capotes, se garnissant les pieds avec de la paille et se couvrant avec des nattes. -Les officiers mêmes manquent de tout, marchent à pied le sac sur le dos comme les soldats, mangent du pain de munition et ne sont payés qu'en assignats qui réduisent leur solde à 8 ou 10 fr. par mois. - L'armée a donc bien besoin de rentrer dans le repos et de prendre ses quartiers d'hiver. Mais il faut, pour

être en sûreté, s'emparer auparavant de Nimègue, place forte à l'embouchure du Rhin, défendue par les Anglais : le 8 novembre, après un prodige d'audace, l'armée française entre à Nimègue; puis, elle commence à se disperser dans ses cantonnements pour laisser passer l'hiver.

$3.

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Mais les Royalistes, enhardis par la protection des Thermidoriens, font courir les bruits les plus alarmants pour les patriotes. Le cordonnier Simon, gardien du fils de Louis XVI au Temple, ayant été condamné comme complice de Robespierre, et les deux enfants étant beaucoup mieux traités depuis le 9 thermidor par trois nouveaux gardiens, les Royalistes en concluent et publient que les Thermidoriens vont rétablir Louis XVII, pour faire la paix avec l'Europe; que la France reprendra ses frontières d'avant la guerre; que les Emigrés vont rentrer; que les ventes de biens nationaux et les assignats seront annulés; qu'on récompensera les Vendéens... Vous jugez de l'irritation et de l'effroi des patriotes!

« Il vaudrait mieux, s'écrie un Montagnard, être Charette que Député à la Convention ! »

L'irritation est telle que les Thermidoriens croient néces saire de calmer les esprits en déclarant, par la voix de Carnot, que les armées n'écouteraient des propositions de paix que dans les Capitales ennemies. De là la conquête de la Hollande.

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Nous avons déjà vu Dumouriez tenter la conquête de la Hollande (t. 3, p. 338)... Mille raisons, la richesse du pays, sa position, l'immense utilité de le soustraire à l'alliance anglaise, ses sentiments républicains, son essai de révolution républicaine en 1787, les vœux du Peuple pour la France, sa haine contre son Stathouder (le Prince d'Orange), contre l'Angleterre et la Prusse, se réunissent pour faire tenter de

nouveau cette conquête.-Cependant, l'entreprise est impossible pendant l'hiver, dans la saison des pluies, parce que les pays, plus bas que la mer et les nombreuses rivières et canaux qui le sillonnent, est alors inondé. -Aussi, l'armée s'est-elle décidée à attendre le printemps.

Mais le hasard amène, dès le 23 décembre, l'hiver le plus rigoureux du siècle; la Meuse, le Rhin, la mer du Zuydersée, tout gèle à porter une armée; et de suite les Républicains français, quoique sans repos encore et presque sans vêtements, quittent leurs quartiers pour conquérir la Hollande en bravant la glace et la gelée.

-

Le Prince d'Orange, épouvanté, propose une trève : mais le Gouvernement, qui a besoin de rassurer les Républicains français, ordonne à Pichegru de marcher sur Amsterdam. -Le 8 et le 10 janvier 1795, le Rhin est assez gelé pour être franchi sur la glace. Le Prince d'Orange, désespérant de pouvoir résister, écrit aux Etats hollandais qu'il se retire en Angleterre. Les Anglais et les Autrichiens s'empressent d'évacuer le pays. Les Etats font ouvrir toutes les places aux Français, reçus partout comme des libérateurs. Pichegru fait son entrée à Amsterdam, le 20 janvier (1er nivôse), accompagné des Représentants Lacoste, Bellegarde et Joubert, au milieu des cris Vive la République française! Vive Pichegru! Vive la liberté!

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La cavalerie et l'artillerie légère courent sur la mer gelée (le Zuydersée) pour arrêter une partie de la flotte hollandaise, maintenant retenue par les glaces, et pour l'empêcher de fuir en Angleterre, en sorte que c'est la cavalerie qui prend des vaisseaux... Et la Hollande est bientôt conquise et délivrée.

Jugez de l'étonnement et de la terreur de l'Europe, et de l'enthousiasme de la France, malgré sa lutte politique.

« Carnot, dit M. Thiers, ayant dirigé les opérations des armées pendant la campagne de Belgique, est le PREMIER ET VÉRITABLE auteur des succès; Pichegru et surtout Jourdan l'ont secondé à merveille pendant cette suite de sanglants combats: mais depuis qu'on a passé

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