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peuple qu'ils oppriment: telles sont les seules » causes de la catastrophe du dominateur de » la France. En vain la nation a-t-elle été

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poussée depuis six mois par l'astuce, la » fraude et la violence, à la défense du trône » de l'usurpateur; en vain plus de cinq cent >> mille hommes ont-ils été levés et enrégimentés, et Napoléon a-t-il reçu jusqu'à dix mille >> hommes par jour; en vain ses armées de Lyon et de Bayonne ont-elles obtenu des >> renforts dans la même proportion. A peine >> ces hommes arrachés violemment à leurs foyers et à leurs familles ont-ils été en ligne, » que, profitant de la première marche ou de » la première rencontre, ils se sont dispersés » dans les bois et dans les campagnes. Voilà » comment cette puissance, naguère si co>> lossale, s'est vue réduite à défendre Paris » avec vingt mille soldats contre deux cent » mille; Lyon avec quinze mille contre soixante » mille Autrichiens; et l'Adour avec vingt

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cinq mille combattans contre quatre-vingt » mille. Quel exemple des vicissitudes hu>> maines ! Napoléon lui-même, au sein de » son empire, à quelques lieues de sa capitale, » ne peut plus réunir autour de sa personne » au-delà de trente à quarante mille braves!

» Quelle preuve plus manifeste que la nation. » entière l'abandonne, qu'elle le repousse,

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qu'elle ne trouvera désormais le bonheur et » la sécurité que sous l'égide tutélaire de ses » monarques légitimes! Par quel renversement » de toutes les idées verroit-on une trahison » dans cette défection morale, provoquée au» tant par les abus et les malheurs de la guerre, » que par l'extravagance et les crimes de l'usurpateur? Si Napoléon a été trahi, ce n'est que » par lui-même. »

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Mais pouvoit-on se flatter qu'au milieu de tant de passions et de ressentimens, la voix de la raison et de la vérité se feroit entendre'; qu'elle étoufferoit tant de clameurs et de plaintes accueillies d'ailleurs comme une consolation par l'orgueil national humilié ? Les plaies étoient encore trop vives, et le temps seul pouvoit les cicatriser.

Cependant aucune espèce d'opposition désormais ne pouvoit plus ralentir l'accomplissement des grands desseins de la Providence. Le vœu des royalistes alloit être exprimé autrement que par des acclamations bruyantes et tumultueuses: un des sujets les plus fidèles à ses princes légitimes, M. Lepelletier de Morfontaine, s'étoit élancé un des pre

miers dans les groupes de la restauration; au milieu de cette journée immortelle qui voyoit s'éclipser un pouvoir monstrueux, il fit aux Champs-Elysées même, étant aidé de ses amis, un appel aux vrais partisans de Louis XVIII, pour les rassembler dans son hôtel rue du faubourg Saint-Honoré : cette espèce de convocation eut un plein succès. Plus de six cents personnes, toutes bien nées, et parmi lesquelles on remarquoit autant de jeunes gens que d'anciens serviteurs de nos rois, accoururent à ce rendez-vous de la fidélité et de l'honneur, quoiqu'il y eût encore tant de danger à se prononcer pour la cause sacrée. Cette réunion improvisée fut tumultueuse, mais unanime dans les sentimens d'amour et de respect qu'elle manifesta pour l'auguste famille des Bourbons. M. Antoine Ferrand (1) y porta la parole, et fit entendre les accens de cette véritable éloquence monarchique dont les Harlay, les L'Hopital, les d'Aguesseau avoient offert autrefois de si nobles modèles. On arrêta, sur sa proposition, qu'une députation seroit envoyée à l'empereur Alexandre pour

(1) M. le comte Ferrand, aujourd'hui ministre d'Etat de Louis XVIII.

lui demander de délivrer à jamais la France du joug de Buonaparte, et de lui rendre les Bourbons. L'adresse suivante, rédigée par l'orateur, fut votée à l'unanimité.

A LL. MM. l'Empereur de Russie et le Roi de Prusse.

« SIRES,

Paris est occupé par vos armées triomphantes.

Recevez l'hommage le plus flatteur pour des vainqueurs généreux, le prix le plus doux et le plus rare de la victoire... les bénédictions des vaincus.

Des vaincus... Ah! ce nom qui n'exclut pas lui-même toute idée de gloire, ne sauroit nous appartenir.

Nos vœux vous appeloient; ils secondoient votre sainte croisade contre le fléau des nations, contre ce monstre, étranger à notre patrie, qui, poussé par un bonheur dont il n'étoit pas digne, au timon d'un Etat déchiré par les factions, avoit perverti l'énergie d'un peuple généreux, avoit abusé de cette énergie pour déclarer follement la guerre à la liberté du Monde, et, pour ainsi dire, à l'espèce humaine elle-même, contre ce monstre à qui

il fut éminemment donné de dépeupler et de détruire; qui, de la Baltique aux Pyrénées, arrachoit les enfans à leurs pères, pour en faire les instrumens ou les victimes de sa dévorante tyrannie, et forçoit les pères à faire des vœux contre le succès des armes de leurs enfans.

Ces vœux ont été exaucés par la Providence, réalisés par vos braves armées... Vous triomphez, Sires, mais nous ne sommes pas vaincus; nous sommes délivrés, et votre triomphe sera l'éternel objet de notre reconnoissance.

Daignez, libérateurs de notre malheureuse patrie, achever votre ouvrage, et mettre le comble à vos bienfaits.

La France ne peut se reposer, elle ne peut se replacer au rang des autres nations européennes, elle ne peut (nous le disons avec franchise) leur inspirer de confiance dans ses traités, que sous l'abri tutélaire de l'autorité légitime.

Ah! du moins, au milieu de nos longues et coupables erreurs, cette justice nous sera rendue, que nul Français n'a osé s'asseoir sur le trône de Louis XVI.

Le frère de cet infortuné, ce saint monarque, son légitime successeur, le descen

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