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prussiennes se dirigèrent vers la Belgique, par les provinces du nord; les armées russes, divisées en cinq grands corps de quarante à cinquante mille hommes, infanterie et cavalerie, se mirent en marche vers le Rhin, pour se porter ensuite sur l'Oder, par Cologne, Coblentz, Mayence, Manheim, Stolhofen et Carlsruhe; les quatre premiers corps étoient précédés par quatre colonnes de cosaques.

Les armées autrichiennes et allemandes s'avançoient aussi vers le Rhin, en six corps d'armée; elles effectuèrent bientôt leur rentrée en Allemagne; les Badois, par la ville de Spire; les Bavarois, par Creuznach; et les cinq corps autrichiens, par les autres routes, depuis Biberach jusqu'à Philisbourg. Ces grands mouvemens de troupes s'exécutèrent dans le courant de juin, au moment même où les régimens de toute arme de l'armée française étoient en marche sur toutes les lignes d'étape, pour occuper leurs garnisons, et recevoir une organisation nouvelle.

Ainsi, quatre cent mille soldats étrangers, après avoir passé le Rhin en ennemis, après avoir occupé notre territoire, repassoient le fleuve comme des libérateurs et des alliés. Ils

étoient restés quelques mois au milieu de nous; mais nos armées n'avoient-elles pas résidé plusieurs années au milieu d'eux? Ils venoient de vivre à nos dépens il est vrai; mais pendant combien d'années n'avions-nous pas épuisé leurs pays? Avoient-ils obtenu la restitution de tant d'énormes contributions en numéraire? Qu'emportoient-ils, en retour des objets d'arts et des monumens enlevés dans presque toutes les contrées de l'Europe? La tête de bronze de la statue colossale de Napoléon. Ils venoient de nous accabler une fois, et nous avions inondé leur patrie à plusieurs reprises, après les avoir presque toujours vaincus pendant vingt ans. Ils venoient d'entrer à Paris en libérateurs; et nous étions entrés en conquérans à Madrid, à Vienne, à Berlin, à Moscou. C'étoit nous qui, en franchissant le Rhin pour les aller chercher, leur avions appris à passer le Rhin pour envahir notre territoire.

Si nous étions vaincus, c'étoit en modération et en générosité. Le roi seul avoit désarmé les vengeances, et arrêté le cours des représailles. Etranger à toutes les plaintes des alliés, à tous les reproches, à toutes les récriminations, lui seul avoit le droit de faire valoir sa neutralité; ses mains étoient pures

de tout le sang versé depuis vingt-deux ans; mais la nation, blessée dans son amourpropre, frappée dans ses intérêts, contrariée dans ses espérances, humiliée de tous les sacrifices qu'un insensé avoit arrachés à sa crédulité et à son orgueil, n'étoit point encore assez calme pour apprécier les bienfaits qui devoient la rassurer et la consoler; d'ailleurs, tel étoit le bouleversement de toutes les idées que, depuis vingt ans, la génération qui s'élevoit, ne soupçonnoit pas même qu'un peuple pût exister au sein de l'ordre et de la paix.

Celle de Paris offroit encore l'immense avantage de ne laisser aucun germe de discorde avec les autres puissances. Les Français étoient les seuls dont le repos alloit commencer à l'instant même; le reste de l'Europe, encore en armes, avoit à régler des prétentions compliquées, quand déjà la France jouissoit de toute la plénitude d'une heureuse pacification; toutes ses relations étoient rétablies. Respect et reconnoissance pour l'auguste monarque, dont le premier bienfait fut de substituer la paix universelle à une guerre d'extermination!

Après avoir rendu le calme à laFrance; après l'avoir délivrée du poids énorme de quatre cent mille soldats étrangers, le roi se hâta de don

ner à son peuple une constitution libérale. Sans doute, le successeur d'un tyran eût pu régner aussi sur des esclaves : les adorateurs et les panégyristes du pouvoir étoient tout prêts; ils réclamoient, non un père indulgent, mais un maître exigeant pourvu qu'il fût prodigue. Louis XVIII ne voulut régner que par les lois. Il alloit appeler une nation, et une nation alloit se montrer.

Le 4 juin s'ouvrit la séance royale dans la salle du corps législatif. Des acclamations non interrompues de Vive le Roi! accompagnèrent le monarque et son cortège depuis les Tuileries jusqu'au Palais-Bourbon. Jamais la majesté royale n'avoit paru environnée de plus de splendeur et de bienveillance.

Le roi, précédé d'une députation du corps législatif, suivi des princes du sang et des maréchaux de France, entra dans la salle, et aussitôt l'assemblée entière se leva aux cris mille fois répétés de Vive le Roi! Vivent les Bourbons! Ces accens unanimes se mêloient au bruit du canon de la paix, et au son d'une musique mélodieuse qui se faisoit entendre au dehors. Les acclamations redoublèrent quand le roi, s'approchant de son trône, on vit la plus illustre noblesse de France, les plus

braves généraux de l'armée, les ministres et les hommes d'Etat les plus recommandables se placer autour du monarque, et partager le respect et l'enthousiasme qu'inspiroit sa présence.

S'étant assis et couvert, le roi, environné de tout l'appareil de la grandeur, prit la parole, et prononça d'une voix ferme et sonore le discours suivant, qui restera éternellement gravé dans le cœur de tous les Français.

<< Messieurs, lorsque pour la première fois je viens dans cette enceinte m'environner » des grands corps de l'Etat, des représen» tans d'une nation qui ne cesse de me pro» diguer les plus touchantes marques de son » amour, je me félicite d'être devenu le dis» pensateur des bienfaits que la divine Pro>>vidence daigne accorder à mon peuple.

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» J'ai fait avec l'Autriche, la Russie, l'Angleterre et la Prusse, une paix dans laquelle » sont compris leurs alliés, c'est-à-dire tous » les princes de la Chrétienté. La guerre étoit » universelle; la réconciliation l'est pareille

ment.

› Le rang que la France a toujours occupé >> rmi les nations, n'a été transféré à aucune ae, et lui demeure sans partage. Tout ce

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