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dant du bon Henri, le souverain des Français, n'est pas encore parmi nous.

Permettez, Sires, que sous vos auspices, úne députation des Français fidèles, aille se jeter à ses pieds, lui offrir un hommage expiatoire, le supplier de venir rendre à la France la présence de son roi, et arrêter avec Vos Majestés, dans sa capitale désormais purifiée, les bases inaltérables de la tranquillité de l'Europe. »>

VIVE LE ROI !

La députation, composée de MM. Ferrand, de la Rochefoucault, de la Ferté-Meun et de Chateaubriand, porta sur-le-champ ce voeu vraiment français à l'empereur de toutes les Russies, qui put dès lors se convaincre des sentimens qui animoient la classe éclairée de la nation. A minuit, M. le comte de Nesselrode dit aux députés royalistes, de la part de l'empereur Alexandre, que jamais ce prince ne traiteroit avec Napoléon, ni avec aucun membre de sa famille, et que le lendemain une déclaration authentique seroit publiée en conséquence. Tel fut, pour ainsi dire, le complément de la journée du 31 mars: l'histoire se complaît à recueillir toutes les cir

constances de cette journée, l'écueil de la puissance de Napoléon, et l'aurore du bonheur du Monde.

Cet homme, que la fortune avoit élevé à un si haut point de grandeur, n'étoit déjà plus qu'un simple soldat. Il venoit d'assister, pour ainsi dire, aux funérailles de son pouvoir monstrueux, et ce ne fut pas une des moindres singularités de sa vie politique. On a vu que s'arrêtant à quatre lieues de Paris, dans la nuit du 30 au 31 mars, lui seul avoit dormi d'un sommeil tranquille, quand deux cent mille soldats étrangers et six cent mille citoyens se disposoient à lui ravir la couronne. Les généraux et les aides-de-camp de sa suite, inquiets et agités, n'avoient osé troubler son sommeil, attribuant à la sécurité autant qu'à la lassitude cette espèce de léthargie. Enfin, avant le jour, Napoléon s'éveille rempli d'impatience et d'inquiétude sur les événemens de Paris, d'où il n'a point encore reçu d'informations positives. Il se jette dans une voiture atteléc de quatre chevaux de poste, pour aller au-devant de son aide-decamp, ou de telle autre personne qui puisse l'éclairer enfin sur la véritable situation de la capitale. Il en prend aussitôt la route, sans

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aucune escorte, suivi seulement de trois autres voitures, avec sa livrée, et marchant au pas comme la sienne. A l'embranchement de la route qui conduit au château de Morangiès, elles sont arrêtées par un général venant à franc étrier de Paris. A peine est-il à la tière de la première voiture, que Napoléon descend précipitamment, ainsi que plusieurs personnes de sa suite, au nombre desquelles se trouvoient le général Bertrand et M. de Caulaincourt. Napoléon rebrousse aussitôt chemin, marchant à pied vers la Cour-de-France, se faisant suivre par ses voitures; et dans ce court trajet il apprend que Paris ne lui appartient plus, qu'aucun effort, aucune tentative n'a pu rompre ou empêcher la capitulation. Arrivé à la Cour-de-France, il tient une espèce de conseil avec les officiers qui l'entourent. Il n'y avoit point encore là de corps d'armée, les têtes de colonnes n'ayant pas même atteint Fontainebleau; mais on apercevoit aux environs des soldats errans qui avoient allumé quelques feux, des grenadiers de la garde mêlés avec les fuyards, et dans un délâbrement extrême. Il fut d'abord question dans cette conférence de reformer une armée avec les débris des corps qui, dans leur re

traite de Paris, s'éparpilloient sur toute cette route. On ne pouvoit se dissimuler l'état de découragement et d'épuisement absolu de l'armée. Les soldats s'attendoient à recevoir l'ordre de marcher sur Orléans pour s'y réorganiser. Napoléon resta près de trois heures. à conférer avec les officiers de sa suite. Le jour avoit paru, et il étoit à craindre que la cavalerie légère de l'ennemi n'arrivât dans cette direction. Il fut décidé enfin que Napoléon gagneroit Fontainebleau pour y rallier son armée et les corps en retraite de Paris. Ce fut à l'issue de cette conférence que M. de Caulaincourt se dirigea vers la capitale avec de pleins pouvoirs, et même, dit-on, avec un blanc seing pour consentir à telles conditions qu'il plairoit aux monarques alliés de prescrire. Sans attendre le résultat de cette démarche décisive, mais inutile, Napoléon remonta en voiture, et rétrograda sur Fontainebleau, au moment même où les alliés, prenant possession de sa capitale, ne lui laissoient plus d'autre alternative que de mourir avec gloire, ou de succomber avec ignominie,

LIVRE DIX-HUITIÈME.

Situation de Paris après l'entrée des alliés. L'empereur Alexandre refuse de traiter avec Napoléon. Le conseil municipal de Paris exprime le vœu du rétablissement de la monarchie des Bourbons.Déclaration de Louis XVIII. Déclaration de l'empereur de Russie. Le sénat, convoqué extraordinairement, établit un gouvernement provisoire, Le mouvement royaliste continue dans Paris. — Représentation à l'Opéra. L'empereur Alexandre accorde la délivrance des prisonniers français en Russie. Acte de déchéance de Napoléon. Napoléon réunit son armée à Fontainebleau et veut marcher sur Paris. Les maréchaux lui arrachent son abdication. Régence de Blois. - Situation critique de la France, Conférence pour la régence; intervention du prince Talleyrand. — La régence est rejetée. Napoléon consent à se retirer à l'île d'Elbe. Attaque et pillage de Pithiviers.Troisième attaque de Sens, et prise de cette ville. Convention préliminaire qui établit une ligne de démarcation entre les armées alliées et les armées françaises.

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L'ESPRIT public, mêlé aux transports de la

reconnoissance, venoit de se manifester avec tant d'éclat, que les monarques alliés regar

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