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bruyans et plus marqués. Tous les partis réunis en un seul (celui de la restauration), s'abandonnèrent à la joie de la nature. Arles, Toulon, Marseille, Brignoles, rivalisèrent d'enthousiasme. A Marseille, le peuple fut en proie à une sorte de délire. Les magasins étoient fermés; les rues, les places, les promenades, étoient couvertes d'une population entière dans l'ivresse, chantant, dansant au son du tambourin : c'étoient des farandoles continuelles.

Ainsi la marche de la restauration, dans les différentes provinces du royaume, fut modifiée suivant le caractère des peuples, les dispositions locales, et celles des autorités civiles. Dans les places fortes du nord et de l'est, le mouvement fut subordonné à l'impulsion des autorités militaires prédominantes, qui, partout, embrassèrent franchement la révolution.

<< Les hommes sans peur et sans reproche, dit » le comte Morand, gouverneur de Mayence(1), » sont les vrais soutiens du trône et de la patrie. > Notre devoir est dans ces mots : Obeissance » et fidélité. »

« Ce seroit, dit le général Carnot, gouver

(1) Ordre du jour du 15 avril,

>neur d'Anvers (1), nous mettre en révolte » contre l'autorité légitime, que de différer

plus long-temps de reconnoître la dynastie » des Bourbons. L'avènement du nouveau roi >> au trône de ses ancêtres sera bien plus glo» rieux, appelé par l'amour des peuples, que » par la terreur des armes. »

Le 10 avril seulement, le récit des événemens qui venoient de sauver la France étoit parvenu dans les murs de la place de Metz,' et à l'instant même les habitans, dirigés par un préfet qui avoit défendu Louis XVI jusqu'à la dernière marche de son trône (2), ouvrirent leur cœur à l'espérance, et manifestèrent leur joie.

Lille fut troublée un instant; mais la fermeté, la sagesse, le dévouement du général en chef, comte Maison, continrent les troupes nombreuses qui garnissoient la place, et qui,' échauffées par des hommes pervers, s'étoient portées à l'insubordination et à la désobéissance, tandis que toutes les armées suivoient, sans aucune hésitation, l'impulsion nationale.

« L'armée, avoit dit le maréchal Berthier,

(1) Proclamation du 17 avril.

(2) M. de Vaublanc, membre de l'assemblée législative en

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major-général (1), l'armée essentiellement >> obéissante n'a pas délibéré; elle a manifesté » son adhésion quand son devoir le lui a per

mis. Fidèle à son serment, elle sera fidèle » au prince que la nation française appelle au » trône de ses ancêtres. »

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Tous les officiers supérieurs et les chefs de corps, tous les généraux de terre et de mer, après avoir transmis successivement leur adhésion, signoient individuellement la promesse de fidélité.

Dès le 8 avril, le maréchal Jourdan et les soldats de la quinzième division militaire avoient juré obéissance à Louis XVIII, et arboré la cocarde blanche.

Ceux qui combattent depuis vingt ans » pour la gloire, mandoit le maréchal Suchet » au gouvernement provisoire (2), dévoue>> ront leur cœur et leurs bras à une cause >> noble et pure; au retour d'une constitution »sage, et à celui du prince, héritier de » Henri IV, le gage du repos de l'Europe. » Essentiellement obéissante et nationale, » l'armée des Pyrénées, dit aussi le maréchal

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(1) Quartier-général de Fontainebleau, le 11 avril. (2) Quartier-général de Narbonne, le 14 avril.

» Soult (1), doit se conformer au vou de la

>>> nation. »

L'armée française d'Italie déposoit également aux pieds du roi, par l'organe de ses généraux (2), l'hommage de sa fidélité et de son obéissance.

« Vous êtes déliée de vos sermens, dit le » maréchal Augereau à l'armée du Rhône (3); » vous en êtes déliée par la nation en qui ré» side la souveraineté ; vous l'êtes encore par » l'abdication d'un homme qui, après avoir >> immolé des milliers de victimes à sa cruelle » ambition, n'a pas su mourir en soldat.

» Jurons fidélité à Louis XVIII, et arbo» rons la couleur vraiment française.

>>

Tels furent dans tout le Royaume et aux armées les heureux progrès de la restauration; mais en même temps l'opinion publique ne cessoit de s'élever contre l'acte constitutionnel décrété par le Sénat. Selon les esprits les plus modérés, ce système de constitution, la manière dont il étoit conçu, le moment où il se produisoit, ses formes même ne remplis

(1) Quartier-général de Castelnaudary, 19 avril.

(2) Le lieutenant-général comte Grenier, etc. Quartier-général de Pavie, le 25 avril.

(3) Quartier-général de Valence, le 16 avril.

soient ni le vœu ni l'attente de la nation. La proposition seule avoit fait diversion à la joie publique depuis ce moment elle avoit cessé d'être pure et sans mélange. Toute la nation désavouoit cet acte constitutionnel, comme lui étant étranger. On l'avoit brûlé publiquement dans le midi; à Bordeaux, en plein théâtre; à Nantes, par la main du bourreau.

>>

Les plus fougueux adversaires du sénat s'écrioient, en apostrophant les sénateurs : « De >> quel droit usurpez-vous tant d'honneurs et » de richesses? Les dépouilles du peuple n'ont plus rien d'affligeant pour vous quand il s'agit de vous les partager et de les trans» mettre en héritage à vos familles. Mais si » vous vous arrogez de si énormes récom>> penses, qu'offrirons-nous à nos guerriers, » à ces braves Français qui ne furent jamais » coupables que d'une erreur en croyant mou>> rir pour la patrie, lorsqu'ils servoient l'am»bition d'un seul homme ? Qu'offrirons-nous » à ces négocians honnêtes et industrieux >> tant de fois ruinés par vos sénatus-con»sultes? Qu'offrirons-nous à ces manufa» turiers, à ces artistes toujours étrangers >> à votre opulence, et dont les ateliers » ont vainement réclamé vos encouragemens

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