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formaient la première ligne ennemie, rencontrés par la cavalerie française, furent attaqués, mis en désordre, et frappés d'une telle épouvante qu'ils se précipitèrent les uns dans le lac de Mahadieh, les autres dans la mer, et s'y noyèrent presque

tous.

Cet événement étrange rendit le succès plus facile. Les Turcs de la seconde ligne firent une sortie vigoureuse qui déconcerta les colonnes françaises; mais Bonaparte s'étant présenté au combat avec une colonne nouvelle, rétablit l'ordre. Les Turcs se voyant tournés, trois ou quatre mille d'entre eux se jetèrent dans la mer; les autres périrent les armes à la main ou furent faits prisonniers. De ce nombre était Mustapha-Pacha, qui commandait l'armée ottomane; il avait vaillamment combattu. Les Français perdirent 300 hommes et plusieurs officiers. L'Anglais Sidney-Smith, qui faisait les fonctions de major - général du Pacha, faillit être pris; il eut beaucoup de peine à rejoindre sa chaloupe.

Tels furent, pendant les premiers mois de l'an VII, les exploits, les revers, les succès de l'armée française en Egypte, et ceux de son commandant en chef Bonaparte. Laissons ces contrées lointaines, et jetons un coup-d'œil sur l'état de la France et de son gouvernement.

La France et le gouvernement présentaient une physionomie peu ordinaire. On s'occupait alors de nouvelles élections. Plusieurs assemblées élec

torales s'étaient divisées en deux parties, et chaque division ou scission avait nommé ses députés. Le corps législatif jugeait ces scissions, validait les unes, annulait les autres. Le principe d'unité élective se trouvait violé. Cette procédure, inconnue jusqu'alors, devint dans les conseils un sujet de discorde. Les uns blâmaient les scissions comme opposées aux principes constitutionnels; les autres les approuvaient comme moyens conservateurs de la république.

De plus les députés intègres, que l'expérience avait instruits dans l'art de pressentir les complots, apercevaient les signes précurseurs d'une conspiration; ils crurent reconnaître ces signes dans ces adresses envoyées au corps législatif, et dans plusieurs manoeuvres sourdes qui se faisaient remarquer.

Une adresse, lue le 26 floréal au conseil des Anciens, et signée par deux cents citoyens de Grenoble; une autre adresse, lue le 30 floréal au conseil des Cinq-cents, offraient la peinture alarmante et exagérée des maux de la république, et ressemblaient à celles qu'en vendémiaire an IV les sections de Paris lisaient à la barre de la Convention.

Quelques autres communes firent de pareilles adresses. Différentes dans leurs formes, elles s'accordaient en cela qu'elles exagéraient les malheurs publics, et en accusaient le directoire, et surtout le général Schérer, à qui l'on reprochait son

impéritie, ses dilapidations et celles qu'il laissait faire. Ces accusations étaient exagérées, mais non dépourvues de fondement. Schérer, après avoir été ministre de la guerre, fut, au mois de pluviose an VII, nommé commandant en chef de l'armée d'Italie et de Naples : il y fit des mécontens. MilletMureau le remplaça dans son ministère.

Schérer, spécialement protégé par le directeur Rewbell, paraissait sincèrement attaché au gouvernement; mais il n'était pas doué de la capacité qu'on exige dans un général en chef, et plusieurs généraux qui combattaient sous ses ordres le surpassaient de beaucoup en talent et en activité. Toutefois en arrivant à l'armée d'Italie il obtint quelques succès; et le 6 germinal an VII il remporta une victoire notable; mais le 16 du même mois, dans une bataille qui dura sept heures, deux divisions de la droite de sa ligne, forcées à la retraite, obligèrent les divisions de gauche à se replier. L'armée abandonna ses positions et rétrograda.

Cet échec, qui pouvait être réparé, joint aux dilapidations dont Schérer était accusé, ne permit pas au directoire de le conserver dans son commandement. Ce général donna sa démission qui, le 2 floréal, fut acceptée. Le général Moreau fut nommé à sa place.

Quelques revers sur les bords du Rhin et l'évacuation du royaume de Naples par l'armée qui l'avait conquis, et qui put heureusement opérer

sa jonction avec l'armée d'Italie; le blocus de Mantoue, la prise de la ville de Milan par les armées ennemies jetèrent l'alarme, firent partout sentir leur supériorité en nombre, mais non en courage. A l'extérieur, les armées françaises combattaient pour se défendre et non pour conquérir.

L'intérieur n'était pas plus rassurant. Le brigandage désolait plusieurs départemens. Le député Français de Nantes, dans la séance du 8 prairial, parla «des crimes nouveaux des royalistes du Midi, » qui, enhardis par les succès des Autrichiens, » leurs complices, dans l'espace de peu de jours >> et dans le seul département de Vaucluse, avaient >> commis quatre assassinats. Deux agens munici» paux, ajoute-t-il, ont été lâchement assassinés; » deux républicains ont été tués à coups de hache.>> Dans la séance du 12 le député Sherlock confirma le récit de son collègue Français, y joignit de nouvelles circonstances, et cita plusieurs autres assassinats commis par ces bandes de voleurs.

Dans l'Ardèche, mêmes désordres. Des bandes de brigands organisés égorgèrent, au commencement de prairial, un percepteur des contributions et trois volontaires. Ils attaquèrent, au nombre de cinquante, un détachement de trente hommes de troupe de ligne qui escortaient la caisse des préposés de Joyeuse et d'Aubenas. Ces attentats furent dénoncés, dans la même séance du 12 prairial, par l'inspecteur des contributions de ce départe

ment.

Dans la séance du 13 de ce mois, le député Natoire dit que, dans le département des Bouchesdu-Rhône, et dans l'espace de deux jours, cinq hommes furent assassinés. « Vers la fin de prairial »> dernier un citoyen est tué dans la commune ⚫ d'Aix. Dans le même temps un courrier d'Italie » fut arrêté à deux lieues de cette commune. Un >>attroupement armé sur la même route tira sur » un voyageur allant à Saint- Cannat. Cet attrou» pement arrêta encore un autre courrier, et ils ▸ assassinèrent un des conscrits qui lui servaient » d'escorte.

› Dans le canton de Treste deux républicains. » sont assassinés le 28 floréal, en plein jour et » dans la campagne, et le citoyen Delveil, bátis»sant une maison, est assassiné le même jour sur » la place de la commune de Peynier. >>

Le même nous apprend que ces brigands se montrèrent dans cette commune vêtus en uniforme national, portant à leurs chapeaux des panaches tricolores. Les habitans, trompés par ces apparences, vinrent au-devant d'eux : bientôt ils reconnurent, dans cette bande, plusieurs émigrés de la commune de Treste.

Dans la même séance du 13 prairial, BoulayPaty annonça l'existence d'une bande de cent cinquante brigands qui commettaient les mêmes crimes dans les départemens de l'Ouest. Ils ont, dit-il, arrêté la diligence de Nantes, y ont cherché des sommes appartenant à la république, et enlevé à

T. V.

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