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de leurs maisons, et parcourent les rues; elles étoient désertes. La confiance renaît, on s'aborde, on se dit mutuellement que Toulouse est entièrement évacuée, que l'armée n'a pu la défendre. On cherche des yeux où sont les vainqueurs poussés bientôt par la curiosité vers les dehors de la ville, les Toulousains aperçoivent près de chacune des portes les divisions de l'armée combinée, rangées dans le plus bel ordre, et observant le plus grand silence, comme si elles eussent craint de troubler le repos de la ville. Leur maintien calme et affectueux excite et attire la confiance; on ne voit bientôt plus dans les alliés que des amis et des protecteurs. La foule s'accroît; la population entière accourt à leur rencontre; elle les appelle par ses désirs, par ses regards, de la voix et du geste. Les alliés restent immobiles jusqu'à l'heure fixée par leurs chefs. A huit heures une division imposante, surtout par sa cavalerie, entre par la porte SaintCyprien, traverse Toulouse aux acclamations d'innombrables spectateurs, et en sort le par faubourg Saint-Michel. D'autres divisions vont camper dans les villages environnans, marchent à la poursuite du maréchal Soult. Toulouse, délaissée par toutes ses autorités

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frappée long-temps de terreur par les proclamations du commissaire impérial Cafarelli; Toulouse abandonnée à elle-même, est bientôt entraînée par le sentiment. Le joug de fer sons lequel cette ville avoit gémi depuis tant d'années, étoit rompu; rendus à la liberté, ses habitans reconnurent bientôt que l'empire de Napoléon s'écrouloit de toutes. parts. Générations entières, numéraire, subsistances, tout avoit été enlevé avec des extorsions révoltantes: tout avoit été épuisé. Le peuple revenu à lui-même put comparer sans contrainte les temps heureux de l'ancienne monarchie avec les calamités du règne de l'usurpateur. Les Toulousains brûlent dès lors d'imiter les Bordelais, et de s'élancer vers le prince auguste, dont le nom vole déjà de bouche en bouche; des groupes royalistes se forment ; une sorte d'union sympathique rallie toutes les classes; la garde urbaine partage le sentiment général; un élan spontané saisit l'universalité des citoyens; on arbore la cocarde blanche: sur les places, dans les rues se font entendre les cris unanimes de Vive le Roi! Vivent les Bourbons! Vivent les Enfans d'Henri IV! Vice Louis XVIII! Partout le peuple manifeste une volonté ferme, et le

corps municipal, cédant au vœu général, revient à ses anciens maîtres; il arbore les signes de la restauration. Précédés du drapeau blanc, et escortés par la population entière, les magistrats vont au-devant de lord Wellington pour réclamer sa protection en faveur d'une partie de l'héritage sacré de Saint-Louis.

Vers dix heures Wellington paroît avec son état-major, et fait son entrée par le pont du faubourg Saint-Cyprien; quarante mille personnes des deux sexes se précipitent au-devant de lui, ne sachant comment exprimer leur joie et la sincérité de leur enthousiasme. Simple dans ses vêtemens, uni dans son maintien, Wellington n'en paroît que plus grand aux yeux de la foule empressée. Les cris fortement prononcés de Vive le Roi! Vive Wellington! retentissent de toutes parts, et alarment la prudence du général qui est encore dans une ignorance complète des événemens de Paris: aussi exprime-t-il hautement son opinion, essayant ainsi de réfréner un élan qui pourroit compromettre une ville intéressante; mais rien ne peut empêcher les sentimens de la multitude de se manifester par les cris redoublés de Vive le Roi! Vive Wellington!

Le noble lord entre à cheval avec son cor

tége dans la cour du Capitole : à l'instant il est enlevé, transporté, par le peuple dans toutes les salles, et présenté plusieurs fois au balcon à la foule assemblée; l'ivresse étoit générale. Enfin il prend place, et reçoit le conseil municipal.

M. Lanneluc, premier adjoint, lui adressa une harangue courte, pleine d'onction et de sagesse; organe de ses concitoyens, il implora la protection de l'illustre général en faveur d'une ville que, par sa magnanimité, il avoit rendue à jamais l'amie de la nation britannique, et qui venoit de prendre la résolution courageuse de soutenir les droits impérissables de ses maîtres légitimes. La voix de l'orateur fut couverte à l'instant par les cris répétés de Vive le Roi! Vivent les Bourbons! « Braves habitans » de Toulouse, répondit Wellington avec au» tant de simplicité que d'affection, je serois fâché que des Français si dévoués à la cause » de leur roi, fussent la victime d'un zèle » empressé, mais louable. Je ne dois pas vous » dissimuler qu'on traite encore à Châtillon, » et qu'on regarde la paix avec Buonaparte » comme une chose possible; je vous sou» tiendrai néanmoins autant qu'il pourra dé» pendre de moi; mais peut-être le temps.

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» n'est-il pas encore venu d'exprimer avec toute >> cette énergie vos nobles sentimens...... » A ces mots la multitude paroît se recueillir; après quelques minutes de silence, elle éclate par une explosion générale, et fait entendre avec plus d'unanimité encore les cris redoublés de Vive le Roi! Vive Wellington! Vivent les Bourbons! Ces cris se répètent,' se répercutent dans toutes les salles, et jusque dans les rues, avec de nouveaux transports. Touché jusques aux larmes des éclats d'un mouvement si beau de la part de tout un peuple, Wellington jette un regard de satisfaction et d'intérêt sur les Toulousains, et s'écrie avec un sourire gracieux: «< Eh bien, >> vous le voulez : Vive le Roi ! » A l'instant les acclamations et les cris d'allégresse redoublent et retentissent du Capitole jusqu'aux extrémités de la ville; la cocarde est universellement arborée; les fleurs de lis et le drapeau blanc remplacent au Capitole et sur toutes les tours le drapeau tricolore; on n'est plus occu pé qu'à détruire les signes du despotisme, et qu'à briser l'effigie du tyran. Bientôt, par un échange momentané, signe de la plus sincère confiance, les Anglais prennent la cocarde blanche, et les Toulousains unissent

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