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adhésions du corps des avocats et de la cour de cassation, qui suivirent immédiatement invoquoient la charte qui devoit assurer désormais la liberté publique, et rendre à la France les descendans de Henri IV. On put juger dès lors que la révolution marcheroit d'un pas plus ferme, et que toutes les autorités se grouperoient successivement autour du sénat et du gouvernement provisoire. Les officiers généraux ne pouvoient tarder non plus de donner à l'armée l'exemple de leur dévouement à la patrie. Ceux qui se trouvèrent alors à Paris n'hésitèrent pas de se déclarer. Le général de division Legrand donna le premier son adhésion aux actes du gouvernement provisoire et à toutes les mesures adoptées par le sénat. Le maréchal duc de Bellune, qu'une blessure grave, reçue à la bataille de Craonne, retenoit aussi à Paris, protesta de sa fidélité aux intérêts de la nation, et adhéra également à tout ce que pourroit prescrire le gouvernement provisoire pour le salut et le bonheur de l'Etat. Tous les regards se tournèrent alors vers l'armée, et les bons citoyens ne désespérèrent plus de la voir rentrer dans le sein de la nation qui étoit rendue à elle-même. Déjà un grand nombre de conscrits, en marche

pour joindre Napoléon, venoient de rebrousser chemin, et beaucoup de soldats étoient rentrés dans leurs foyers, décorés de rubans blancs, emblème de la restauration, et portant au bout de leurs fusils des branchages d'arbres en signe de paix. Plusieurs villages aux environs de Paris présentoient le touchant spectacle d'une foule de jeunes gens qui venoient embrasser leurs mères, et de mères qui serroient leurs fils qu'elles avoient crus morts; ils rentroient sous le toit paternel avec des rameaux dans leurs mains, et faisant retentir l'air des cris: A bas le tyran! Vive le Roi!

car,

Cependant, Napoléon réunissoit à Fontainebleau toutes ses troupes, que ses partisans élevoient à soixante mille hommes, annonçant avec une joie féroce que cette armée marchoit sur Paris pour y mettre tout à feu et à sang; disoient-ils, la France est loin de partager la révolte de la capitale. Ces bruits alarmans étoient entretenus avec perfidie par les valets d'un pouvoir déchu qu'enhardissoit une révolution pacifique. Depuis le 1er avril la lice étoit ouverte, et les partis se trouvoient en présence. On s'en aperçut aux violences dirigées contre les royalistes: des émissaires de la police, des militaires déguisés, des hommes

garés ou coupables, faisoient la guerre aux cocardes blanches; on les arrachoit de tous côtés, tandis que la garde nationale conser- ( voit imperturbablement la cocarde tricolore; on arrachoit également les placards et les affiches royalistes. En peu de jours l'esprit public fut abattu, et la consternation se répandit dans toutes les classes.

et

L'acte de déchéance prononcé par le sénat. pouvoit à peine tirer les Parisiens de cet état de stupeur et d'anxiété. Mais alors parut, comme un fanal au milieu des écueils de la tempête publique, l'écrit célèbre intitulé : de Buonaparte et des Bourbons; écrit inspiré par deux passions généreuses : la haine de l'oppression et l'amour de ses rois légitimes, écrit achevé au bruit du canon publié sur la brèche. Il fit bientôt tomber le voile qui couvroit encore l'odieuse tyrannie de Napoléon; bientôt même il fit revivre dans les cœurs français le besoin impérieux d'une autorité légitime et tutélaire. Disons-le, car ceci appartient à l'histoire d'une si grande époque, la pensée, même les traits de cette brillante philippique où respire parfois le génie de l'éloquence grecque et romaine, appartenoient en concurrence à l'association ho

norable qui aspiroit depuis si long-temps à relever la monarchie, et dont M. de Chateaubriand n'étoit que l'organe. Le danger qu'entraînoit l'existence matérielle d'un tel écrit, avoit paru si effrayant, que, pour en mieux dérober toutes les pages, madame de Chateaubriand les avoient portées pendant près de deux mois cachées sur son sein.

Que d'erreurs, que de fausses idées redressa ce vigoureux parallèle entre la tyrannie et la bienfaisance d'un pouvoir sacré à peine dix mille exemplaires, dévorés en quinze jours, purent satisfaire la curiosité publiquc.

Cependant l'aigreur et la défiance régnoient toujours dans cette immense capitale, et des bruits inquiétans circuloient sur les dispositions des troupes. On savoit que les corps forcés le 30 mars dans les positions en avant de Paris, avoient manifesté dans leur mouvement d'évacuation par la barrière d'Enfer, des impressions fâcheuses, accusant les Parisiens de les avoir abandonnés. Ces troupes tristes, sans être abattues, n'avoient pas dissimulé qu'elles se replioient avec le désir et l'espoir de la vengeance; on ajoutoit que Napoléon les avoit trouvées à Corbeil, au nombre d'environ quinze mille hommes, et qu'après les avoir

passées en revue, il leur avoit offert pour récompense de la reprise de Paris, quarantehuit heures de pillage.

Au même moment l'armée de Champagne et tous les corps à qui on avoit pu transmettre des ordres, s'approchèrent de Fontainebleau pour y opérer leur concentration.

C'étoit le 31 mars que Napoléon y étoit arrivé de la Cour-de-France, avec ses aides-decamp et sa suite. Les têtes de colonnes ne paroissoient point encore, et à peine pouvoit-on rallier quelques détachemens épars, quelques escadrons d'avant-garde. Napoléon avoit occupé aussitôt le palais : on l'avoit vu triste, accablé, irrésolu. Le jour suivant on eut quelques notions positives sur les événemens de la capitale; on sut que les Parisiens avoient reçu les alliés en prenant la cocarde blanche, et avec des acclamations pour le re tour des souverains légitimes.

Le 2 avril, arriva M. de Caulaincourt, et avant même qu'il eût parlé, on put se douter que tout venoit d'être rejeté, et que les négociations ne présentoient plus aucun espoir. S'appuyant sur la déchéance prononcée par le sénat, l'empereur de Russie avoit chargé M. de Caulaincourt de proposer à Napoléon, au nom

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