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de Russie. Cette guerre, cette expédition avaient dissipé le prestige de la puissance militaire de Napoléon et de l'invincibilité des Français. Les pertes faites en Russie n'étaient pas de nature à être promptement réparées : on peut substituer un homme vivant à un homme mort, une armée nouvellement levée à une armée détruite; mais en remplissant les vides par des soldats novices, on ne remplace point les habitudes des combats ni la bravoure des vieux militaires.

Toutefois Napoléon s'occupa de réparer ses pertes en demandant des conscrits au sénat. Le 11 janvier 1813, un sénatus-consulte met deux cent cinquante mille hommes à la disposition du gouvernement, dont cent mille conscrits de l'an 1809 et des années suivantes, autres que ceux qui feraient partie des cent cohortes du premier ban, appelés par le sénatus-consulte du 13 mars 1812; et cent cinquante mille conscrits de 1814. Le sénat montra sa soumission ordinaire, et son scrutin n'offrit que cinq billets négatifs et quatre billets blancs. Napoléon était le vampire de la population française, il en pompait le sang. Il humiliait le sénat, déjà très-ravalé, en s'emparant de son administration intérieure, en nommant des officiers pour la présider, en excluant des cours des palais de Saint-Cloud et des Tuileries les voitures des sénateurs; le président de ce corps était seul excepté de cette humiliation. Plus le sénat s'abaissait, plus Napoléon semblait le mépriser.

Napoléon allait continuer la guerre, non pour attaquer, mais pour se défendre. Ce n'était plus comme autrefois, son ambition, mais la nécessité qui l'y portait.

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Le gouvernement français se trouvait dans une situation critique; les faibles et tristes restes de la grande armée revenue de Moscou, quoique renfordes corps corps nouveaux, étaient en Prusse poursuivis par les troupes russes et battaient en retraite. D'autre part, les puissances alliées de la France, favorables pendant sa prospérité, menaçaient de l'abandonner dans ses revers. Enfin la guerre d'Espagne continuait avec des succès mêlés de défaites, et absorbait une grande partie des forces de l'État. Jetons un coup-d'oeil sur cette guerre.

Le 22 juillet 1812 se donna la bataille de Salamanque. Marmont, duc de Raguse, qui avait forcé l'ennemi à se replier près de cette ville, l'attaqua. On se battit de part et d'autre avec beaucoup d'ardeur; mais ce duc fut atteint par un boulet creux qui lui fracassa le bras et lui rompit une côte, ce qui l'obligea de quitter le combat. Le général Clausel prit le commandement. La bataille se continua avec des succès et des pertes réciproques. Les Français se retirèrent derrière l'Alba, et la garnison de Salamanque, qui avait repoussé deux assauts, fut forcée de se rendre. Cette affaire eut des suites funestes pour les Français; ils se virent forcés de se replier jusqu'à Valladolid, et puis jusqu'à

Burgos où Wellington s'arrêta pour en faire le siége.

Le roi Joseph quitta Madrid qui, le 12 août suivant, fut occupé par les Anglais. Le duc de Dalmatie leva le siége de Cadix. Tout paraissait désespéré pour les Français; mais, pendant que le général anglais perdait son temps au siége de Burgos, les généraux de Napoléon réunirent leurs forces, et, le 20 octobre, ils reprirent l'offensive.

Le 1er novembre, les armées françaises réunies ayant forcé le passage du Tage, le roi Joseph rentra dans Madrid, et Wellington fut repoussé dans le Portugal. Telle se trouvait l'Espagne lorsque Napoléon fut de retour de la Russie.

Passons aux opérations de la grande armée en Prusse; arrétée sur les bords du Niémen, protégée par le quatrième corps dont le maréchal Macdonald était le chef, elle put opposer à l'ennemi trente mille baïonnettes. Ce maréchal attendait avec impatience, à Tilsitt, le corps du général Yorck qui commandait l'arrière-garde de cette armée; mais ce dernier, au lieu de le rejoindre, avait conclu, avec un général russe, une convention portant que les troupes prussiennes resteraient neutres et seraient cantonnées sur les frontières pendant deux mois. Le général Yorck entraîna dans sa défection un autre général prussien nommé Massenbach. Yorck écrivit lui-même à Macdonald pour lui annoncer le parti qu'il venait de prendre et pour essayer de le justifier.

Tel fut le commencement de la défection prussienne. L'insurrection de Koenisberg, où s'était établi le quartier-général de la grande armée, fortifia les craintes que la défection du général Yorck avait fait naître. La grande armée fut forcée de se retirer au-delà de la Vistule. Cette retraite se fit en désordre; les Russes qui suivaient ses traces s'emparaient de ses cantonnemens à mesure qu'elle les quittait.

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Murat, roi de Naples, troublé par tant d'événemens, passe rapidement de Koenisberg à Posen laisse le commandement de l'armée au vice-roi d'Italie, et, le 16 janvier, part brusquement pour son royaume de Naples '.

Cependant le duc de Bassano, en passant par

C'est à l'occasion de ce départ précipité que Napoléon adressa, le 24 janvier, à sa sœur Caroline, reine de Naples, une lettre où se trouvent ces mots : « Le roi a quitté l'armée » le 16!... Votre mari est un fort brave homme sur le champ

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de bataille; mais il est plus faible qu'une femme ou qu'un moine, quand il ne voit pas l'ennemi. Il n'a aucun courage moral. »

Le même écrivait, le 26 janvier, au roi de Naples : « Je ne vous parle pas de mon mécontentement de la conduite que vous avez tenue depuis mon départ de l'armée; cela provient de la faiblesse de votre caractère. Vous êtes un bon soldat sur le champ de bataille; mais, hors de là, vous n'avez ni vigueur ni caractère. Je suppose que vous n'êtes pas de ceux qui pensent que le lion soit mort. Si vous faisiez ce calcul, il serait faux. »

(Manuscrit de 1813, par le baron Fain, t. I, p. 64.)

Berlin, reçut, des ministres et du roi de Prusse, les assurances les plus tranquillisantes, les protlestations les plus fortes sur la persévérance de la Prusse dans son alliance avec la France, et des promesses propres à dissiper les craintes de l'empereur. Mais ce n'était là que des promesses de ministres.

Napoléon mettait la plus grande activité à réparer ses pertes énormes; hommes, chevaux, armes, artillerie, bagages, équipages, tout se rassemblait, se fabriquait, se reproduisait; l'Italie, la France, la Hollande, etc., concouraient à cette grande régénération militaire. Les ordres étaient donnés, et les préfets, pour faire remarquer leur zèle, allaient même au-delà des ordres.

Mais le mal s'accroissait dans le Nord. Le 18 janvier, l'armée russe, laissant un corps de troupes devant Dantzick, place que défendait courageusement le général Rapp, passa la Vistule, et l'armée française, désordonnée, acheva sa retraite sur l'Oder. Le vice-roi d'Italie parvint à ralentir sa marche rétrograde; il plaça son quartier-général à Posen, y rallia ses troupes, et de nouveaux corps d'armée vinrent s'y réunir. Il travailla à les réorganiser. La ligne de l'Oder fut bientôt abandonnée par la grande armée qui se vit entraînée derrière l'Elbe.

Le roi de Prusse, malgré ses protestations de dévouement, malgré l'ordre qu'il avait donné d'arrêter le général Yorck, quelques jours après le 22 janvier, partit de Postdam, se rendit à Breslau,

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