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de vivent les alliés ! mort aux Français ! Ils avoient marché au-devant des Prussiens et des Russes avec des bannières et des vivres : plus de soixante villages venoient de prendre part à ce soulèvement.

il

Arrivé à Avesnes, le lieutenant - général Wintzingerode y trouve plusieurs pièces de canon de bronze, des armes et des munitions ; y établit son quartier-général, au commencement de février, et annonce hautement qu'il se rend à Laon, pour, de là, marcher sur Paris. En même temps ses colonnes de gauche s'emparent des routes de Vervins et de Mézières; elles pénètrent jusqu'à Rethel, et se dirigent sur Reims. Cette ville ouvre ses portes à cent cinquante cosaques. Toute l'avant-garde russe y arrive. Maître de Reims, le général Czernicheff se dirige, avec quatre à cinq mille hommes de troupes légères, sur Soissons, et somme cette ville de se rendre.

Situé dans un vallon riant et fertile sur la rivière d'Aisne, à huit lieues de Laon et à treize lieues de Reims, Soissons, l'une des plus anciennes villes de France, mais déchue aujourd'hui, contient à peine huit mille âmes. Elle est dépourvue de fortifications, et aucun ouvrage n'en défendoit même les approches; à peine pouvoit-elle résister à un

coup de main. Cependant Napoleon avoit jugé sa position importante à cause de son pont sur l'Aisne, qui forme comme le débouché de presque toutes les grandes routes du Nord sur Paris; ce boulevard forcé, rien ne pouvoit plus s'opposer à la jonction des forces venant du Nord avec l'armée de Silésie manoeuvrant sur la Marne. On avoit réuni à Soissons mille hommes de garde nationale, et deux ou trois cents soldats de troupes de ligne. Napoléon venoit de confier ces troupes et la défense de la ville au général Rusca, Piémontais d'origine, officier intrépide et ardent, voué à ses intérêts depuis ses premières campagnes d'Italie. Echauffé par son zèle et par ses instructions, Rusca rejette toutes les sommations, et jure de se défendre jusqu'à la mort. Il fait créneler les maisons; il met seize pièces de canon en batterie; il range ses gardes nationaux en bataille. Ainsi, Soissons étoit destiné à éprouver le même sort que Sens et Nogent-sur-Seine, précisément à la même époque de la défense désastreuse de ces deux villes.

Après un combat assez vif, le 13 février, sur la route de Laon à Soissons, Czernicheff force la garnison de rentrer dans la place. Le lendemain, le général Wintzingerode attaque

lui-même Soissons des deux côtés de l'Aisne; il met d'abord douze pièces de canon en batterie, et l'un des premiers coups renverse le général Rusca, qui ne survit qu'une heure à sa blessure. Sa mort abat le courage des Soissonnais, et décide du sort de leur ville. Les troupes, accablées par des forces supérieures, lâchent pied et se réfugient dans les maisons, poursuivies, pressées par les Russes qui y pénètrent en même temps. On se bat dans les rues; plusieurs des habitans sont tués dans lá mêlée. Soissons, pris d'assaut et rempli d'épouvante, est livré pendant six heures au pillage et à la fureur brutale du soldat. Le général Lonchamp, trois colonels, douze à quinze cents hommes mettent bas les armes, et toute l'artillerie tombe au pouvoir des vainqueurs. Mais les Russes, qui déja se dirigeoient sur Epernay, ne restent que trente heures à Soissons. Les victoires de Buonaparte, à Montmirail et à Château-Thierry, décident Wintzingerode, dans la journée du 15 février, à une retraite précipitée sur la route de Reims. Le maréchal duc de Trévise réoccupe Soissons le 19, et en réorganise la défense; mais cet échec obscurcit les succès de Napoléon sur la Marne, et, dans sa colère, il fait traduire les généraux qui devoient rem

placer Rusca, devant un conseil d'enquête ; car, dit-il, Soissons ne devoit pas être pris.

Telle fut la marche du corps d'armée de Wintzingerode sur l'Aisne et vers la Marne. Celle du général Bulow, dans la même direction, futnon moins hardie et plus rapide encore.

Après avoir, de concert avec la division anglaise de sir Thomas Graham, repoussé dans Anvers les troupes françaises, le général Bulow venoit de prendre position près de cette place importante pour en commencer l'attaque régulière. Elle fut fixée au 2 février par les deux généraux; mais les précautions prises par les Français pour conserver leurs flottes avoient mis la ville et les vaisseaux de guerre à l'abri. La garnison, d'ailleurs, étoit pleine de courage, et les ouvrages dans le meilleur état. Le nouveau gouverneur, le général Carnot, arrivé le 2 février au matin, prend immédiatement le gouvernement d'Anvers. L'ennemi fait presque aussitôt une vive attaque sur les ouvrages, extérieurs avec toutes ses forces réunies; mais la résistance est encore plus vigoureuse. Les alliés sont repoussés sur tous les points, après avoir fait de grandes pertes en tués et en blessés. La flotte reste intacte malgré le bombardement, à l'excep

tion du vaisseau le César, qui est un peu endommagé. Le même jour, le général Bulow reçoit l'ordre positif de marcher vers le Midi, suivi du corps prussien qu'il commande, afin d'agir de concert avec la grande armée confédérée. Le siége d'Anvers est aussitôt converti en blocus, formé par la division anglaise et par dix mille Saxons.

Le 3 février, le général Bulow, aux termes de ses instructions, se dirige sur Malines, où il fait son entrée le 5. Son avant-garde pénètre bientôt à Vilvorde, tandis qu'une autre colonne marche d'Oudenarde à Gand. Les troupes françaises ayant évacué Bruxelles le 2 février, les cosaques y font leur entrée le même jour. En vain le général Maison, officier actif, brave, expérimenté, commande un corps français dans le Nord; il n'a que très-peu de troupes, et se voit contraint d'abandonner le Brabant à son sort pour couvrir l'ancienne frontière, et pourvoir à la sûreté des forteresses. D'ailleurs l'opinion des Belges semble repousser les Français. Les habitans de Malines, de Bruxelles, et de presque toutes les villes du Brabant, reçoivent les alliés avec de grandes démonstrations de joie. Une députation de Gand va présenter les clefs

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