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elle lui paroissoit encore redoutable, quoique découragée et dispersée. Ce fut pour frapper des coups plus sûrs que le noble lord suspendit un moment sa marche; l'état de la guerre dans le Nord lui faisoit d'ailleurs présager des événemens qui mettroient enfin un terme à l'effusion du sang humain. Informé toutefois que les opérations se poussoient avec plus de vigueur encore, et qu'on n'arracheroit la paix que par de plus grands sacrifices, il ordonna au maréchal Béresford de laisser une garnison à Bordeaux, et de se rallier à l'armée qui brûloit de reprendre l'offensive. Le maréchal laissa environ quatre mille hommes à Bordeaux, sous le commandement immédiat du lieutenant-général comte Dalhousie, et se replia sur l'Adour. Par son loyal dévouement à la cause des Bourbons, et par l'exacte discipline qu'il sut maintenir dans une ville si importante, lord Dalhousie se fit bientôt respecter et chérir. L'enthousiasme des Bordelais et leur amour pour l'auguste prince qui s'étoit jeté dans leurs bras, se maintenoit toujours plus ferme au milieu des incertitudes et des chances de la guerre. Ils avoient levé spontanément un impôt volontaire, sur leurs besoins, , pour subvenir aux dépenses royales.

Les artisans, et jusqu'aux pauvres de la ville, avoient brigué et obtenu l'honneur de former la garde du prince. Le marquis de la Rochejaquelein fut chargé de l'organiser, et en un clin d'oeil ce bataillon sacré, ayant pour chefs secondaires MM. de Gombault, Roger et de Martorie, s'éleva à six cents hommes, tous habillés et équipés. Pendant plusieurs jours Bordeaux avoit été illuminé, et ces marques de réjouissances n'avoient pas même cessé quand on avoit su qu'une division française se dirigeoit, avec des intentions hostiles, par la route de Périgueux. Non-seulement Bordeaux étoit menacé à l'est par ce corps d'armée, sous les ordres du général Decaen, mais encore au nord par la division du général Lhuilier; d'un autre côté la résistance du fort de Blaye interdisoit la libre navigation de la Garonne, et Bordeaux se trouvoit en quelque sorte isolé du reste de la France. Les bâtimens à voile ne pouvant remonter le fleuve que pendant la forte marée, l'amiral Penrose saisit ce moment favorable pour combattre un vaisseau de guerre embossé qui protégeoit la flottille; mais il alloit être arrêté ensuite par le canon de Blaye. On vit alors qu'on ne pour'roit réduire cette forteresse qu'en l'attaquant

de vive force. Déjà lord Dalhousie avoit passe la Gironde, et repoussé les troupes françaises jusqu'au-delà de la Dordogne. Le général anglais, ne connoissant pas le théâtre de la guerre, avoit pris pour aide-de-camp le marquis de la Rochejaquelein. Bientôt il passa lui-même la Dordogne près de Saint-André de Cubzac, dans l'intention de sommer le fort de Blaye. Arrivé dans la plaine d'Etauliers, il trouva posté près du village de ce nom le général Lhuilier et le général Des Barreaux. Là il y eut un engagement sérieux; et après une courte résistance, les Français, inférieurs en nombre, battirent en retraite, et laissèrent trois cents prisonniers. Le détachement des alliés s'approcha immédiatement du fort de Blaye, Les habitans de la ville n'ayant pu déterminer la garnison à capituler, venoient d'abandonner leurs maisons, ayant avec eux leur respectable maire, M. Duluc, qui, s'étant déclaré pour le roi, vint à Etauliers au-devant de lord Dalhousie. Déjà l'amiral Penrose avoit forcé l'entrée de la Gironde, et détruit la flottille; il bombarda le fort de Blaye, qui refusoit avec obstination de se rendre. S. A. R. le duc d'Angoulême en avoit le plan exact; mais il falloit un siége régulier pour s'empared

de cette forteresse. Lord Dalhousie revint à Bordeaux pour préparer l'attaque du côté de terre. Cette ville excita sa sollicitude; il voulut la mettre à l'abri de toute entreprise de la part des troupes françaises, qui s'avançoient par Périgueux pour opérer leur jonction avec la colonne du général Lhuilier.

Mais aucune résistance ne pouvoit plus arrêter l'élan de la restauration; déjà MM. de Mauléon et Malet de Roquefort avoient fait prendre la cocarde blanche, au péril de leur vie, à un corps de garde nationale d'élite qu'ils commandoient à la Teste. D'un autre côté, les mouvemens de la Vendée alloient correspondre avecceux de Bordeaux. M. de Mesnard, des environs de Luçon, ayant conçu le projet de faire déclarer Rochefort et La Rochelle, venoit de percer jusqu'à Bordeaux, afin d'obtenir de M le duc d'Angoulême des lettres de sa main pour entraîner les commandans militaires.

Le complot auroit éclaté le lundi de Pâques à La Rochelle douze cents conscrits cachés devoient se joindre à un parti dans la ville, tout prêt à ouvrir les portes aux royalistes conduits par M. de Saint-Marceau. L'insurrection du Poitou étoit aussi combinée avec

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ces tentatives. M. de Baschu, officier de dragons, s'étoit déjà concerté avec le comte de Suzanet, aux environs de Nantes; il venoit d'arriver à travers mille dangers, pour supplier S. A. R. de se mettre à la tête des royalistes de l'Ouest, et de se faire précéder par le marquis de la Rochejaquelein. La Vendée réclamoit quinze mille fusils et de la poudre. Trois cents canonniers garde- côtes avoient formé le hardi projet d'arrêter leurs officiers, le jour fixé pour l'insurrection générale, et d'arborer le drapeau blanc au moment même où le comte de Suzanet, dans le Bas-Poitou, et le comte Charles d'Autichamp, dans l'Anjou, feroient sonner le tocsin aux cris de Vive le Roi! On vit arriver aussi de l'ancienne Vendée un meûnier angevin, nommé Pierre Cochet, homme intrépide, qui avoit participé aux trois gue res civiles; le marquis de la Rochejaquelein le chargea d'aller soulever les environs de Mortagne.

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Bordeaux cependant n'étoit protégé que par le détachement de lord Dalhousie. A la vérité

les milices anglaises sollicitoient la faveur de voler à la défense de la capitale de la Guienne; déjà même le marquis de Buckingham s'étoit embarqué avec quatre mille

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