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» ont examiné s'il faut une nouvelle consti>>tution? Ils ont tranché net en disant : non, » il n'en faut pas. Que veulent-ils? La royauté

>> absolue. »

Ainsi, quoique les opinions fussent généralement prononcées contre la tyrannie, elles étoient divergentes sur le mode de restauration. Les uns réclamoient l'ancienne monarchie; d'autres en plus grand nombre vouloient une monarchie limitée ou constitutionnelle.

Mais si la crainte de retomber sous un pouvoir arbitraire, alarmoit quelques consciences, la plupart des Français, enfin éclairés sur le noble caractère de leur roi, et sur ses dispositions personnelles, étoient sûrs déjà d'y trouver la plus solide garantie en faveur de cette liberté sage et bienveillante qui fait respecter une nation au dehors, et qui la rend heureuse au dedans. On convenoit même que l'extrémité opposée à la tyrannie se faisoit appréhender de la part des Bourbons; car c'étoit sur cet écueil qu'avoit péri l'infortuné Louis XVI, et avec lui le bonheur et la liberté des Français. Mais ici tout indiquoit que le bon et tendre père réservé à la nation par la Providence, seroit aussi un habile pilote, et qu'il sauroit conduire au port le vais

seau de l'Etat, sauvé miraculeusement du naufrage. Ce roi, vraiment français, n'avoit-il pas fait des belles-lettres ses plus chers délassemens dans les temps les plus prospères; comme dans ses longs malheurs? Armé d'une instruction vaste, doué d'une mémoire qui saisit tout, d'un coup d'oeil prompt et sûr, n'avoit-il pas étudié, jusque dans leurs plus petits détails, toutes les parties de l'économie politique? Et c'étoit ce souverain que le Roi des rois envoyoit à la France, pour que, joignant la bonté à la force, il pût défendre ses peuples de leurs propres erreurs, et les préserver de nouveaux écarts. Qui donc pouvoit être plus en état qu'un tel monarque de s'assurer par lui-même des besoins et des vœux de ses sujets? Ainsi tout faisoit pressentir que le roi éviteroit ce double écueil, en offrant lui-même à la nation française, non pas une constitution fabriquée à la hâte comme celle du sénat, mais une grande charte, fruit des réflexions les plus profondes, et de cette haute sagesse que donnent, à un esprit supérieur, de longues infortunes, et l'exemple des bouleversemens politiques.

Ainsi un pouvoir modérateur alloit bientôt ravir aux méchans tous les prétextes de dis

corde, en proclamant cette clémence cé-, leste, jusqu'alors inconnue, qui devoit désarmer tous les partis et réunir enfin tous les Français en une seule famille. La patrie désolée, sur les bords de l'abîme, réclamoit l'appui et les lumières de son roi. On sut bientôt qu'il se faisoit précéder par son auguste frère le lieutenant-général du royaume, dont la présence étoit d'autant plus désirée, que l'agitation et l'inquiétude régnoient toujours dans Paris. On y sentoit le besoin de recevoir le premier gage de notre heureuse restauration : elle n'étoit plus douteuse; mais, à l'exception du conseil municipal, les autorités même les plus rapprochées du peuple, se renfermant dans un silence obstiné, ne publioient ni proclamation, ni aucun acte public pour reconnoître la dynastie des Bourbons. Les signes de l'ancienne monarchie n'étoient pas même encore admis d'une manière légale. Qui le croiroit? Les couleurs blanches se trouvoient constitutionnellement proscrites. La police provisoire, formée des débris de celle de Napoléon, les réprouvoit. Soumis à une censure nouvelle, les journaux même n'osoient s'expliquer ouvertement sur la cocarde blanche. Des fonctionnaires,

tièdes ou perfides, soutenoient qu'il étoit hors de propos de parler sans cesse des couleurs de l'ancienne France, et qu'il étoit possible que le roi lui-même voulût conserver la cocarde tricolore; comme si, rappelé par le vœu de la nation, le roi n'étoit pas celui de l'antique monarchie, le descendant de saint Louis et d'Henri IV, le souverain paré des mêmes couleurs. Après plusieurs jours d'incertitude et de débats, les réclamations des royalistes l'emportèrent, et l'ordre fut donné à la garde nationale d'arborer la cocarde blanche. Alors seulement finit cette espèce de guerre civile fomentée dans Paris dès les premiers momens de la restauration; alors les partisans de la cause royale purent porter librement les couleurs révérées que, jusqu'au dernier moment, les satellites de Napoléon avoient enveloppées dans une persécution manifeste.

Ce fut le surlendemain, 12 avril, que MONSIEUR, comte d'Artois, lieutenant-général du royaume, fit son entrée publique dans

Paris.

Dès la veille S. A. R. étoit arrivée au château de Livry. A peine en fut-on informé dans la capitale qu'un grand nombre de personnes

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de tout rang accoururent auprès du prince, comme pour lui faire entendre les préludes de l'allégresse publique on put s'enivrer de son aimable accueil et de sa bonté royale. En n'apercevant ni escorte ni gardes autour de sa voiture, on témoigna quelque surprise : « Je » n'en avois pas besoin, à travers la haie de >> cocardes blanches qui ne m'ont pas quitté depuis Vesoul jusqu'ici, dit le prince; j'arrive » à Paris avec d'autant plus de satisfaction, » que je suis sûr d'y apporter la paix générale. » La cocarde que vous voyez à mon chapeau » vient de m'être envoyée par l'empereur » d'Autriche. » La noblesse et la bonté respiroient dans toutes les manières de ce prince auguste. L'arrivée d'un détachement nombreux de la garde nationale de Paris offrit une scène touchante et animéc. MONSIEUR adressa à chacun les paroles les plus obligeantes et les plus affables. « J'aime l'habit que vous portez, leur » dit-il; je n'en aurai point d'autre pour mon » entrée dans Paris. Mes enfans, vos malheurs » expirent: notre unique soin sera de vous » les faire oublier! » A ces mots l'émotion, l'enthousiasme, s'emparent des gardes nationaux. Le prince fait apporter du ruban blanc, et en coupe un morceau qu'il met à sa bou

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