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de tous les cœurs, le cri de toutes les bouches. A plusieurs reprises les deux monarques témoignèrent, de la manière la plus touchante, combien leur âme étoit sensible à l'accueil d'un peuple généreux, que vingt ans d'oppression n'avoient pu dépouiller des traits distinctifs de son caractère; l'entrée de leur loge étoit ouverte à quiconque s'y présentoit. En saluant leurs vengeurs par tant d'acclamations sincères, les Français pouvoient-ils ne pas mêler à ce digne hommage le nom du souverain légitime, du père de la patrie, que ces nobles amis et ces puissans alliés venoient rendre à leur amour? Aux cris unanimes de Vive Alexandre! Vive Frédéric-Guillaume! se joignit bientôt ce cri devenu si nécessaire aux cœurs français: Vive Louis XVIII! Vivent les Bourbons! et à l'instant, comme par l'effet d'un sentiment électrique, tous les regards attendris se portèrent vers le buste du prince adorable qui fut la tige de cette branche auguste. L'orchestre, se rendant l'interprète de cette inspiration religieuse, fit entendre l'air vraiment national: Vive Henri IV ! Il produisit un nouvel enthousiasme. Les femmes brillantes de beauté et de parure dont les loges étoient garnies, agitoient des mouchoirs blancs,

et des cocardes blanches étoient jetées aux hommes réunis au parterre.

On représentoit la Vestale, où quelques allusions aux circonstances furent vivement saisies et applaudies.

D'autres transports couronnèrent cette grande représentation à la fois théâtrale et politique. L'odieux emblème de la tyrannie corse blessoit les regards de tous les bons Français et de leurs alliés : bientôt un cri général d'indignation se fit entendre, et l'aigle aux serres ensanglantées disparut pour faire place à l'antique bannière de la France, à ces lis qui ornoient la cotte d'armes de saint Louis, de Philippe-Auguste et de Henri IV.

A la sortie de l'Opéra, une personne de la plus haute considération demanda à l'empereur Alexandre s'il avoit été satisfait des Parisiens: « Je chercherois en vain des mots, répondit le » czar, pour vous rendre l'émotion que j'ai » éprouvée. Si jamais j'avois pu concevoir » l'idée de faire peser sur Paris le fardeau de la » guerre, l'accueil que j'ai reçu de ses habitans l'auroit repoussée de mon cœur. »

Le lendemain plusieurs cortéges décorés de la cocarde blanche, et précédés du drapeau blanc, parcoururent la ville, et furent par

tout accueillis des cris de Vive le Roi ! Les fenêtres étoient chargées d'une multitude de personnes agitant des mouchoirs blancs. Un mouvement spontané réunit un concours immense sous le buste d'Henri IV, rue de la Ferronerie. A son aspect tous les chapeaux furent élevés, l'air retentit de nouvelles acclamations; tous les yeux se dirigèrent vers le bon roi dont on voyoit l'image, et tous les cœurs s'élancèrent au-devant du prince qui bientôt devoit faire le bonheur de son peuple. Plus de guerre, plus de conscription, s'écrioit-on de toutes parts; les mères sembloient regarder leurs enfans avec plus de tendresse. La touchante alliance des cris Vive Louis XVIII! Vive Henri IV! excitoit la plus douce émotion parmi les spectateurs. Il revient, il revient, s'écrioit le peuple en prononçant le nom du Roi.

La déclaration suivante de S. M., datée de Hartwel, le 1er janvier 1814, étoit répandue dans Paris, et portoit dans tous les cœurs la sécurité et la confiance.

« Le moment est enfin arrivé où la divine » Providence semble prête à briser l'instru» ment de sa colère. L'usurpateur du trône de »saint Louis, le dévastateur de l'Europe,

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éprouve à son tour des revers. Ne feront-ils » qu'aggraver les maux de la France, et n'o» sera-t-elle renverser un pouvoir odieux que » ne protègent plus les prestiges de la victoire? » Quelles préventions ou quelles craintes pour»roient aujourd'hui l'empêcher de se jeter » dans les bras de son roi, et de le reconnoître » dans le rétablissement de sa légitime auto» rité, le seul gage de l'union, de la paix et du >> bonheur que ses promesses ont tant de fois garantis à ses sujets opprimés?

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Ne voulant, ne pouvant tenir que de leurs » efforts le trône que ses droits et leur amour >> peuvent seuls affermir, quels voeux seroient » contraires à ceux qu'il ne cesse de former? » Quel doute pourroit-on élever sur ses inten>>tions paternelles ?

» Le roi a dit, dans ses déclarations précé» dentes, et il réitère l'assurance que les corps » administratifs et judiciaires seront maintenus » dans la plénitude de leurs attributions; qu'il » conservera leurs places à ceux qui en sont » pourvus, et qui lui prêteront serment de » fidélité; que les tribunaux, dépositaires des » lois, s'interdiront toutes poursuites relatives, » à ces temps malheureux dont son retour aura → scellé pour jamais l'oubli; qu'enfin le Code,

» souillé du nom de Napoléon, mais qui ne » renferme en grande partie que les anciennes » ordonnances et coutumes du royaume, res>> tera en vigueur, si l'on en excepte les dispositions contraires aux dogmes religieux, assujétis long-temps, ainsi que la liberté du » peuple, aux caprices du tyran.

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» Le sénat, où siégent des hommes que leurs » talens distinguent à si juste titre, et que tant » de services peuvent illustrer aux yeux de la >> France et de la postérité; ce corps, dont » l'utilité et l'importance ne seront bien re» connues qu'après la restauration, peut-il » manquer d'apercevoir la destinée glorieuse qui l'appelle à être le premier instrument du » grand bienfait qui deviendra la plus solide » comme la plus honorable garantie de son >> existence et de ses prérogatives?

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A l'égard des propriétés, le roi, qui a déjà » annoncé l'intention d'employer les moyens » les plus propres à concilier les droits et les » intérêts de tous, voit les nombreuses tran»sactions qui ont eu lieu entre les anciens et » les nouveaux propriétaires, rendre ce soin >> presque superflu. Il s'engage maintenant à >> interdire aux tribunaux toutes procédures » contraires auxdites transactions, à encou

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