Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

les dangers de la Patrie. Elle nous accuse d'être les Continuateurs de Robespierre, et nous n'avons sur nos registres que les noms de ceux qui, dans la nuit du 9 au 10 thermidor, ont occupé le poste que leur assignait le danger de la Patrie. Mais nous répondrons à ces vils calomniateurs en les combattant sans cesse; nous leur répondrons par la pureté de nos principes et de nos actions, et par un dévouement inébranlable à la cause du Peuple qu'ils ont trahie, à la Représentation nationale qu'ils veulent déshonorer, et à l'Egalité qu'ils détestent.>

Bien! Cependant, n'est-ce pas une faiblesse, presque une lâcheté, une grande faute, de paraître attaquer les Triumvirs qu'ils regrettent, de repousser comme une calomnie l'accusation d'être les Continuateurs de Robespierre qu'ils admirent, et de se vanter d'avoir abandonné Robespierre dans la nuit du 9 qu'ils regardent comme une nuit fatale? Cette concession, ce mensonge, cette ruse timide, ne doivent-ils pas les déconsidérer et les perdre au lieu de les sauver?

$26.-Corruption; Luxe; madame Tallien; madame Beauharnais.

Nous avons parlé de la Jeunesse dorée (p. 149), qui se place en face des Jacobins pour les combattre, et qui, à la simplicité des mœurs populaires, substitue l'élégance et le luxe des mœurs aristocratiques, portant les cheveux tressés et attachés avec un peigne derrière la tête, de hautes cravates, des habits fins, des collets verts ou noirs comme les Chouans, et des crépes au bras comme fils de victimes révolutionnaires... Les jeunes et jolies femmes de l'Aristocratie et de la Bourgeoisie, avides de plaisirs et comprimées pendant la Terreur, se liguent avec la Jeunesse dorée, et la poussent à ramener la mode, à rouvrir les salons, les festins, le jeu, les bals, les concerts et les spectacles... Elles font revivre la fureur de la toilette, de la coquetterie, de la galanterie, et empruntent à la Grèce et à Rome leurs costumes les plus élégants et les plus voluptueux... C'est au concert du théâtre Feydeau que se réunit toute l'Aristocratie thermidorienne, pour entendre la voix de Garrat, pour applaudir les femmes à la mode, et pour échauffer la Jeunesse dorée.

« Madame Tallien, dit M. Thiers, est la plus belle et la plus admirée de ces femmes. Son salon est le plus brillant et le plus fréquenté. »

C'est sans doute un grand mérite auprès des historiens qui comptent l'Aristocratie pour tout et le Peuple pour rien ! Ainsi, voilà le renégat de la cause populaire, le garçon imprimeur Tallien accusé d'avoir volé et massacré à Paris et à Bordeaux, qui a tué Robespierre pour sauver sa tête, le voilà qui maintenant a pour maîtresse puis pour épouse la Cabarus, la plus jolie femme et la plus élégante, les salons les plus brillants, et la société la plus nombreuse!

« Elle veut donner à son mari le rôle de pacificateur, de réparateur des maux de la Révolution. »

Quelle entreprise pour une femme de dix-neuf ans ! C'est donc une nouvelle madame Rolland! Mais où est son génie, où sont ses titres pour s'immiscer dans le Gouvernement, pour tenter une révolution, pour prendre ou donner un si grand rôle? N'est-ce pas tout simplement une femme aristocrate, qui ne s'intéresse qu'à l'Aristocratie, et qui sacrifierait le Peuple aux contre-révolutionnaires.

une

C'est une femme de plaisirs, dévorant des millions jeune femme galante, commune à beaucoup d'illégitimes maris; maîtresse éhontée de Tallien avant d'avoir divorcé avec M. de Fontenay, émigré; traitée avec le dernier mépris, à la tribune, aux Jacobins, dans toutes les Sociétés populaires, dans les journaux, partout; appelée la Cabarus comme une prostituée; qui quittera Tallien pour être la maítresse d'Ouvrard et de beaucoup d'autres assez riches pour lui sacrifier des millions; et que l'aveugle Fortune fera Princesse de Chimay (en 1805) pour récompense des scandales de sa vie et de ses corruptions contre-révolutionnaires... Et M. Thiers présente cette femme comme un Génie réformateur!

Elle attire dans sa maison tous les Thermidoriens, et cherche à les gagner en les flattant, en leur faisant espérer la reconnaissance publique (de l'Aristocratie), l'oubli du passé dont plusieurs (Tallien, Fouché, Merlin, etc.) ont besoin, et le Pouvoir. »

C'est-à-dire que la jolie Cabarus est un agent de séduc

tion et de corruption très-bien choisi par les Aristocrates pour gagner les débauchés et ambitieux Thermidoriens.

« Elle s'entoure de femmes aimables qui contribuent à ce plan d'une séduction si pardonnable. »

Pardonnable, la séduction dont la conséquence sera de longues et sanglantes calamités pour le Peuple!!!...

«Parmi ces femmes brille la veuve du Général Beauharnais, jeune créole attrayante, non par sa beauté, mais par sa grâce extrême (qui deviendra Impératrice des Français). Dans ces réunions, on attire, on caresse les Députés Thermidoriens; on les fait asseoir à côté d'hommes qu'ils ont poursuivis naguère comme aristocrates, spéculateurs enrichis, dilapidateurs de la fortune publique... Beaucoup d'entre eux, dépourvus de moyens, perdent leur dignité avec leur rudesse ; d'autres, qui par leur esprit savent conserver leur rang, ne sont cependant pas à l'abri d'une flatterie délicate. Tel membre d'un Comité, sollicité adroitement dans un dîner, accorde un service ou laisse influencer son vote. »

Quelle corruption! quelle démoralisation, après tant de sacrifices pour établir le règne de la probité, de la morale, de la vertu, de la fidélité à remplir ses devoirs de mandataires du Peuple! Et l'historien ne flétrit pas cette funeste corruption! Et c'est pour arriver là que le Peuple a versé son sang! Et ce sont ces hommes qui ont assassiné Robespierre!

