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» que les autres Etats acquièrent de sécurité >> accroît également la sienne, et par consé»>quent ajoute à sa puissance véritable. Ce » qu'elle ne conserve pas de ses conquêtes ne >> doit donc pas être regardé comme retranché

» de sa force réelle.

» La gloire des armées françaises n'a reçu » aucune atteinte; les monumens de leur va>> leur subsistent, et les chefs-d'œuvre des » arts nous appartiennent désormais par des » droits plus stables et plus sacrés que ceux de » la victoire.

» Les routes de commerce, si long-temps » fermées, vont être libres. Le marché de la » France ne sera plus seul ouvert aux produc» tions de son sol et de son industrie. Celles » dont l'habitude lui a fait un besoin, ou qui >> sont nécessaires aux arts qu'elle exerce, lui » seront fournies par les possessions qu'elle >> recouvre. Elle ne sera plus réduite à s'en priver, ou à ne les obtenir qu'à des condi>>tions ruineuses. Nos manufactures vont re» fleurir; nos villes maritimes vont renaître, >> et tout nous promet qu'un long calme av » dehors et une félicité durable au dedans s » ront les heureux fruits de la paix.

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» Un souvenir douloureux vient toutes

» troubler ma joie. J'étois né, je me flattois » de rester toute ma vie le plus fidèle sujet du » meilleur des rois; et j'occupe aujourd'hui » sa place! Mais du moins il n'est pas mort >> tout entier : il revit dans ce testament qu'il >> destinoit à l'instruction de l'auguste et mal» heureux enfant auquel je devois succéder! >> C'est, les yeux fixés sur cet immortel ou» vrage; c'est, pénétré des sentimens qui le » dictèrent; c'est, guidé par l'expérience et » guidé par les conseils de plusieurs d'entre » vous, que j'ai rédigé la charte constitution» nelle dont vous allez entendre la lecture, et » qui asseoit sur des bases solides la prospé→ » rité de l'Etat.

» Mon chancelier va vous faire connoître » avec plus de détail, mes intentions pater>> nelles. »

Une émotion profonde, un sentiment d'attendrissement et de reconnoissance avoient pénétré toute l'assemblée pendant la durée de ce discours que le monarque avoit prononcé avec une expression noble et touchante; la salle retentit de nouvelles acclamations et d'applaudissemens unanimes.

Le roi ordonna au chancelier de France (1) (1) M. d'Ambray.

de donner communication de la charte constitutionnelle alors la séance prit un autre caractère; la nation alloit connoître ses droits et ses devoirs. Le plus profond silence régna de nouveau.

M. le chancelier prit la parole, et exposa, par une suite de considérations pleines de force, de sens et d'éloquence, les motifs et les autorités qui avoient dicté les principaux articles de la charte dont M. Ferrand, ministre d'Etat, fit ensuite la lecture.

Elle fut couverte d'applaudissemens. Il sembloit qu'une voix descendue du ciel étoit venue consoler les humains de leurs longues calamités.

Après cette communication, M. le chancelier donna lecture de la liste des personnes appelées par le choix du roi à composer la Chambre des Pairs, et aussitôt les Pairs de France prêtèrent le serment entre les mains du monarque.

La même prestation eut lieu dans les mêmes termes de la part des membres de la Chambre des Députés des Départemens. Les cris de Vice le Roi! et des acclamations réitérées suivirent ces actes solennels.

Le roi reprit alors la parole, et donna

ordre aux membres de la Chambre des Pairs de se rendre au palais du Luxembourg pour y former immédiatement cette Chambre; celle des Députés se forma en même temps dans la salle du Corps-Législatif.

Le roi rentra aux Tuileries au milieu des signes les plus éclatans et les plus unanimes. des sentimens qu'avoient inspirés les paroles émanées du trône, et cet acte social, si digne d'être présenté à des Français par le plus sage et le plus éclairé des princes.

Deux jours après la promulgation de la charte royale, la Chambre des Députés vota une adresse de remercîmens au roi, qui fut présentée le 6 juin à Sa Majesté. Elle contenoit l'expression de la plus vive reconnoissance,

et se terminoit ainsi :

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Oui, Sire, tous les intérêts, tous les » droits, toutes les espérances se confondent » sous la protection de la couronne. On ne » verra plus en France que de véritables ci»toyens, ne s'occupant du passé qu'afin d'y » chercher d'utiles leçons pour l'avenir, et » disposés à faire le sacrifice de leurs pré»tentions opposées et de leurs ressentimens. » Les Français, également remplis d'amour » pour leur patrie et d'amour pour leur roi, » ne sépareront jamais dans leur cœur ces

>> nobles sentimens, et le roi que la Provi» dence leur a rendu, unissant deux grands >> ressorts des Etats anciens et des Etats mo» dernes, conduira des sujets libres et récon» ciliés à la véritable gloire et au bonheur » qu'ils devront à Louis-le-Desiré.

» Je suis profondément sensible, répondit >> le roi, aux sentimens que me témoigne la » Chambre des Députés des départemens.Dans >> tout ce que vous me dites au sujet de la » charte constitutionnelle, je vois le vois le gage de » ce concours de volontés entre la Chambre » et moi, qui doit assurer le bonheur de la >> France. Les derniers mots de votre adresse » me touchent vivement. Bien des noms ont » été donnés par l'enthousiasme, mais dans >> celui que le peuple français, qui a toujours » été distingué par son amour pour ses rois, » me décerne aujourd'hui par votre organe, » et que j'accepte de tout mon cœur, je vois >> l'expression des sentimens qui l'unirent tou» jours à son roi, et qui firent ma consolation » dans les temps de ma longue adversité. »

Ainsi, après de si longs malheurs, la France avoit enfin un roi puissant sans être absolu, une constitution libérale sans être anarchique, et cette balance des trois pouvoirs, dans laquelle résident la liberté et la tranquillité du

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