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» rager les arrangemens volontaires, et à don>> ner lui-même, ainsi que sa famille, l'exemple » de tous les sacrifices qui pourront contri>> buer au repos de la France, et à l'union sin- . » cère des Français.

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» Le roi a garanti à l'armée la conservation » des grades, emplois, solde et appointemens >> dont elle jouit à présent; il promet aussi aux généraux, officiers et soldats qui se signa>> leront en faveur de la cause, inséparable des >> intérêts du peuple français, des récompenses plus réelles, des distinctions plus honorables » que celles qu'ils ont pu recevoir d'un usur>> pateur toujours prêt à méconnoître, ou même » à redouter leurs services. Le roi prend de >> nouveau l'engagement d'abolir cette cons>>cription funeste qui détruit le bonheur des >> familles, et l'espérance de la patrie.

>> Telles ont toujours été, telles sont encore >> les intentions du roi. Son rétablissement sur » le trône de ses ancêtres ne sera, pour la » France, que l'heureuse transition des cala>> mités d'une guerre que perpétue la tyrannie, >> aux bienfaits d'une paix solide, dont les puis» sances étrangères ne peuvent trouver la » garantie que dans la parole du souverain légitime. >> Signé LOUIS.

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Jamais roi, après de si horribles bouleversemens, ne s'étoit annoncé à ses sujets sous des auspices plus paternels et plus sages. C'étoit ce même prince qui, abandonné et banni, pour ainsi dire, du sol natal, avoit écrit à l'empereur de Russie la lettre suivante :

« Le sort des armes a fait tomber dans les >> mains de Votre Majesté Impériale plus de » cent cinquante mille prisonniers; ils sont la

plus grande partie Français. Peu importe » sous quels drapeaux ils ont servi; ils sont » malheureux : je ne vois parmi eux que mes » enfans. Je les recommande à la bonté de » Votre Majesté Impériale. Qu'elle daigne con» sidérer combien un grand nombre d'entre >> eux a déjà souffert, et adoucir la rigueur » de leur sort. Puissent-ils apprendre que leur » vainqueur est l'ami de leur père! Votre Majesté ne peut pas me donner une preuve >> plus touchante de ses sentimens pour moi ! »

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De si nobles pensées ne pouvoient sortir que du cœur d'un monarque légitime, qui n'aspiroit à être rétabli sur le trône de ses ancêtres, que pour donner à son peuple des preuves constantes de son affection paternelle.

Mais tous les obstacles n'étoient pas encore aplanis: ce fut seulement le 2 avril que le sénat,

par un décret rendu public le lendemain, déclara la déchéance de l'empereur Napoléon, et délia le peuple et l'armée du serment de fidélité.

Cet acte réparateur donnoit à l'opinion publique les formes d'un vœu vraiment national, et, aux yeux des hommes réfléchis et impartiaux, il justifioit en partie les sénateurs opprimés comme tout l'Etat, des reproches qu'ils avoient encourus jusqu'alors par leur servile obéissance. Le sénat élevoit à côté de Napoléon déchu une autorité régulière et légale, à laquelle pouvoient enfin se rallier tous les bons citoyens; il rompoit surtout le prestige qui attachoit encore l'armée à son chef; en un mot, en se séparant de Napoléon, le sénat préservoit la France de la guerre civile, et amenoit sans secousse la restauration de la monarchie.

A la sortie de la séance, où il venoit de briser ses chaînes, il se rendit en corps à l'audience de l'empereur de Russie, qui, après avoir reçu les hommages des sénateurs, leur adressa la parole en ces termes :

<< Un homme qui se disoit mon allié est arrivé » dans mes Etats en injuste agresseur; c'est » à lui que j'ai fait la guerre, et non à la » France. Je suis l'ami du peuple français ; co

» que vous venez de faire redouble encore ce » sentiment; il est juste, il est il est sage de donner

» à la France des institutions fortes et libérales

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qui soient en rapport avec les lumières >> actuelles. Mes alliés et moi, nous ne venons » que pour protéger la liberté de vos déci» sions. >>>

S'arrêtant après ces paroles, Alexandre reprit presqu'aussitôt, avec la plus touchante émotion « Pour preuve de cette alliance du>> rable que je veux contracter avec votre na» tion, je lui rends tous les prisonniers qui » sont en Russie. Le gouvernement provisoire » me l'avoit déjà demandé; je l'accorde au » sénat d'après la résolution qu'il a prise aujourd'hui. »

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Ainsi, d'un seul mot, deux cent mille Français captifs aux extrémités de l'Europe et de l'Asie, alloient rentrer dans le sein de leurs familles ; ainsi Alexandre, voyant le premier corps de l'Etat décidé à souscrire au bonheur des Français, voulut qu'aucun d'eux n'y fût étranger, et n'eût à gémir sur une terre lointaine tandis que des jours sereins alloient luire sur leur patrie. Ce trait digne des Titus et des Marc-Aurèle reproduiscit, aux regards de la nation, les attributs de l'autorité

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souveraine, embellie des charmes de la bien

faisance.

Les sénateurs sortirent de l'audience du czar, pénétrés de gratitude et d'admiration.

Le plus puissant souverain de la terre venoit de porter la joie et l'attendrissement dans tous les cœurs. Dans les cercles, dans les lieux publics, dans l'intérieur des familles, partout on s'entretenoit de la magnanimité d'Alexandre; on citoit des mots heureux et touchans sortis de la bouche de ce prince. En passant devant la colonne de la place Vendôme, et en regardant la statue, il avoit dit aux seigneurs qui l'entouroient : « Si j'étois placé si haut, je crain» drois d'en être étourdi. »

Il avoit fait le même jour la réponse suivante aux personnes qui lui protestoient que son arrivée avoit été attendue et désirée depuis longtemps à Paris : « Je serois venu plus tôt ; n'ac>>cusez de mon retard que la valeur française. >> Eloge aussi vrai que délicat et honorable pour la nation qui en étoit l'objet.

et

Le lendemain, soixante-dix-sept membres du corps législatif, alors à Paris, se réunirent dans la salle ordinaire de leurs séances adhérèrent à l'acte du sénat, qui prononçoit la déchéance de Napoléon et de sa famille ; les

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