Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

tonnière. « Mes enfans, dit-il aux grenadiers » qui l'entourent, nous avons tous les mêmes » sentimens, portons tous la même couleur, qui est celle de notre Roi. » En un instant tous les grenadiers imitèrent le prince. Ce fut la veille d'un beau jour.

«

Le lendemain, S. A. R., vêtue d'un habit de garde national, monta sur un cheval blanc, et se dirigea vers Paris. On vit accourir de tous côtés, à sa rencontre, une foule immense qui ne cessoit, par ses acclamations, de témoigner sa vénération et son amour à un prince si long-temps le jouet de la fortune.

Entouré de plusieurs grands officiers et officiers de sa maison, MONSIEUR approchoit des barrières, quand on aperçut un groupe de maréchaux de France, qui s'étoient portés en avant. Dans cet illustre cortége, on voyoit mêlés ensemble les enfans des anciens héros de la France et les héros qui l'ont illustrée de nos jours le brave maréchal Ney et le vainqueur de Valmy, étoient réunis dans un sentiment commun avec les descendans des Montmorency et des La Trémouille. Monseigneur, dit le maréchal Ney, en por->> tant la parole au nom de ses frères d'armes, >> nous avons servi avec zèle un gouvernement

[ocr errors]
[ocr errors]

>> qui nous commandoit au nom de la France. » V. A. R. et S. M. verront avec quelle fidélité » et avec quel dévouement nous saurons servir » notre roi légitime. Messieurs, répondit » le lieutenant-général du royaume, vous avez » illustré les armes françaises; vous

avez

porté dans les contrées les plus éloignées » la gloire du nom français; à ce titre le roi >> revendique tous vos exploits; tout ce qui a » été fait pour la France n'a jamais été étran» ger au roi. »

Arrivé à la barrière de Bondy, le prince fut reçu par les membres du gouvernement provisoire, précédés et suivis du corps municipal et de nombreux détachemens de la garde nationale.

Organe du gouvernement, le prince Talleyrand, s'étant avancé vers S. A. R., lui parla en ces termes : «< Monseigneur, le >> bonheur que nous éprouvons en ce jour de » régénération sera à son comble si MONSIEUR >> reçoit avec la bonté céleste qui distingue » son auguste maison, l'hommage de notre » tendresse religieuse. Messieurs les » membres du gouvernement provisoire, dit » le prince, je vous remercie de tout ce que » vous avez fait pour notre pays. J'éprouve

» une émotion qui me prive du pouvoir d'expri» mer tout ce que je sens. Plus de divisions; » la paix et la France! Je la revois, et rien » n'est changé, excepté qu'il y a un Français » de plus. » A ces mots, les cris de Vive le Roi! Vive Monsieur! Vivent les Bourbons! retentirent de toutes parts. Le prince manifesta aussi au corps municipal la plus vive émotion, et répondit au discours du préfet de la Seine avec la plus touchante bonté. De la barrière de Bondy le cortége fit son entrée par le faubourg Saint-Denis. En passant sous la porte triomphale, MONSIEUR éprouva une telle émotion qu'il laissa tomber la bride sur le cou de son cheval, et joignant les deux mains, sembla dire: « Me voilà donc sous l'arc » de triomphe élevé à la gloire de mon aïcul; » me voilà au sein de cette chère patrie, que j'ai pleurée si long-temps.

[ocr errors]
[ocr errors]

Le cortége s'avança par la rue Saint-Denis, vers l'église métropolitaine. L'enthousiasme et l'allégresse de l'immense population de la capitale éclatèrent avec des transports inouïs, Les Français se hâtoient de porter sur le prínce auguste tous les sentimens de vénération et d'amour qui les ramenoient vers la race antique des Bourbons; ils reconnoissoient en lui le re

[ocr errors]

présentant de leur roi; l'illusion de sa présence leur rendoit déjà cette monarchie bienfaisante si impatiemment désirée. Les acclamations publiques étoient mêlées de sensibilité et d'attendrissement; un grand nombre de spectateurs ne purent retenir leurs larmes, La marche du prince étoit sans cesse retardée par la foule, et par les éclats de la joie universelle. Non-seulement toutes les rues que traversoit le cortége étoient remplies par les flots du peuple, mais les fenêtres, les balcons, les amphithéâtres et jusqu'aux toits de chaque maison étoient couverts de personnes des deux sexes, qui agitoient des mouchoirs blancs, en faisant retentir l'air des cris répétés de Vive le Roi! Vive Monsieur et ces cris se mêloient au bruit de la musique militaire, qui, sur toute la route, faisoit entendre l'air : Vive Henri IV. MONSIEUR répondoit à l'allégresse publique par les salutations les plus affectueuses; à tout moment, pour saluer la foule attendrie, il levoit en l'air son chapeau, surmonté de panaches blancs. La loyale bonté du prince, son expression vraie, la candeur d'amour et de confiance des Parisiens, formoient le tableau le plus touchant. C'étoit par des

mots simples, mais profonds dans leur simplicité, que le peuple exprimoit son bonheur. << Comme il ressemble à Henri IV, disoit l'un, >> c'est notre bon roi Henri lui-même; voyez, » disoit un autre, il a l'air bien content de se » trouver avec nous, il rit. » Tant le peuple étoit heureux, après vingt-cinq ans de malheurs inouïs, de retrouver le sourire de ses rois ! il sembloit dire : « Oui, nous aurons des rois

>>

français !» confondant toutes ses idées, toutes ses sensations dans ce sentiment unique. Un grand nombre d'officiers des armées alliées, mêlés dans le cortége ou parmi le peuple, confondoient leurs acclamations avec celles des troupes françaises et de tous les spectateurs, comme pour célébrer à la fois la fête de la restauration, de l'ordre social et de la paix universelle.

Au moment où le prince touchoit au pont Notre-Dame, on vit trois colombes voltiger autour de sa personne auguste, et se reposer tout à coup sur sa tête, circonstance qui ajouta à l'émotion publique. Il étoit près de trois heures, et le cortége n'étoit point encore arrivé à l'église métropolitaine. Des cris d'allégresse annoncèrent enfin son approche: ils furent entendus et répétés aussitôt par la foule des assis

« ZurückWeiter »