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de cavalerie sur la chaussée, vers Soissons, et une forte batterie près de Semilly, dont le canon des alliés ne pouvoit ralentir le feu. II ordonne ausitôt à la cavalerie combinée d'arrière-garde d'avancer et de tourner le flanc gauche de l'armée française; il établit en réserve les corps russes de Sacken et de Langeron, et fait avancer les trains d'artillerie.

En même temps, le général comte Woronzow se détache de l'aile droite, marche avec son infanterie, et porte en avant deux bataillons de chasseurs qui repoussent les avantpostes français du village de Semilly, tenant ainsi en échec la gauche de Napoléon jusqu'à l'arrivée de la cavalerie alliée.

Le feld-maréchal dirige aussi une partie du corps de Bulow sur le village d'Ardon, que les Français abandonent également, après avoir essuyé un feu d'environ une demi-heure.

Cette double retraite du centre et de la gauche de la ligne française n'étoit que le résultat des ordres de Napoléon. Jugeant inattaquable de front la position de Laon, il avoit commandé lui-même le mouvement rétrograde de son armée, et, posté au village d'Arselle, il passa une partie de la journée à voir défiler ses troupes en retraite sur Chavignon. Mais

c'étoit une feinte, soit qu'il voulût attirer l'ennemi dans la plaine, soit qu'il méditât une tentative plus sérieuse.

Ses généraux étoient persuadés que s'il renonçoit à l'attaque de front, il essaieroit au moins de tourner Laon, en portant les troupes de son aile droite sur l'extrême gauche de l'ennemi, pour lui couper la route de Vervins et la retraite du Nord.

En effet, le maréchal duc de Raguse, après s'être dirigé le 8, à Corbeny, marchoit sur la chaussée de Reims à Laon, avec une avant-garde de seize bataillons d'infanterie, soutenue par de la cavalerie et de l'artillerie légère, pour couper à l'armée combinée la route sur Marle. A son approche les Prussiens abandonnent le village de Veslud. Bientôt le duc de Raguse aborde les postes avancés du corps d'armée du général York, formant l'aile gauche de l'ennemi; et faisant jouer une formidable artillerie de quarante bouches à feu, il continue son mouvement, plein de confiance dans un succès complet. Sa colonne d'attaque marche au pas de charge sur le village d'Athies, que défendoit le prince Guillaume de Prusse. Selon les relations des alliés, le prince Guillaume rencontra les Français à moitié

chemin, et les repoussa. Napoléon, dans son bulletin, obscur et vague, dit le contraire. Les mémoires de l'officier éclairé, qui m'a servi plus d'une fois de guide (1), affirment que la position d'Athies fut réellement enlevée et occupée par le maréchal duc de Raguse. Ce fait est d'ailleurs constaté dans un autre mémoire communiqué par un officier d'état-major prussien, d'où il résulte que le général York, forcé de se replier derrière Athies, brûla ce village pour assurer sa retraite. Instruit de l'échec de son aile gauche, le feld-maréchal Blucher la renforça aussitôt par ving-quatre escadrons, et par quelques batteries à cheval du corps de Wintzingerode.

Le duc de Raguse étoit à peine établi au village d'Athies qu'un gros de cavalerie ennemie fait contre ses troupes la manoeuvre qui n'avoit pu réussir à Craonne. A sept heures du soir, les cosaques surprennent par un houra général, son parc d'artillerie de réserve, et jettent le désordre et l'épouvante dans toute l'aile droite.

En vain le duc de Raguse se porte au secours du parc, les cosaques avoient eu le temps

(1) Journal militaire inédit du colonel comte Art. de L

d'enlever une trentaine de pièces de canon. En même temps le prince Guillaume de Prusse de concert avec les généraux Horn et Ziethen, et suivi par les divisions des corps d'York et de Kleist reprend l'offensive; il manœuvre sur le flanc et sur les derrières des corps français. Les prussiens, auxquels il est défendu de tirer, ne se servent que de la baïonnette, et enlèvent d'autres batteries après le premier feu.

Effrayés de cette surprise nocturne, les conscrits se dispersent, se réfugient dans les bois, et ne se rallient la plupart que les jours suivans. Quarante-six canons, cinquante chariots et près de deux mille prisonniers des corps du maréchal Marmont et du duc de Padoue restèrent au pouvoir des Prussiens. Cet échec inattendu déconcerta entièrement les projets de Napoléon; mais toutes les dispositions étoient réglées pour une attaque générale le 10 au matin; les ordres venoient d'être expédiés du quartier général de Chavignon, pour tourner le plateau de Laon par la droite, et par la gauche, en même temps qu'on l'attaqueroit de front.

Rien n'étoit plus hasardé qu'une pareille tentative, si elle n'étoit pas d'une exécution impossible. La moitié de l'armée pouvoit périr

en essayant de gravir le plateau; et en cas de revers, elle n'auroit eu pour retraite qu'un défilé de trois lieues d'étendue, entouré de marécages.

Malgré tant d'obstacles et de périls, Napoléon sembloit ne pouvoir se désister de son projet d'attaque, jugeant sans doute que l'effet moral d'une retraite équivaudroit à une bataille perdue. Plein de cette idée, le 10 au matin, il fait encore marcher son armée sous les murs de Laon. Le général Charpentier, avec une division de la jeune garde, enlève le village de Clacey sur la gauche de la position d'attaque un bois près de ce village est pris et repris plusieurs fois, et reste long-temps au pouvoir des troupes françaises. L'infanterie russe du général Woronzow y étoit engagée. Au centre et à la gauche les Français se maintinrent long-temps avec une intrépidité toujours égale. Environ une heure avant le cou-cher du soleil, Napoléon, en proie aux réflexions les plus tristes, essaya de pousser en avant un corps de tirailleurs, soutenu par deux bataillons d'infanterie, le reste du centre et de l'aile gauche restant en réserve; le village de Semilly fut attaqué de nouveau; mais deux bataillons prussiens du corps du général By

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