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Monsteur, comte d'Artois, faisait son entrée dans Paris, avec le titre de lieutenant - général du royaume, titre dont l'avait revêtu Louis XVIII; jour aussi où s'accomplissait, sous les murs de Toulouse, le dernier grand fait d'armes de l'armée impériale; où les troupes françaises, commandées par Soult, vendirent cher à Wellington l'entrée du midi de la France.

CHAPITRE X.

Sentimens opposés que me cause la chute de Napoléon. L'homme et le système de gouvernement. Profond sujet dé méditation pour les princes. Le trésor du directoire et le trésor de Napoléon. - Argent prêté par Le numéraire de l'Europe Bonaparte au trésor public. aux Tuileries. Accumulation inutile et capitaux oisifs.

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Les biens

-Faux système de finances.-Opinion générale sur l'or enfoui. Ma désapprobation sur un arrêté du gouvernement provisoire. Conduite de Bonaparte blâmée et imitée. Barbarie du talion et des représailles.-Actions désapprouvées sans distinction d'hommes. propres de Bonaparte et sa inaison de famille.-Excellent arrêté du gouvernement provisoire. Changement de système d'éducation, et les enfans rendus à leurs familles. -Acte politique et moral.-Les nominations aux Lycées et les lettres de cachet.-Les enfans enlevés et les frères séparés. Tranquillité de Paris.-Services de la garde nationale. Mon épée déposée. Mes occupations aux postes. Difficultés surmontées, et ukase de l'empereur Alexandre.

La chute de Napoléon et son abdication me firent éprouver deux sentimens bien opposés;

tout en me félicitant sincèrement de voir la fin d'un gouvernement oppresseur, je ne pus m'empêcher de souffrir des douleurs que dut éprouver Bonaparte, et jamais, plus qu'en cette circonstance, je ne distinguai l'homme de l'empereur. Ah! si cet homme eût voulu! s'il eût mis des bornes à son ambition! si la fureur de dominer l'Europe ne l'eût entraîné dans un abîme sans fond; s'il eût consacré au bonheur de la France cette surabondance de génie qu'il consacra à l'asservissement des nations et des peuples; s'il n'eût pas foulé aux pieds les droits des Français, et constamment substitué l'arbitraire à ces droits; si, du moins, après avoir usurpé le pouvoir sur les franchises nationales, il se fût voué à l'affermissement de l'ordre, sans doute il aurait conservė, au moins durant sa vie, ce trône qu'illustrèrent tant de victoires et de si vastes entreprises; et si son nom alors eût retenti avec moins d'éclat dans la postérité, de combien de bénédictions ce nom aurait été salué par les générations contemporaines! Mais le démon de l'ambition fut plus fort en lui que sa raison, et il accomplit sa destinée. Quel profond sujet de méditations, que la chute d'un homme si plein et si fort; et quelle leçon cette chute présente aux rois qui oseraient,

à son exemple, croire à la possibilité de méconnaître les droits des peuples ! C'est déjà bien assez peu de chose que l'homme, sans que les gouver

nemens cherchent à le ravaler encore au-dessous de sa misérable condition!

Souvent il serait juste, pour apprécier le règne d'un prince, d'examiner comment il a pris son royaume à son avénement au trône, et comment il l'a laissé à sa mort. En jugeant le règne de Bonaparte, d'après ce principe, on verrait le territoire envahi, et on le condamnerait sous ce rapport; mais il est juste, en même temps, de faire remarquer combien, par ses soins, l'ordre public avait jeté de profondes racines dans les diverses parties de l'administration. Quelles qu'aient été ses incroyables erreurs en finance, quelle différence entre la situation du trésor sous le directoire, et celle du trésor sous l'empire, où l'on vit reverdir d'anciennes branches du revenu public, telles que les contributions indirectes. J'ai dit qu'après le dix-huit brumaire on ne trouva pas dans la caisse du gouvernement de quoi payer les frais d'un courrier que le premier consul voulut expédier en Italie. Il n'en fut pas de même lors de la première des deux morts politiques que subit l'empereur, et c'est ici le lieu de parler, avec

quelques détails, de ce que j'ai su du trésor impérial.

à

Napoléon, ainsi que je crois l'avoir indiqué, avait accumulé plus de trois cents millions que l'on gardait dans les caves de l'aile septentrionale des Tuileries. Il y avait plus de quarante millions en or. Une grande partie de cette somme énorme fut dépensée dans la campagne de France; on fut tout surpris au mois de janvier 1814 de voir tout coup circuler un grand nombre de pièces de cinq francs, toutes neuves encore et portant cependant le millésime de 1806. L'empereur avait prêté sur son trésor impérial soixante millions à la caisse d'amortissement et quarante millions aux droits réunis; outre cela il avait acheté une forte partie de rentes et d'actions de la banque de France. Le trente-un de mars on ne put sauver du trésor des Tuileries que vingt-huit millions en or dont dix millions même furent repris. Au milieu de la confusion qu'entraînèrent les circonstances, on reprit aussi ce qui était prêté, de sorte que l'administration après avoir dû au trésor impérial se crut créancière, et il eut quittance.

y

On peut juger, d'après ce que je viens de dire du trésor de Napoléon, qu'une majeure partie du

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