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gasses se trouvant interrompue. L'ennemi eut le temps de s'emparer du pont, et de se répandre sur la rive droite de la Seine vis-à-vis le Port-à-l'Anglais. Lå les tirailleurs du prince royal de Wurtemberg firent feu sur des gardes nationales en patrouille vers l'autre rive.

La nouvelle d'un armistice suspendit toutes les attaques.

Déjà plusieurs maires des différens arrondissemens de Paris s'étoient assemblés à l'hôtel-de

ville pour aviser aux moyens de préserver cette capitale d'être saccagée. Le capitaine Peyre vint rendre compte à ces magistrats de son entretien avec l'empereur de Russie, et des dispositions favorables des souverains alliés; il fit sentir combien il étoit urgent de hâter le moment de la capitulation. Des députés nommés à cet effet se transportèrent d'abord au quartier-général du maréchal duc de Raguse. Là se trouvoient déjà le comte Orloff, aide-decamp de l'empereur de Russie, et le comte de Paar, aide-camp du prince Schwartzenberg, chargés de régler la cessation des hostilités, de concert avec le colonel Denys, premier aide-de-camp du duc de Raguse et le colonel baron Fabrier, attaché à son état-major

Le cri d'une capitulation avoit retenti; et

l'héritier de Pierre-le-Grand, et l'héritier du Grand-Frédéric, s'étoient jetés dans les bras l'un de l'autre, en s'écriant d'une voix émue, et les yeux humides de larmes : La cause de l'humanité est gagnée! Ces deux monarques s'étoient portés immédiatement après l'armistice sur les hauteurs de Belleville. Là ils virent la capitale de la France, et reçurent ses dépu→ tés. Vers quatre heures du soir le comte de Nesselrode se rendit dans la ville, muni de pleins pouvoirs, pour ratifier la capitulation; elle fut enfin conclue sur les bases suivantes:

Que les troupes alliées occuperoient le lendemain l'arsenal, toutes les barrières, et entreroient ensuite dans la ville; que les maréchaux ducs de Trévise et de Raguse en sortiroient à la tête de leurs corps respectifs, avec. leurs armes et leur artillerie..

Que, dans aucun cas, les hostilités ne pourroient recommencer avant le délai de deux heures après l'évacuation,

Paris étoit recommandé à la générosité des souverains alliés (1),

Immédiatement après la signature, l'empereur de Russie et le roi de Prusse, accompagnés du prince Schwartzenberg, retour

(1) Voyez Pièces justificatives, N°. LVII.

nèrent au village de Bondy, où avoient été préparés leurs quartiers.

Le général en chef des armées russes, comte Barclai de Tolly, élevé ce même jour à la dignité de feld-maréchal, porta son quartiergénéral au village de Romainville.

L'armée de Silésie bivouaqua sur les hauteurs de Montmartre et aux environs.

le

Le corps des grenadiers russes s'établit sur les hauteurs de Belleville et à Charonne, et corps d'armée du général Rayefski, en arrière de ces deux positions; les gardes russes, prussiennes et de Bade restèrent aux environs de Pantin, ayant en arrière d'elles toute la cavalerie des corps de réserve.

Les troupes wurtembergeoises et le corps autrichien du comte Giulay bivouaquèrent aux environs de Vincennes et de Charenton.

Ainsi les armées alliées s'étoient arrêtées, comme par une sorte d'enchantement, devant la capitale de la France, terme de tant de maux, de fatigues et de travaux.

La résistance opiniâtre et glorieuse des troupes françaises avoit coûté aux vainqueurs sept à huit mille hommes restés sur le champ de bataille, et aux vaincus trois à quatre mille. L'humanité eut à gémir sans doute :

mais du moins entrevoyoit-on la perspective consolante que tant de braves n'avoient pas succombé inutilement; qu'ils avoient scellé de leur sang la chute d'un pouvoir monstrueux, et relevé pour ainsi dire l'étendard de l'Europe régénérée sous le gouvernement de souverains légitimes.

Toutefois l'esprit humain reste humilié et confondu, et il est forcé de reconnoître que ce ne fut point l'ouvrage des hommes. Paris, environné de dangers, n'y échappa que par une sorte de miracle. La seule résistance, commandée par le devoir et l'honneur, pouvoit occasionner sa ruine. Selon les dispositions arrêtées, dans la nuit du 29 au 30, par les souverains alliés, toutes les colonnes d'attaque devoient arriver à dix heures du matin sur le terrain désigné pour chacune d'elles; non-seulement l'armée de Silésie, mais encore le corps d'armée du prince royal de Wurtemberg, et celui du général Giulay ne parurent en ligne qu'au moment de la suspension d'armes. L'attaque du prince royal vers la barrière du Trône devoit servir de signal pour une attaque générale depuis Montmartre jusqu'au faubourg Saint-Antoine, et de là à la Seine. Heureusement ce prince fut retardé dans sa marche,

et l'on n'entendit ses tirailleurs qu'à l'instant même de la capitulation. S'il étoit arrivé sur le terrain à midi, plus de cent mille hommes seroient entrés probablement de vive force dans cette immense capitale, et les dix-huit mille braves qui la défendoient sur les hauteurs de Belleville, n'auroient pu la soustraire à

son sort.

D'un autre côté, peu s'en fallut aussi que Napoléon, par sa présence, ou du moins par les ordres barbares qu'il transmit à ses ministres, ne fit de Paris un théâtre de désolation et de carnage.

Pressant avec une célérité incroyable le mouvement de ses troupes, il étoit arrivé à Troyes avec sa garde, le 29 mars à onze heures du soir, après avoir exténué ses soldats par une marche de vingt lieues. Tourmenté par de sinistres pressentimens, il avoit jugé que la durée de son pouvoir dépendoit de la résistance de Paris, et que s'il n'en prévenoit pas la reddition, c'en étoit fait de sa puissance. Il prend alors la résolution de faire partir en toute hâte, et dans la nuit même, le genéral Girardin, son aide-de-camp, auquel il donne une mission absolument contraire à celle qu'avoit reçue de lui le général Dejean au pont de

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