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instruits de quelques-unes de ses intrigues, firent auprès de ce général diverses tentatives pour l'engager à prendre le commandement d'une armée, à son choix. Il éludait toujours. Les directeurs, dira-t-on, devaient ordonner; mais étaient-ils certains d'être obéis? et cette désobéissance n'aurait-elle pas dévoilé le secret de leur impuis

sance?

Sieyes cherchait à dissiper les craintes de ses collègues du directoire, à les détourner du projet d'envoyer Bonaparte aux armées; il disait : « Au » lieu de nous plaindre de son inactivité, félici» tons-nous en plutôt; loin de mettre des armes » entre les mains d'un homme dont les intentions » sont aussi suspectes, loin de vouloir le replacer » sur un nouveau théâtre de gloire, cessons de nous occuper de lui davantage, et tâchons, s'il » est possible, de le faire oublier. »

On soupçonna que ce fut Sieyes qui transmit à Bonaparte quelques paroles qui, dans une des séances du directoire, échappèrent à Barras : il s'était permis de dire que ce général, qu'il nommait le petit caporal', avait fait sa fortune dans les campagnes d'Italie. Bonaparte vint au directoire, et dit d'un ton assez brusque : « On a avancé ici que j'a>> vais assez bien fait mes affaires en Italie pour n'a

⚫ Dans le commencement des campagnes d'Italie, les soldats de l'armée s'amusèrent à le nommer le petit caporal, et à l'avancer en grade à mesure qu'il remportait des victoires.

>> voir pas besoin d'y retourner. C'est un propos » indigne, auquel, certes, ma conduite n'a jamais » donné lieu; puis jetant les yeux sur Barras; au » reste, ajouta-t-il, s'il était vrai que j'eusse fait de » si bonnes affaires en Italie, ce ne serait point >> aux dépens de la république. >>

Le président du directoire chercha à le calmer en l'assurant qu'il pensait que les lauriers qu'il avait cueillis étaient ses plus précieux trésors; il lui ajouta que son séjour prolongé à Paris devenait un sujet d'inquiétudes et de mécontentement. Aux instances que lui faisaient les directeurs de prendre le commandement d'une armée, Bonaparte répondit qu'il avait besoin de quelque temps de repos pour rétablir sa santé. Il ne parut plus aux séances du directoire '.

Alors mille intrigues secrètes étaient mises en jeu. Lucien Bonaparte s'occupait d'entraîner, dans le parti de son frère, les membres les plus influens des conseils; pour les y entraîner il fallait les tromper. Son frère avait donné trop de gages à la cause de la république pour songer à la trahir; la sauver était la seule gloire à laquelle il aspirait; un homme du caractère de son frère était seul capable de tenir avec fermeté les rênes de l'état et de forcer les ennemis à faire la paix; lui seul pouvait dominer les circonstances, encore critiques, où se trouvait la patrie; rien n'était à redouter pour

'Mémoires de Gohier, t. I, p. 217, 218.

du Corps Législatif, du Tribunat. &c.

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ASTOR, LENOX

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la liberté française de la part d'un guerrier qui avait servi sa cause avec tant de zèle, avec tant de succès. Telles furent, ou à peu près, les discours que tint Lucien aux députés probes et faibles dont l'influence et les talens étaient nécessaires à ses projets: il fit briller, aux yeux des intrigans, des ambitieux, une perspective de fortune. Soit parce qu'il crut ne pas en avoir besoin, soit parce qu'il craignit d'être repoussé et dénoncé, il ne s'adressa point à cette majorité du corps-législatif, composée de députés anciens et nouveaux, plus distingués par leur probité, leur expérience, leur jugement et la fermeté de leur caractère, que par leurs talens oratoires.

Lucien, président du conseil des cinq-cents, était aussi parvenu à séduire ou maîtriser les membres des commissions des inspecteurs des deux conseils, le président du conseil des anciens et quelques autres membres.

De son côté, son frère Napoléon caressait les hommes de tous les partis, royalistes, terroristes, leur promettait son appui et recherchait l'amitié des généraux; il n'eut pas de peine à s'attacher les intrigans. Dans leurs conciliabules secrets, il fut résolu que l'appareil de la force militaire s'unirait aux manœuvres secrètes pour opérer le mouvement désiré.

Le 15 brumaire, une fête fut donnée par le corpslégislatif aux généraux Moreau et Bonaparte: on unissait ces deux généraux pour diviser l'atten

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