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Schwartzenberg, averti que les manoeuvres de Blucher avoient décidé Napoléon à diviser ses forces et à se porter de nouveau sur la Marne, résolut d'attaquer les corps des maréchaux Victor et Oudinot, alors en ligne devant la ville de Bar-sur-Aube, que les deux partis se disputoient depuis deux jours.

Dominé par des hauteurs boisées qui commandent la route de Troyes, Bar-sur-Aube est situé dans un vallon pierreux qu'arrose la rivière dont cette ville porte le nom. Le général comte de Wrede y étoit rentré le 26; le même jour les Français s'en étoient emparés derechef; les faubourgs seuls, au-delà de l'Aube, restoient au pouvoir des Bavarois. Au moment du départ de Napoléon, les deux maréchaux français reçurent l'ordre positif d'emporter les hauteurs de Bar avec leurs corps réunis, soutenus par deux divisions de cavalerie, et par plusieurs régimens venus d'Espagne.

Il s'agissoit de prévenir le mouvement offensif du prince Schwartzenberg, en délogeant les alliés de leur position de l'Aube, dont la défense étoit confiée aux cinquième et sixième corps d'armée sous les ordres des généraux Wrede et Wittgenstein. Les deux maréchaux d'empire réunis débouchent de la ville avec

'dix-huit à vingt mille hommes, et montrent une assurance telle qu'on les auroit dits soutenus par une autre armée d'égale force; ils font d'abord filer une forte colonne sur les hauteurs d'Arsonval et dans les bois de Levigny, pour envelopper le corps du général comte de Wrede,. en position derrière Barsur-Aube. Aussitôt le prince généralissime fait venir au secours des Bavarois le corps russe du général Wittgenstein, rassemblé devant Colombey, et il lui donne l'ordre d'attaquer les colonnes qui se portoient sur Levigny; mais rien ne peut arrêter les assaillans qui s'avancent avec intrépidité, bravant le feu à mitraille, culbutant les Russes, les forçant de se replier sur les réserves confiées au prince Gortschakoff, et restant maîtres enfin des bois et de la hauteur.Tous les efforts des maréchaux ducs de Bellune et de Reggio tendent alors à gagner le sommet de la côte de Vernonfait, devenu le centre et le pivot de la position de l'ennemi. Ils manœuvrent pour s'ene mparer, tandis que les masses de leur cavalerie chargent l'aile droite des allés. Cependant, vers midi, les colonnes russes s'étant fortifiées sur le centre par l'arrivée de la totalité de leurs corps, se forment,

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déploient, et font jouer leur artillerie formidable contre les assaillans. Le prince généralissime saisit cet instant décisif pour ordonner une attaque générale sur tous les points que venoient d'enlever les Français.

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Tandis que la cavalerie du général Pahlen, soutenue par la division du prince Eugène de Wurtemberg, s'efforce de les prendre à dos par les hauteurs d'Arentières et de Levigny,' les réserves d'infanterie russes et une division des cuirassiers les chargent et les repoussent des premières sommités. Ebranlés par ces attaques combinées et successives, foudroyés par l'artillerie, les conscrits lâchent le pied, et jettent le désordre dans les colonnes d'attaque; vainement les généraux cherchent à les rallier pour les ramener au combat; en vain la cavalerie du général Milhaud charge trois fois pour soutenir l'infanterie. Les bataillons venus d'Espagne déploient l'ardeur la plus belliqueuse; mais ils sont écrasés. L'artillerie russe avoit pris position, et tiroit à mitraille. Elle rejeta la cavalerie en désordre; des régimens entiers de dragons, le quatrième et le seizième notamment, furent presque anéantis.

Cependant de fortes masses se maintenoient encore sur les hauteurs d'Arsonval; mais le

général Wolkman, par deux attaques de flanc, enleva cette position de concert avec le colonel bavarois de Hertling. Le général comte de Wrede donna aussitôt l'assaut à Bar-surAube, s'empara de la ville, et compléta ainsi la victoire. Les colonnes françaises en retraite, forcées d'abandonner les défilés, furent chargées par la cavalerie du général Pahlen, à leur passage sur le pont de Daulancourt; elles se replièrent en désordre sur Vandoeuvres, laissant le champ de bataille couvert de morts et de blessés, abandonnant à l'ennemi deux canons et huit cents prisonniers, parmi lesquels se trouvoit le colonel Moncey, frère du maréchal. Le soldat indigné se plaignoit hautement d'avoir été sacrifié dans une entreprise téméraire, et mené au combat, exténué de fatigue et de faim.

Toutefois il fallut aux alliés la supériorité du nombre, et toute leur constance pour triompher de l'impétuosité française. La victoire fut tellement disputée, que dans la chaleur de l'action, le généralissime prince Schwartzenberg et le général comte Wittgenstein furent légèrement blessés l'un et l'autre, revenant à la charge à la tête de leurs colonnes.

Telle fut la seconde bataille de Bar-sur'Aube, dont l'armée française n'auroit pas eu à déplorer le résultat, si Napoléon n'avoit sacrifié réellement cette partie de ses forces, pour masquer son mouvement sur la Marne (1). Le prince Schwartzenberg passa l'Aube le 28, poursuivit les Français au-delà, et le même jour il établit ses avant-postes de cavalerie près de Magny et à Val-Suzenai.

Cette défaite eut le double inconvénient d'exposer de nouveau la ville de Troyes, et de laisser à découvert le maréchal Macdonald avec son corps d'armée, à la Ferté-sur-Aube et à Clairvaux. A la réception de la dépêche qui lui conféroit le commandement des forces opposées à la grande armée austro-russe, it n'avoit déjà plus aucun moyen de prévenir le mal ou de le réparer. La victoire et la prise de Bar favorisoient les mouvemens de l'ennemi sur tous les points de la Seine et de l'Aube, encore occupés par les troupes françaises. Le maréchal Macdonald avoit pris position. sur les hauteurs de la Ferté-sur-Aube, qui sont inattaquables de front; mais dès le 28 février le général comte Giulay ayant opéré

(1) Voyez Pièces justificatives, No, XLIV.

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