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de cette ville au général Bulow. Les alliés se répandent de plus en plus dans la Belgique, tandis que la Flandre française, agitée par des troubles intérieurs, est parcourue en tous sens par trois ou quatre mille conscrits réfractaires; ils se rendent maîtres du pays,' entre Lille, Armentières et Bailleul, et coupent toute communication avec Dunkerque.

Ainsi, toute la Belgique étoit soustraite à la domination de Napoléon, à l'exception d'Anvers. Le prince de Saxe-Weimar, commandant en chef l'armée combinée du Nord, portoit son quartier-général à Bruxelles.

Cependant, le général Bulow poussant ses avant-postes dans la direction de Mons, marchoit par le Hainaut en Picardie, pour se mettre en communication avec le corps russe de Wintzingerode, qui pénétroit par le Laonnois, le Soissonnais et la Champagne.

Bientôt toutes les barrières du Nord sont franchies. Le 14 février, le général Bulow fait son entrée à Avesne; il s'empare ensuite de la Fère, où il trouve des magasins considérables et un dépôt d'artillerie. Le 26, il occupe la ville de Laon, et là, fait sa jonction avec le général russe Wintzingerode. Dès le jour suivant, tous deux de concert, sẻ

portent vers Soissons, pour se réunir au feldmaréchal Blucher, alors. avec son armée entière, sur les deux rives de la Marne, entre Château-Thierry et Meaux. Déjà même un détachement, de troupes légères, commandé par Tettenborn, et appartenant au corps de Wintzingerode, a passé la Marne, et s'est porté à Fère-Champenoise, à dix lieues seulement de l'Aube.

Vitry, Châlons, Epernay, la Ferté-sousJouarre, sont au pouvoir du feld-maréchal Blucher, dont l'armée occupe ainsi quarante lieues du cours de la Marne depuis sa source jusqu'à Meaux. Les avant - postes français ayant abandonné le côté de la rivière opposé à Tréport, le général Sacken y porte son quartier-général, tandis que de fortes reconnoissances de cavalerie, poussées sur les derrières de l'armée, dans toutes les directions, la mettent à couvert de toute surprise. L'avant-garde russe du corps de Sacken étoit déjà dans les faubourgs de Meaux, sur la rive gauche, au pont placé à la sortie de la ville, sur la route de Nangis, pont que les généraux français, dans leur retraite, avoient fait couper.Quelques-uns des coureurs de Sacken s'étoient même avancés jusqu'à Lagny.

Ainsi, pour la troisieme fois, Paris se trouvoit sérieusement menacé. On y voyoit rentrer en foule des blessés et des fuyards; une inquiétude sourde agitoit de nouveau les esprits, et les courtisans n'affectoient plus qu'une appa-, rente sécurité.

Instruit du retour inopiné du danger, par l'arrivée de plusieurs courriers expédiés de Meaux et de Paris, Napoléon prit, le 27 fé vrier, la résolution de quitter Troyes, et de se porter rapidement sur les derrières de l'armée de Blucher, afin de renouveler, s'il étoit possible, les manoeuvres de Champeaubert et de Montmirail. L'opération paroissoit d'autant plus pressante, que les conférences de Lusigny, pour une suspension d'armes de quinze jours, venoient d'échouer. On n'avoit pu s'entendre sur la ligne de démarcation. Telle étoit la confiance de Napoléon et de ses partisans dans l'issue de la guerre, que l'aide-de-camp Flahaut dit au général autrichien Ducca, dans une des conférences : << Encore une défaite comme celle de Mon» tereau, et je parie, général, que vous êtes rejeté au-delà du Rhin. »

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Tous les efforts de Napoléon tendoient à obtenir ce résultat. Ainsi, en se reportant

avec célérité sur la Marne, il avoit en vue de dégager de nouveau sa capitale, et surtout de s'opposer à la jonction des corps de Bulow et de Wintzingerode, au gros de l'armée de Silésie, qui, par cette addition de forces, pouvoit s'élever bientôt à cent mille combattans, et ne plus trouver d'obstacles à ses entreprises.

En partant de Troyes, le 27, avec sa garde, Napoléon expédia au maréchal Macdonald, duc de Tarente, alors en avant de Bar-surSeine, le comte Arthur de Labourdonnaye, colonel aide-de-camp, porteur d'un ordre qui mettoit à la disposition du maréchal les corps d'armée du duc de Reggio et du général Gérard. Avec ces corps, réunis au sien le maréchal Macdonald devoit employer tous ses efforts à contenir la grande armée austrorusse, tandis que Napoléon attaqueroit de nouveau l'armée de Silésie; il devoit dérober, surtout au généralissime prince Schwartzenberg, la connoissance du mouvement de Napoléon; et, à cet effet, on imagina de faire crier sur toute la ligne française: Vive l'Empereur! comme s'il eût été présent.

Sans doute la commission de contenir cent mille combattans avec moins de trente

mille hommes, étoit aussi difficile qu'honorable ; mais Napoléon la confioit au maréchal Macdonald, qui réunit à l'intrépidité et au sang-froid, le rare talent de commander aux soldats, et de s'en faire aimer.

La même impétuosité qui avoit signalé la première expédition de Buonaparte sur la Marne, l'accompagna dans le début de celleci; mais, quelle différence dans les résultats! Ici, Napoléon alloit accélérer lui-même sa ruine.

Le 27 mars il partit de Troyes avec sa garde, et coucha le même jour au petit village d'Herbisse, à deux lieues au-delà d'Arcissur-Aube. Le lendemain 28 il se dirigea sur Sézanne par Fère-Champenoise. En route la cavalerie légère de sa garde avoit escarmouché contre les troupes légères de Tettenborn, restées en arrière pour observer les mouvemens de l'armée française. Attaquée par quatre mille hommes de la garde impériale, Tettenborn s'étoit retiré de Fère Champenoise à Vertus. Le même jour 28, Napoléon établit son quartier - général au château d'Esternay, situé entre la Ferté-Gaucher et Sézanne ; ces deux marches forcées le portèrent de nouveau sur les derrières de l'armée de

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