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un des

porteur.

voyageurs peu fortuné l'argent dont il était

Dans la séance du 21 prairial, on annonca que le citoyen Lebrun, commissaire du directoire au canton de l'Argentière, venait d'être assassiné, que la caisse du receveur avait été pillée, et que trois volontaires qui l'escortaient avaient été massacrés.

Battue, dépouillée de ses conquêtes au-dehors, déchirée dans son intérieur, la France était encore inquiétée par une faction nouvelle qui éloignait le remède à tous ces maux, Le conseil des Cinq-cents, dans ce moment d'alarme, chercha moins à cacher le danger qu'à le prévenir en le déclarant ; il adopta une adresse au peuple français, rédigée par le député Français de Nantes, adresse énergique et très-propre à relever les courages abattus. « L'ambitieuse et sanguinaire maison d'Autriche » dit-il, les Anglais, ces ingénieux et perfides >> artisans de tous les crimes politiques, ont asso»cié à leurs projets la Porte et la Russie, et se » sont promis de se partager le territoire de la >> France, en sorte qu'il ne s'agit pas seulement » pour vous de savoir si vous serez libres ou esclaves; mais si vous serez Français ou Autri>> chiens.... L'étranger ne tient pas compte des >> diverses opinions qui ont pu vous diviser: il les >> confond toutes dans une haine commune ; il » suffit que vous soyez Français pour que vous » soyez coupables; il suffit que vous soyez indus>> trieux ou riches, pour qu'il désire vos dé

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pouilles ; que vous soyez libres pour qu'il désire votre servitude.... Le but de la nouvelle coa>>lition est de rappeler en Europe l'antique barbarie, de détruire toutes les lumières et toutes » les républiques, etc. »

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Le conseil des Cinq-cents ordonna l'impression de cette adresse stimulante, et sa distribution à six exemplaires.

Cette situation de la France offrit à quelques factieux un prétexte pour dénoncer et attaquer le gouvernement et ses ministres.

De-là les adresses alarmantes dont j'ai parlé. Réveillé sur les dangers de la France, le conseil des Cinq-cents prit, dans sa séance du 26 floréal, un arrêté portant qu'un message serait fait au directoire exécutif à l'effet d'obtenir des renseignemens circonstanciés sur la gestion de l'ex-ministre Schérer; sur l'exagération probable des états de présence relatifs à l'exercice des six premiers mois de l'an VII, et sur les causes du dénuement qui s'est manifesté tant dans le personnel que dans le matériel des armées, lors de la reprise des hostilités avec l'Autriche.

Le directoire venait alors de renouveler un de ses membres. Le 20 floréal il procéda au tirage au sort, pour, conformément à l'article 137 de la constitution, savoir lequel, des trois plus anciens membres, Barras, La Révellière-Lépeaux, Rewbell, cesserait ses fonctions. Le sort exclut Rewbell. Dans la séance du 22 floréal, le conseil des

Cinq-cents procéda à la nomination d'un directeur. Sur les quatre cent vingt votans, le général Lefebvre obtint trois cent trente-huit suffrages; Sieyes deux cent trente-six, et Duval deux cent seize. Le conseil des Anciens, dans sa séance du 27 floréal, choisit Sieyes, alors ambassadeur à Berlin; mais ce ne fut que le 17 prairial que l'on reçut l'acceptation de Sieyes : il ne fut installé que le 24 du même mois.

On fut surpris que Sieyes, nommé directeur en l'an IV, et ayant alors refusé cette fonction, l'acceptât en l'an VII.

On a déjà fait pressentir que, dans le corps législatif, il existait une faction dont les manoeuvres, quoique cachées sous le manteau du salut de la république, n'échappaient point aux yeux des membres clairvoyans, ni à ceux de quelques membres du directoire tels que La Révellière-Lépeaux, Merlin et Treilhard.

Cette faction, sans doute satisfaite de voir Rewbel sorti du directoire, ne l'était pas encore complètement; il entrait dans ses projets de composer la puissance exécutive d'une majorité de membres qui lui fussent dévoués, et de se débarrasser de Treilhard, Merlin, La Révellière-Lépeaux qui ne pouvaient lui convenir. Elle avait redouté Rewbell, à cause de sa fermeté et de ses connaissances diplomatiques; elle redoutait les talens, la droiture et la franchise de Treilhard, l'habileté de Merlin, et l'inflexible probité de La Révellière-Lépeaux. Voici

quelle marche elle suivit pour atteindre le but désiré.

Peut-être me trompé-je, mais les apparences et les résultats sont en faveur de mon opinion; je erois que la faction sentit le besoin de produire des désordres, de ramener, sous le prétexte de raviver l'esprit public, le régime de la terreur et ses élémens destructeurs, la licence de la presse et les clubs, de ramener des troubles afin de rendre nécessaire la présence d'un souverain modérateur, de lui préparer les voies, de lui mériter la reconnaissance publique en le mettant dans la position de rétablir l'ordre et le calme, et de recevoir le prix de ce service.

Il fallait aussi exagérer les malheurs de la république et en accuser le directoire.

Ce plan était médité, et chaque rôle depuis long-temps distribué; mais non assez secrètement pour que les anciens députés n'en eussent l'éveil '.

'Un jour le siége que j'occupais dans la salle du conseil des Cinq-cents se trouvait entre ceux de deux députés d'une opinion différente. Ces députés étaient Legot ou Quirot et Lucien Bonaparte; il s'éleva entre eux une vive querelle que je cherchais à calmer. Quirot disait avec chaleur à Lucien : Tu es un conspirateur, il y a près d'un an que tu conspires, je le sais. Lucien, autant que je m'en souviens, ne répondit à cette accusation que par des paroles violentes. Ils se donnèrent rendez-vous au bois de Boulogne, je ne crois pas que ce rendez-vous eut des suites. Ce fait tend à prouver que les anciens députés, très-expérimentés en matière de conspiration, avaient pressenti celle dont il est question.

Dans la séance du 9 prairial, Bertrand du Calvados fit au conseil des Cinq-cents une motion d'ordre tendante à demander la liberté illimitée de

la presse, même pour les journaux on jouissait de cette liberté, mais on voulait la licence; la presse était libre pour tous les auteurs de pamphlets; ils pouvaient impunément calomnier le gouvernement, et lors même qu'ils demandaient cette liberté ils en usaient très-amplement. Les journaux seuls étaient contenus dans quelques limites. Ils avaient le droit très-utile de censurer les actes du gouvernement, mais non celui de débiter des impostures et des sarcasmes contre lui. Ceux qui liront les pamphlets de cette époque seront convaincus de la liberté et même de l'extrême audace des écrivains.

Lecointe-Puiraveau répondit à Bertrand du Calvados. Il parla le langage de la raison et de l'expérience; il cita beaucoup, et, dans son discours improvisé, on remarque ces passages : « Observez ce » qui s'est passé, et vous verrez que cette licence » tolérée a été constamment le présage de quelque grand mouvement dans l'État. Toujours les fac>>tions ont signalé, par les excès de la presse, les » excès auxquels elles allaient se porter. Les conspirateurs ont ainsi d'avance annoncé leurs >> projets. >>

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Lecointe-Puiraveau fortifia ses assertions par faits. Néanmoins il fut souvent interrompu. Dans la séance du 18 prairial, Briot dénonça l'opéra d'Adrien où se trouvaient exprimés de

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