Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

trograde, elle se replioit sur Vandoeuvres et sur Chaumont. Dès le 24 février, le quartiergénéral du prince Schwartzenberg fut transféré de Lusigny à Bar-sur-Aube, et le lendemain à Colombay; les corps des généraux Wrede et Wittgenstein suivoient la même route; celui du général comte Giulay se dirigeoit entre Châtillon et Bar-sur-Seine. Déjà les gardes russes arrivoient près de Langres, et le corps du prince Maurice de Lichtenstein se portoit vers Dijon pour se joindre à l'armée autrichienne du sud. Ce mouvement de retraite sembloit imprimé à tous les corps de la grande armée; et cependant des réserves arrivoient de Basle, et leurs têtes de colonnes touchoient à Vesoul.

Les divisions de l'armée française suivoient les corps ennemis dans leur retraite combinée. En se dirigeant vers Bar-sur-Seine, le deuxième corps de cavalerie, commandé par le comte de Valmy, trouvoit à Saint-Paar l'arrièregarde du général Giulay, et lui faisoit précipiter sa marche; le général Gérard, soutenu par le maréchal duc de Reggio, se portoit des ponts de la Guillotière à Lusigny, et passoit la Barce; enfin le général Duhesme prenoit position à Montieramey près Vaudœuvres.

Mais au moment même où le généralissime prince Schwartzenberg attiroit sur lui toute l'attention de l'armée française, le feld-maréchal Blucher commençoit à exécuter le plan par lequel la guerre offensive alloit être renouvelée avec plus de vigueur.

S'apercevant, dès le 23 février, que Napoléon faisoit filer vers Troyes son artillerie, ses bagages et le gros de son armée, il lui déroba une marche, et de Méry, gagnant Draus Saint-Basle, il jeta trois ponts de bateaux sur l'Aube le 24, près de Baudemont, et y fit passer toutes ses forces en peu d'heures, sans avoir été aperçu par aucune troupe française. L'armée de Silésie bivouaqua le lendemain à Anglure, se dirigeant ensuite vers Sézanne où étoit placé en observation le corps du maréchal duc de Raguse, fort de dix mille hommes, infanterie et cavalerie.

[ocr errors]

Ce mouvement alloit décider du sort de la campagne, et cependant Napoléon restoit stationnaire à Troyes, tandis que dès le 24 au matin, il eût pu se porter rapidement sur la rive droite de la Seine, tourner la position de Méry, et serrer l'ennemi entre la Seine et l'Aube, en faisant occuper Arcis par une force considérable, afin que le maréchal

Blucher ne pût y déboucher. Là il l'eût forcé de passer l'Aube à la vue de l'armée française, et de marcher par des chemins de traverse sur Sézanne, devenu son seul point de retraite; là enfin, il eût pu obtenir sur quelque avantage décisif.

Cette faute méritoit d'être relevée dans l'examen d'une campagne si mémorable; et cependant, l'indécision n'étoit point dans le caractère de Buonaparte. Prompt dans ses résolutions, et toujours actif dans ses mouvemens, mais placé entre deux armées en retraite, peut-être fut-il embarrassé sur le choix de la poursuite. Troyes l'attiroit. Peut-être aussi s'abusa-t-il lui-même sur les négociations qui sembloient alors prendre un tour plus pacifique. Ce fut pour les accélérer que le comte Flahaut, son aide-de-camp, se réunit à Lusigny au comte Ducca, aide-de-camp de l'empereur d'Autriche; au comte Schouwaloff, aide-de-camp de l'empereur de Russie, et au général Rauch, chef du corps du génie du roi de Prusse les conférences avoient pour objet de traiter des conditions d'un armistice de quinze jours.

Ces apparences de paix peuvent seules expliquer l'inaction de Napoléon à Troyes, du

24 au 27 février, et la position singulière dé son armée, qui formoit alors une pointe prolongée jusqu'à Bar-sur-Aube, tandis que l'ennemi pouvoit manœuvrer à son choix sur l'un ou l'autre de ses flancs.

Rentrés dans une ville occupée pendant trois semaines par les empereurs confédérés, les officiers les plus éclairés de l'armée française remarquoient, comme une singularité, qu'on ne pût y recueillir aucun renseignement positif sur les intentions des puissances à l'égard du gouvernement de Napoléon. Selon quelques rapports vagues, les ennemis sembloient pencher pour la régence, dans le cas où son pouvoir viendroit à s'écrouler, soit par l'effet d'une révolution, soit par tel autre événement fortuit.

Mais l'opinion vulgaire de l'armée présentoit toujours les alliés comme en pleine déroute, n'ayant plus que des débris avec lesquels il leur seroit difficile de repasser le Rhin. On y étoit persuadé aussi que la Normandie, la Bretagne, Paris et les armées d'Espagne envoyoient deux cent mille hommes de renforts, et que toute la France étoit en armes.

Les habitans de Troyes voyoient cependant que l'armée de Napoléon étoit à peu près de la même force qu'à l'époque de sa re

traite désastreuse vers Nogent-sur-Seine; ses succès l'avoient affoiblie, et les renforts étoient presque nuls ; d'ailleurs il n'étoit guère possible de se former une idée juste de l'état réel de toutes les troupes en campagne. C'étoit un mystère que Napoléon seul pouvoit pénétrer, et à cet égard ses propres maréchaux restoien dans la plus complète ignorance. Pour mieux envelopper de ténèbres l'effectif de ses armées, Napoléon laissoit subsister tous les anciens cadres; il en résultoit qu'elles étoient censées au complet de quatre cent mille hommes, tandis que plusieurs bataillons n'avoient que des officiers, et que d'autres, par leur extrême diminution, offroient presque autant d'officiers que de soldats. A la vérité, on faisoit toujours une énumération pompeuse des troupes qui venoient grossir l'armée en Champagne.

Ainsi Troyes ne vit marcher à la poursuite d'une armée de cent mille combattans qu'une quarantaine de mille hommes, dans la direction de l'Aube et de la Seine. Toutefois legénéral Duhesme enleva Bar-sur-Aube au corps autrichien du général Giulay; le maréchal duc de Reggio, le général Gérard et le deuxième corps de cavalerie occupèrent cette

« ZurückWeiter »