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ville et les environs. Le maréchal Macdonald porta son quartier-général à Mussy-l'Evêque, et ses avant-postes à Châtillon, se dirigeant à la fois vers la Ferté-sur-Aube et sur Clairvaux. Le maréchal Ney se posta à Arcis-sur-Aube, et le duc de Padoue resta à Nogent-sur-Seine.

Mais l'armée française ne suivoit la grande armée alliée qu'avec précaution, et Buonaparte s'apercevant enfin que le mouvement de flanc opéré par le maréchal Blucher, étoit concerté avec la retraite apparente du généralissime prince Schwartzenberg, suspendit aussitôt la marche de ses colonnes.

En effet, tandis que sa cavalerie poussoit vers Châtillon et Clairvaux, le maréchal Blucher marchoit sur Sézanne avec toute son armée réunie, à la poursuite du maréchal duc de Raguse. Ce général se mit aussitôt en retraite vers la Ferté-Gaucher et Rebais, dans la continuelle appréhension d'être accablé par des forces supérieures; mais il parvint à se retirer en bon ordre et presque sans perte, le général Korff, avec mille chevaux, n'ayant pas exécuté avec assez de promptitude l'ordre qu'il avoit reçu de tourner le corps français. Blucher le suivit, et apprit, à Rebais, que le maréchal Mortier, avec la jeune garde, étoit

parti de Château-Thierry, où il observoit la rive droite de la Marne, pour se joindre en hâte au maréchal duc de Raguse, à la Fertésous-Jouarre.

Les troupes des deux maréchaux s'élevoient à seize ou vingt mille hommes. C'étoit une opération délicate que le passage de la Marne en leur présence, tandis que Buonaparte, instruit de la direction de l'armée de Silésie, détacheroit probablement un corps sur ses derrières. Mais Blucher, sans hésiter, fait les dispositions suivantes : il ordonne aux généraux Sacken et Langeron de se diriger sur Coulommiers et Chailly, et de poursuivre ensuite leur marche sur Meaux; il ordonne en même temps aux généraux Kleist et York de se diriger de Rebais sur la Ferté-sous-Jouarre; le général Korff, avec une réserve de trois mille chevaux, formait l'arrière-garde. La démonstration vers Meaux remplit l'attente du feldmaréchal. Les deux maréchaux français, réunis à la Ferté-sous-Jouarre, abandonnent précipitamment cette ville, et se portent au secours de Meaux, laissant ainsi la facilité aux ennemis de jeter des ponts sur la Marne, en avant de la Ferté. Une centaine de chasseurs prussiens passent immédiatement sur de petites embar

cations, et s'emparent de la ville, passage qui eût été effectué à Meaux ou à Tréport. L'armée de Silésie étoit également préparée à franchir la rivière sur l'un ou l'autre point (1).

Deux ponts de bateaux furent aussitôt jetés à la Ferté-sous-Jouarre; mais il fallut deux jours pour les établir, et les corps des maréchaux Marmont et Mortier eurent le temps de se concentrer à Meaux.

Cependant l'armée de Silésie, maîtresse des deux rives de la Marne, se trouvoit en état d'opérer sa jonction avec les forces imposantes qui arrivoient du Nord par Laon, Reims et Châlons.

C'étoient les deux corps d'armée des généraux Wintzingerode et Bulow, dont nous allons tracer la marche hardie depuis la Belgique jusqu'à la Marne.

Il falloit sans doute que la France gémît sous une domination aussi désastreuse qu'intolérable, pour que ses frontières du nord, hérissées de places fortes et jusqu'alors inexpugnables, se trouvassent tout-à-coup dégarnies, et ouvertes, pour ainsi dire, à des corps ennemis, qui de là pénétrèrent sans obstacle jusqu'au cœur de l'empire.

(1) Voyez Pièces justificatives, No. XL.

Aucune force, en effet, ne leur disputa le passage; mais pourtant il fallut percer à travers une ceinture de forteresses et braver une population belliqueuse, qui pouvoit s'armer et faire tourner cette entreprise à la confusion des alliés.

Le plan de cette subite invasion consistoit, pour le corps d'armée de Bulow, à négliger toutes les places de la Flandre, à n'observer Berg-op-Zoom et Anversqu'avec des forces inférieures en nombre aux garnisons de ces villes, et à franchir ainsi les anciennes frontières de France, par Avesne et Vervins. Quant au général russe Wintzingerode, après avoir dépassé Juliers, Vanloo et Mastricht, il devoit négliger aussi les places des Ardennes, telles que Montmédi, Charlemont, Givet, Philippeville, Rocroy et Mézières, pour arriver également, par sa droite, sur Avesne, et, par sa gauche, sur Rethel. Mais cette marche audacieuse, il falloit l'effectuer au cœur de l'hiver, par des chemins jugés impraticables; il falloit tourner des forteresses qui, n'étant pas observées, pouvoient communiquer entr'elles; il falloit éviter les garnisons françaises, qui se mettoient en mouvement pour inquiéter les colonnes d'invasion.

Rien cependant ne put retarder la marche des deux généraux confédérés.

Arrivé à Namur le 24 janvier, le lieutenantgénéral baron de Wintzingerode séjourne dans cette ville, pour réunir et diriger ses colonnes; le 5 février, il publie, une proclamation, promettant respect aux personnes et aux propriétés (1); il se met ensuite en route de Namur sur Avesne. Bientôt le général Czernicheff, qui commande son avant-garde, s'empare de Dinant et de Philippeville.

En même temps le général comte Woronsow, après avoir passé le Rhin à Cologne, prend aussi la direction de Namur, et de là marche sur Rethel, et se trouve bientôt en contact avec le général Strogonoff qui le suit. Presque toute cette frontière étoit disposée en faveur des alliés : déjà un partisan prussien, le baron de Falkenhausen, colonel de cavalerie, s'étoit porté sur Arlon, avoit poussé jusqu'à Namur et Liége, pour enlever à Napoléon toutes les ressources qu'il tiroit du pays de Sambre et Meuse; il avoit délivré les conscrits, poussant jusqu'aux limites du Luxembourg et des Ardennes. A son approche les Luxembourgeois s'étoient soulevés, aux acclamations

(1) Voyez Pièces justificatives, No. XLI.

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