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sance au général, et le déclarèrent l'ami et le protégé du prophète. On répondit qu'avant un an toute l'armée française porterait le turban. M. le général Montholon, qui nous fournit ces détails, ajoute que Bonaparte ne voulait que gagner du temps.

Deux armées turques se réunissaient pour attaquer les Français :l'une, à Rhodes, devait débarquer à Aboukir; l'autre, en Syrie, devait traverser le désert qui sépare la Syrie de l'Égypte et être renforcée par les restes de la troupe des mamelucks battus, dispersés dans la Haute-Égypte. Bonaparte prévint ces attaques, marcha en Palestine par le désert dont la traversée était d'environ soixante-quinze lieues; et, le 18 pluviose an VII, il fit attaquer ElArich occupée par l'avant-garde de l'armée de Syrie; le 30 pluviose cette place fut emportée par l'armée française. Le 7 ventose elle attaqua Gaza; à l'ap-. proche des Français, la garnison se retira. L'armée s'avança sur Jaffa; l'attaque en fut commencée le 16 ventose, et, le 17 au soir, la place fut prise d'assaut et livrée au pillage. Quatre mille combattans et une partie des habitans furent passés au fil de l'épée. Bonaparte, dans sa lettre au directoire, déplore ces horreurs que sans doute il aurait pu empêcher. La Palestine fut conquise.

Le 30 ventose (20 mars 1799) commença le siége de Saint-Jean-d'Acre; la place fut attaquée et défendue avec un égal acharnement, et le 1er prairial (20 mai) les Français, après avoir perdu beaucoup de combattans, levèrent le siége. « Nous

» avions, dit le général Gourgaud, à Jaffa et au » camp, 1,200 blessés; la peste était à notre am

>>bulance'. »

Les détails très-variés de ce siége et la bataille du Mont-Thabor fourniraient la matière d'une Iliade.

Si Saint-Jean-d'Acre fût tombé au pouvoir des Français, cet exploit eût changé entièrement la face politique de l'Europe et de l'Asie; il se serait opéré une révolution favorable à la France et aux Orientaux. Les Anglais y eussent beaucoup perdu; ils le sentirent, et redoutant les résultats de cette expédition en Syrie, ils n'épargnèrent rien pour la faire échouer; ils s'empressèrent de fortifier de munir abondamment cette place, et d'en confier le gouvernement à un Français émigré, nommé Phellipeaux, officier du génie, et ce qui est remarquable, ancien camarade d'école de Bonaparte.

On a beaucoup parlé des pestiférés de Jaffa, et accusé ce général d'avoir ordonné aux médecins de procurer à ces malades une mort douce en leur faisant prendre de l'opium. Cette accusation reçoit d'amples éclaircissemens dans le Mémorial de Sainte-Hélène. Suivant Bonaparte les pestiférés n'étaient qu'au nombre de sept; ce ne fut point lui, mais un officier de santé qui proposa l'opium.

Mémoires pour servir à l'histoire de France sous Napoléon, écrit par le général Gourgaud, t. II, p. 313.

M. de Las Cases, de retour à Paris, ayant eu la facilité de consulter les personnes les plus propres à fournir des renseignemens certains sur cette affaire, dit que tous les blessés dépendans du chirurgien en chef, furent évacués à l'aide des chevaux de l'état-major et du général en chef qui marcha long-temps à pied, comme le reste de l'armée. Les pestiférés, « au nombre de vingt en>>viron, étant dans un état absolument désespéré, >> et l'ennemi approchant, Napoléon demanda au » médecin en chef si ce ne serait pas un acte d'hu>> mauité que de leur donner de l'opium. Il lui fut répondu par ce médecin que son état était de guérir et non de tuer... L'ordre n'a pas été donné >> d'administrer de l'opium aux malades... Il n'exis>> tait pas en cet instant un seul grain d'opium » dans la pharmacie de l'armée. »

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L'auteur remonte ensuite à la source de ce bruit

calomnieux et cherche à prouver son impureté'.

Un mauvais succès en entraîne d'autres. L'expédition de Syrie, ayant trompé les espérances des Français, accrut celles de leurs ennemis. L'ÉmirHaji, prince de la Caravane de la Mecque, lié au sort du général en chef, par les services qu'il en avait reçus, croyant la cause des Français désespérée, céda à des séductions, et déclara sa révolte. Le général Lanusse marcha contre lui, et mit sa troupe en déroute. Un homme du désert de Derne, qui

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Mémorial de Sainte-Hélène, tome I, pag. 250.

jouissait d'une grande réputation de sainteté parmi les Arabes, fit croire qu'il était l'ange Elmody, désigné dans le Koran comme l'ange qui vient au secours des fidèles Musulmans : il faisait des miracles. Cent vingt fanatiques de sa tribu composèrent d'abord sa garde; il se vit bientôt à la tête de cinq à six cents hommes. Avec cette force, il enleva un poste de soixante Français; il prêcha, assura qu'il était invulnérable, que ceux qui le suivraient le seraient aussi, et, par ces promesses prophétiques, parvint à réunir trois à quatre mille hommes. Le colonel Lefebvre se présenta avec deux cents soldats pour combattre cet ange. Lefebvre fut cerné, perdit quelques hommes, en tua un plus grand nombre, et se retira à Ramanieh, sa position,

Les blessés et les parens des morts qui avaient combattu sous l'étendard de l'ange Elmody, murmurèrent contre cet ange qui avait promis que les balles des Français n'atteindraient aucun de ses partisans. L'ange se tira d'affaire en citant le Koran, en disant que, si, dans sa troupe, il se trouvait des morts et des blessés, c'est que ceux-ci, en reculant, avaient manqué de foi. Les imposteurs de diverses religions ont souvent, dans un tel cas, donné une pareille excuse.

Les Musulmans s'en contentèrent, et l'ange Elmody accrut son pouvoir. Il régna à Damanhour. On craignait que les provinces voisines ne prissent part au soulèvement. Une proclamation des Scheicks

du Caire refroidit le zèle des sectaires, et le général Lanusse marcha à Damanhour, battit les troupes de l'ange Elmody, mit en fuite tout ce qui n'était pas armé, tua 1,500 fanatiques et l'ange lui-même. La tranquillité fut rétablie.

Mais les Français eurent des ennemis plus redoutables à combattre; 300 mamelucks et mille Arabes tentèrent de soulever la province de Charkich. Le général Lagrange, en messidor an VII, les mit en déroute, leur prit mille chameaux et tout leur bagage, et en tua plusieurs.

D'autres mamelucks, conduits par Mourah-Bey, qui, comme les précédens, étaient les restes des mamelucks que le général Desaix avait dispersés dans la Haute- Égypte, s'avancèrent par le désert jusqu'au lac de Natron. Le général Murat partit du Caire, combattit Mourah-Bey et ses mamelucks, et les dispersa.

Ces attaques partielles devaient coïncider avec le débarquement de la flotte anglo-turque, qui, retardée par les vents, ne s'effectua dans la rade d'Aboukir que le 24 messidor.

Bonaparte, instruit de ce débarquement, donna des ordres, et partit le 26 du Caire. En quatre jours il fit quarante lieues. Arrivé à Ramanieh, il apprit qu'une armée turque et une armée anglaise étaient débarquées à Aboukir. Ayant fait ses dispositions, 1 partit le 6 messidor d'Alexandrie, et vint camiper à moitié chemin de l'Isthme d'Aboukir. Le 25, le combat s'engagea. Neuf à dix mille Turcs qui

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