La Révolution ramenée, et c'est sans doute un bonheur, de ce terme extrême de fanatisme et de grossièreté, s'avance néanmoins d'une manière trop rapide vers l'oubli des mœurs, des principes, et on peut presque dire des sentiments républicains. »

Voilà le service rendu à la morale publique par les Thermidoriens en assassinant l'homme qui ne voulait ni le fanatisme, ni la grossièreté, ni la démoralisation, mais l'honnêteté, la vertu, le bonheur de tous, et que le Peuple vénérait parce que c'est le Peuple surtout qui veut la morale avec le travail, l'ordre avec la justice, les arts avec l'égalité.

$ 27.

[ocr errors]

Nouvelle attaque contre Billaud, etc.

Les deux partis se harcèlent partout où ils se rencontrent, au Palais-Royal, aux Tuileries, autour de la Convention, dans

ses tribunes, et surtout dans les Assemblées de Sections tous les décadis... Là, les Aristocrates et les Thermidoriens demandent la lecture du Rapport de Robert-Lindet (p. 156), et les révolutionnaires celle de l'Adresse des Jacobins à toutes les Sociétés populaires. On crie, on se dispute, on se menace, on se bat.

Les Thermidoriens ne manquent pas de se plaindre de ces violences à la Convention, et de les attribuer, soit aux anciens Comités révolutionnaires abolis, soit aux Jacobins... Leurs plaintes et leurs cris redoublent quand une Députation du Club électoral vient demander que l'élection des officiers municipaux soit rendue au Peuple, que la Commune de Paris soit complétée, et que les Sections puissent se réunir deux fois par semaine. A la lecture de cette pétition, les Thermidoriens demandent des mesures sévères contre les membres des Comités révolutionnaires. Mais le lâche et vindicatif Legendre s'écrie qu'il faut remonter plus haut; que ce sont les membres des anciens Comités de Salut public et de Sûreté générale (Billaud, Collot, Barrère, etc.) qui sont la première cause du désordre, en abusant de l'indulgence de l'Assemblée; et qu'il est nécessaire de punir leur ancienne tyrannie pour en empêcher une nouvelle. Cependant, après un effroyable tumulte, la Convention repousse une seconde fois l'accusation. Et c'est contre le Club électoral et contre les Jacobins que l'orage va retomber.

[ocr errors]
[ocr errors]
[blocks in formation]

Aussi despotes qu'aucun Gouvernement précédent, les Thermidoriens ne veulent souffrir aucune résistance à leur tyrannie, et travaillent à détruire le droit de pétition et les Sociétés populaires, surtout les Jacobins, qui leur inspirent autant de haine que jadis à Louis XVI, aux Feuillants, à La fayette, aux Girondins et à la Coalition étrangère... D'abord, on imagine et l'on adopte une adresse au Peuple français pour bien établir la Dictature thermidorienne.

« Les adresses sont impuissantes, s'écrie le thermidorien Richard : c'est de la vigueur qu'il faut déployer!

« C'est une exacte discipline (c'est-à-dire l'obéissance servile) qu'il faut établir, s'écrie le féroce modéré Bourdon de l'Oise... Il ne faut pas qu'on puisse nous accuser d'anarchie... Détrompons nos ennemis ! C'est par l'abus des Sociétés populaires et du droit de pétition qu'ils veulent nous détruire; c'est cet abus qu'il faut réprimer.

D

Point de pétitions! c'est un abus ! Voilà le langage et le prétexte de tous les Despotismes.

Pour réprimer cet abus, on décide d'abord qu'aucun Député ne pourra faire partie d'une Société populaire mais, sur la réclamation des Montagnards, ce décret est aussitôt rapporté... Puis, sur la proposition de Dubois-Crancé, on décide que les Jacobins de Paris seront épurés de nouveau par la Convention.

Les réclamations des Jacobins qui se plaignent que la Convention veut faire contre eux ce que Louis XVI n'aurait pas osé faire, et une nouvelle séance du Club électoral (réuni dans une des salles du Musée), dans laquelle on a reconnu que les pouvoirs de la Convention étaient expirés puisqu'elle n'a été élue que pour juger Louis XVI et faire une Constitution, irritent la colère Thermidorienne. Le 16 octobre, le Comité propose un décret qui défend toute affiliation, toute fédération, toute correspondance en nom collectif entre les Sociétés populaires, et toute pétition ou adresse en nom collectif. -Les Montagnards combattent ce projet et en demandent l'ajournement.

« Citoyens, répond le cynique Merlin de Thionville, quand il fut question d'établir la République, vous l'avez décrétée sans ajournement aujourd'hui, il s'agit en quelque sorte de l'établir une seconde fois, en la sauvant des Sociétés populaires coalisées contre elle...

Quel infâme mensonge!

Citoyens, il ne faut pas craindre d'aborder CETTE CAVERNE malgré le sang et les cadavres qui en obstruent l'entrée. Osez y pénétrer ! osez en chasser les fripons et les assassins! »

Et ce sont les voleurs, les débauchés et les assassins,

« ZurückWeiter »