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capitale de l'empire français comme un juste » châtiment des malheurs infligés à Moscou, » à Vienne, à Madrid, à Berlin, à Lisbonne, » par le dévastateur de l'Europe.

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Mais Paris n'étoit pas encore à l'abri de tous les périls; une horrible tentative de destruction menaçoit encore cette capitale

que deux cent mille soldats étrangers

venoient de respecter. Buonaparte avoit donné l'ordre de faire sauter la poudrière de Grenelle, et ce magasin contenoit deux cent cinquante milliers de poudre en grains, cinq millions de cartouches d'infanterie, vingtcinq mille gargousses à boulet, trois mille obus chargés, et une immense quantité d'artifice. La moitié de Paris eût été anéanti de fond en comble, par l'effet d'une si épouvantable explosion; et c'étoit là, sans doute, ce dernier coup de désespoir dont on menaçoit sourdement Paris, et qui devoit effrayer les générations présentes et futures. A neuf heures du soir, arrive près de la grille Saint-Dominique, un colonel, à cheval, qui demande le directeur de l'artillerie. Le major de Lescourt se présente: «< Monsieur, dit le colonel, le magasin » à poudre de Grenelle est-il évacué? Non, répond le major; il ne peut même pas l'être :

>> nous n'avons pour cela ni assez de temps, ni » assez de chevaux. Eh bien, il faut le faire » sauter sur-le-champ. » A ces mots, le major pâlit, et se trouble. « Hésiteriez-vous, >> Monsieur, » dit le colonel. Revenant à lui, après un instant de réflexion, et craignant qu'un pareil ordre ne fût transmis à d'autres, le major de Lescourt affecte un air calme, et répond qu'il va s'en occuper. Le colonel disparoît aussitôt; et le major, faisant continuer l'évacuation, sauve ainsi Paris d'une catastrophe pendant laquelle Napoléon, des hauteurs de Juvisy, eût pu, à l'imitation de Néron, contempler sa capitale en proie à la destruction et à l'incendie.

Ainsi, cette nuit du 30 mars, destinée à la désolation et au ravage, voyoit finir au contraire quinze années de servitude; elle préparoit dans la capitale des arts et du goût, l'alliance des grandes puissances de l'Europe et la restauration du trône sacré de nos rois; révolution surprenante que le génie le plus hardi osoit à peine envisager comme le rêve de l'espérance.

LIVRE DIX-SEPTIÈME,

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Dispositions et projets des royalistes. Journée du 31 mars. Le peuple entier va au-devant de l'armée libératrice. Premiers cris de Vive le Roi ! Formation et marche des groupes royalistes. Vains efforts des partisans de Napoléon pour arrêter ce mouvement, Il se communique au peuple. Entrée des monarques et des troupes alliés dans Paris. Leur marche jusqu'aux Champs-Elysées. - Ivresse du peuple. - Magnanimité de l'empereur Alexandre. Tout Paris proscrit Napoléon, et les signes de son gouvernement disparoissent. Accusation perfide des satellites de Napoléon, Assemblée des royalistes à l'hôtel de Morfontaine. Adresse à l'empereur Alexandre pour réclamer les Bourbons. - Napoléon reçoit à la Cour-de-France la capitulation de Paris. Sa retraite sur Fontaine bleau.

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FOYER

OYER des révolutions qui ensanglantèrent l'Europe, Paris en proie successivement à tous les maux de l'anarchie et de la tyrannie, voyoit, après vingt-cinq années de convulsions et de guerres, l'Europe en armes se frayer un chemin jusque dans ses murs, et abjurant

tout esprit de vengeance, se présenter en libératrice à ses habitans opprimés. Leur sort alloit enfin dépendre d'eux-mêmes. Il étoit à craindre toutefois qu'une longue servitude n'eût flétri tous les cœurs; que l'oppression, après avoir sapé les fondemens de la civilisation et de la morale, n'eût éteint l'amour de l'indépendance, et que les droits de la légitimité ne fussent méconnus.

Cependant l'approche de la crise avoit fait naître trois partis qui divisoient secrètement la capitale : l'un, composé de royalistes fidèles, imploroit les Bourbons; un parti presque aussi nombreux désiroit vaguement la liberté; un troisième enfin vouloit maintenir la tyrannie par la violence et la terreur. Ces élémens de discorde intestine s'étendoient sur presque toute la France. Mais, réunis dans un sentiment commun, les royalistes et les partisans de la liberté pouvoient accabler, sous le poids de l'indignation générale, les fauteurs et les satellites du tyran, au milieu même de leurs derniers efforts pour arrêter l'élan de la restauration publique.

Napoléon toutefois n'étoit ni défait ni en fuite; il étoit vaincu seulement par la supériorité des forces et des manoeuvres de l'ennemi,

et son armée accouroit à sa voix vers la capitale, où son nom et l'appréhension de son arrivée suffisoient pour inspirer l'épouvante. Les deux cent mille soldats de l'Europe, que Paris alloit recevoir dans son sein, sembloient ne pas suffire pour mettre ses habitans à couvert de la vengeance de l'oppresseur irrité.

Ainsi, le 31 mars, Paris étoit encore contenu par dix mille espions et par un sceptre d'airain; il ne falloit rien moins pour oser se déclarer, que cette énergie politique dont les Français du nord, d'ailleurs si belliqueux, ne se montroient plus susceptibles. Mais, bravant tous les périls, quelques royalistes se dévouèrent. Déjà, malgré l'extrême défiance d'une police inquiète, malgré le frein terrible de l'exil, ou de la mort, plusieurs associations secrètes s'étoient formées au sein de la capitale, les unes spontanément, d'autres par l'impulsion des chefs invisibles de la grande confédération qui embrassoit la presque totalité des provinces de France. Celle-ci remontoit à l'année 1800, et son organisation mystérieuse par bannières, aux années 1803 et 1804. Les personnes qui la composoient ne pouvoient se reconnoître que par des signes de convention, et l'écriture en étant proscrite,

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