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de circonférence, le faubourg Saint-Cyprien, séparé de la ville par un pont magnifique sur la Garonne. Les murailles de Toulouse, qui sont flanquées de tours rondes, placées de distance en distance, forment un rempart autour de la ville. On y entre par huit portes; la plupart de ses rues sont étroites et tortueuses, et ses maisons bâties en bois. On y trouve cependant plusieurs hôtels et quelques beaux édifices; entre autres, l'hôtel-de-ville, connu sous le nom de Capitole. Sa population, qui ne répond plus maintenant à la grandeur de la ville a baissé, depuis vingt ans, de quatre-vingt mille âmes, à cinquante-cinq mille: effet d'une révolution désastreuse et d'un cruel système de guerre. A la vérité, le génie des Toulousains se tourne plutôt vers les sciences et les lettres, que vers l'industrie et le commerce. Leurs mœurs, nobles et libérales, leur faisoient détester d'autant plus le gouvernement oppresseur de Napoléon. En vain son commissaire, comte Cafarelli, par un arrêté du 29 mars, venoit de déclarer en état de siège tout le département de la Haute-Garonne. « Il faut, avoit-il » dit, il faut que tout citoyen devienne soldat, >> et que tout fonctionnaire, sans exception, » donne l'exemple: Napoléon, patrie, hon

» neur, doivent être la devise des Français jusqu'au dernier moment de leur vie. »

Mais ce culte, érigé au despotisme par ses ministres et ses principaux affidés, ne trouvoit plus de zélateurs à Toulouse. La confédération royaliste y avoit étendu aisément ses ramifications, et cette ville aspiroit à imiter Bordeaux, et à devancer Paris; les traits qui signalèrent le grand événement que nous allons décrire, honorent Toulouse, où l'urbanité s'allie au patriotisme, et l'humanité au courage.

A peine le maréchal Soult eut-il trouvé un point d'appui sous ses murs, qu'il prit la résolution courageuse de s'y défendre par toutes les ressources de l'art militaire. Ses forces s'élevoient à quatre mille chevaux, à dix-huit mille soldats aguerris, et à six mille conscrits, parmi lesquels quatre mille étoient mal armés, et hors d'état de se battre. Il prit d'abord position entre la route d'Auch et de Saint-Gaudens, sa gauche appuyée sur le chemin de Muret, et sa droite sur la rive gauche de la Garonne, à une petite lieue audessous de Toulouse, décrivant ainsi le fer à cheval. Les habitans de cette ville furent en proie aux plus vives alarmes à la vue d'une

armée qui sembloit résolue de s'ensevelir plutôt sous ses ruines, que de la céder aux alliés, regardés comme des libérateurs. En effet, à l'approche d'une si grande crise, les Toulousains redoutoient plus leurs compatriotes que l'ennemi telles étoient les dispositions morales d'un peuple qui frémissoit sous le joug.

Le maréchal Soult, livré à ses propres forces, ne pouvant compter sur aucun appui, ni sur la coopération de la garde urbaine, se créa bientôt des moyens de défense. Il fit construire, comme par enchantement, autour de la ville, un vaste système d'ouvrage qui excita l'admiration des habitans, et l'étonnement de l'ennemi. Toulouse en étoit susceptible, se trouvant environnée de trois côtés par le canal de Languedoc et par la Garonne. Sur la gauche de cette rivière, le maréchal Soult forma une bonne tête de pont, et il fit élever autour du faubourg Saint-Cyprien de forts ouvrages de campagne en avant de l'ancien rempart. Il forma aussi une tête de pont à chacun des ponts du canal, défendus également par de l'artillerie. Mais ces fortifications n'étoient encore que les points avancés du grand système de défense conçu

par ce général. Au-delà du canal, vers l'est, et de là à la rivière d'Ers, Toulouse est protégée par un coteau, ou chaîne de collines, qui s'étend jusqu'à Montaudran, et que traversent toutes les routes qui conduisent à l'est, vers le canal et vers la ville. Indépendamment des têtes de pont, le maréchal Soult fit fortifier la croupe du coteau en y élevant cinq redoutes liées les unes aux autres par des lignes. retranchées, et qui furent improvisées avec une ardeur extraordinaire. Requis de vive force, et formant en secret des voeux pour un autre ordre de choses, les Toulousains mirent la main à la pioche et à la pelle; en trois fois vingtquatre heures, ils créèrent ce chef-d'œuvre de l'art, monument de la vivacité de leur caractère. Ces préparatifs de défense étant achevés, le maréchal Soult fit rompre tous les ponts sur l'Ers, à portée de l'armée ennemie, et par où elle eût pu aborder la droite de sa position.

Les dehors de Toulouse étoient déjà hérissés d'ouvrages, quand Wellington, trois jours après l'arrivée du maréchal Soult, parut avec toute son armée, forte de dix à douze mille chevaux, et de quarante à cinquante mille combattans. Il établit aussitôt ses lignes en forme de croissant, à trois quarts de lieue de dis

tance de la position formidable occupée par l'armée française.

L'intention de Wellington étoit d'attaquer dès le lendemain; mais il différa, ayant reçu l'avis que des partisans, mêlés à des compagnies franches, cherchoient à inquiéter les derrières de son armée, et que des rassemblemens formés dans les villes d'Hauterive, Cintegabelle, Saint-Hibar, s'étendoient vers Saint-Girons pour enlever ses convois et le harceler. Déjà même un convoi de boeufs venoit d'être pris. Wellington envoya sur ses derrières de gros partis de cavalerie anglaise, qui balayèrent le pays. En trois jours, tout rentra dans l'ordre; le peuple des campagnes cherchant partout à favoriser les opérations des alliés, et se prononçant contre les bandits, qui, sous prétexte de s'armer pour défendre la cause de Napoléon, ne cherchoient que pillage et déprédations.

Vivres, convois, munitions, tout arrivoit en abondance au camp de Wellington, qui payoit chaque objet au-delà de sa valeur intrinsèque, tandis que l'armée du maréchal Soult, dénuée de tout, ne voyoit rien arriver de ce qui étoit requis et fourni. L'accès du camp des alliés étoit libre et ouvert à quiconque alloit

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