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deux redoutes et des retranchemens sur la gauche. Dès lors Wellington, avec ses divisions victorieuses, s'empara facilement de la chaussée de Montaudron, qui conduit dans le Lauraguais, tournant ainsi l'armée du maréchal Soult, et lui fermant toutes les issues.

Tandis que ces grandes opérations s'effectuoient sur la gauche de l'armée combinée audelà de la Garonne, le lieutenant - général Hill, avec l'aile droite, délogeoit, en deçà, toute la gauche du maréchal Soult des ouvrages extérieurs du faubourg Saint-Cyprien; le lieutenant-général Picton renouveloit aussi ses attaques, et chassoit les troupes françaises de la tête de pont du canal près de la Garonne; mais sa division, ayant tenté de s'en emparer, fut repoussée avec perte. Le major-général Brisbane y reçut une blessure

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grave

Cependant l'armée, victorieuse sur presque tous les points, et particulièrement sur sa gauche, se trouvoit ainsi établie sur trois côtés de Toulouse; et, après avoir tourné l'armée française, elle la forçoit de se jeter dans la ville même, pour y trouver son salut. Le terrain n'étant pas favorable aux opérations de la cavalerie, elle n'avoit pas

eu occasion de charger ni d'un côté ni de l'autre; mais à peine Wellington vit-il la journée décidée en sa faveur, qu'il détacha sur-le-champ sa cavalerie légère, pour couper au maréchal Soult toute retraite par la route de Montpellier. La bataille avoit duré douze heures, depuis sept heures du matin jusqu'à sept heures du soir; toutes les positions étoient couvertes de morts, et la ville s'étoit remplie de blessés. On y avoit transporté, pendant l'action plusieurs officiers généraux de l'armée française; entr'autres, les généraux de division Harispe et Bouret; les généraux de brigade Berlier et Gasquet; le colonel du dixième d'infanterie de ligne, le chef de bataillon d'artillerie Marlincourt, qui dirigeoit les batteries, et un grand nombre d'autres offi ciers blessés plus ou moins grièvement : tous avoient secondé, avec autant d'intrépidité que de constance, les dispositions vigoureuses du maréchal Soult (1).

A cette journée de carnage, alloit succéder une journée d'effroi pour les habitans de Toulouse. Peu d'entr'eux avoient vu des combats; ils ne connoissoient la bataille sanglante qu'on

(1) Voyez Pièces Justificatives, No. LX

venoit de livrer sous leurs murs que par les détonations continuelles de l'artillerie qui s'étoient fait entendre, et par le sentiment de la pitié qu'avoit fait naître la vue de ce grand nombre de blessés qui, du champ de bataille. étoient transportés continuellement dans la ville. Mais lorsqu'une armée de vingt-deux mille hommes, enfoncée de toutes parts, s'y réfugia pèle-mêle, se jeta partout, se logea militairement, et commit tous les désordres insépa'rables d'une déroute; lorsque cette armée commença tous les préparatifs d'une défense acharnée et destructive, les malheureux habitans de Toulouse aperçurent l'affreuse perspective de l'abîme qui le lendemain alloit s'ouvrir sous leurs pas.

A neuf heures du soir, Wellington fit sommer la ville de se rendre; le maréchal Soult répondit qu'il étoit décidé à s'ensevelir sous des décombres, lui et son armée : tels furent les préludes de la journée du lundi 11 avril. Le lendemain les Toulousains virent l'armée française se fortifier, creneler les maisons, se distribuer dans l'enceinte murée pour défendre la ville à outrance; ils virent l'armée combinée occupant toutes les positions extérieures, dresser les batteries, les mortiers,

placer les projectiles inflammables, et maîtresse de tenter un dernier effort, tout disposer pour emporter la ville de vive force; alors ils se rappelèrent les désastres d'une ville prise d'assaut, les horreurs de Sarragosse et de Tarragone; chacun en redouta les funestes représailles, et cette journée fut bien plus cruelle à supporter que celle de la veille où l'on avoit été moins effrayé qu'étourdi. Les sommations furent renouvelées ; mais le maréchal Soult persista à vouloir s'ensevelir sous les ruines de Toulouse. On savoit que tout étoit prêt au camp de Wellington pour une attaque générale. Le silence de la terreur, avant-coureur des plus grandes calamités, étoit un présage funeste de celles qui menaçoient la ville. A neuf heures du soir le maréchal Soult assembla un conseil militaire, auprès duquel plusieurs députations de la ville furent introduites; toutes adressoient leurs supplications au maréchal, pour qu'il épargnât à la ville de Toulouse les malheurs dont elle étoit menacée; bientôt se joignirent à ces supplications réitérées les instances de plusieurs généraux; la voix de l'humanité et de la raison dompta enfin l'intrépide maréchal il céda à des forces égales en courage, supérieures

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en nombre; il fit tous ses préparatifs en silence, et abandonna la ville pendant la nuit.

L'histoire impartiale doit le dire à la louange du vainqueur : il pouvoit fermer toute issue à l'armée vaincue, l'exterminer en prenant la ville d'assaut; ou la forcer à capituler, par le défaut de subsistances; mais Wellington ne faisoit pas non plus la guerre à la nation française; il observoit d'ailleurs, avec une scrupuleuse exactitude, la parole qu'il avoit donnée à S. A. R. Msr le duc d'Angoulême. Cet auguste prince l'avoit conjuré de ménager la bonne ville de Toulouse; le magnanime général ne songea plus dès lors qu'à protéger et à garantir la vie et les propriétés de ses paisibles habitans; non-seulement il fit détourner le feu dirigé contre la ville, mais il laissa défiler sous le canon de l'armée anglaise, sans tirer un seul boulet, toutes les troupes du maréchal Soult par la seule route qui lui fût encore ouverte. Le maréchal, précédé de son artillerie et de ses bagages, dirigea sa retraite vers le Bas-Languedoc, sur Castelnaudary, laissant dans Toulouse près de deux mille blessés.

Au lever du soleil, les habitans étonnés de ne plus entendre le fracas militaire, sortent

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