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étoient proscrits, S. A. R. alloit apparoître, comme attirée à leur secours, et guidée par une puissance supérieure aux hommes.

La Franche-Comté fit entendre ses acclamations, et donna l'heureux signal qui devoit bientôt se répéter aux Pyrénées et sur les bords de la Gironde.

MONSIEUR, frère du roi, accompagné du comte François d'Escars, du comte de Wals, du comte de Trogolf, du comte Melchior de Polignac et du marquis de Widranges, quitta la Suisse le 19 février, et fit son entrée en France par Pontarlier, se dirigeant sur Vesoul. Malgré la défense de se déclarer, de porter la cocarde blanche sur toute la ligne occupée par les armées de la ligue européenne, les habitans de Pontarlier et des environs se prononcèrent ouvertement, et arborèrent le signe chéri des Français.

Une tendance générale, uniforme, irrésistible alloit ramener la France vers ce qui fut long-temps l'objet de ses regrets et de ses désirs, vers cet ordre sous lequel tant de générations de Français avoient vécu heureuses et paisibles, vers cette antique monarchie enfin dont la chute avoit rompu la chaîne sociale, et ébranlé la base commune sur laquelle rcposoient tous les trônes légitimes.

Le premier jour de son entrée en France, Monseigneur le comte d'Artois fit trentedeux lieues dans les domaines de ses augustes ancêtres; partout, dans les bourgs, les villages, les campagnes, dans les villes, S. A. R. fut saluée par les acclamations des peuples, par les cris de vive Louis XVIII! vivent les Bourbons! Aux approches de Vesoul, l'enthousiasme se manifesta avec une impétuosité dont rien ne put modérer l'essor. Les femmes, les enfans, les vieillards baisoient les mains et les habits du prince; tous étoient frappés de son affabilité, de ses manières royales; des larmes d'attendrissement couloient de tous les yeux; un sentiment de bonheur rayonnoit sur tous les visages. Les vieillards et les femmes tomboient aux genoux du prince, et s'écrioient : « Nous mourrons contens, puisque nous avons >> le bonheur de nous retrouver avec nos an» ciens maîtres qui ont toujours été dans nos

» cœurs. >>

Tous se précipitoient pour embrasser les genoux de MONSIEUR, et lui crioient, en répandant des torrens de larmes : « Nous ne » vous apportons que nos cœurs, le monstre » ne nous a laissé que cela. >>

Quand S. A. R. approcha de Vesoul, la

population sortit tout entière de la ville, et pour contempler à son aise l'auguste frère de son roi, elle demanda instamment aux gentilshommes de sa suite, de supplier S. A. R. de faire l'entrée à pied. Les cris, les acclamations, les vœux, les larmes se confondoient et faisoient de ce spectacle l'un des plus touchans que la France eût offert depuis ses longues infortunes (1).

Ainsi l'un des rejetons du bon Henri IV, naguères proscrit, exilé, abandonné, reparoissoit dans cette France si heureuse sous le sceptre de sa famille, mais encore en proie à une usurpation sanguinaire; il arrivoit seul sans soldats, sans appui, inconnu aux Français; mais il étoit mûri par les vicissitudes, il exhaloit, pour ainsi dire, cette aimable bienveillance, cette fleur de chevalerie française, ce feu sacré de l'honneur, presqu'éteint, et qui alloit se rallumer. Aux premiers éclats de ces sentimens et à cette entrée seule on reconnoissoit le prince légitime.

L'élan se seroit communiqué à toutes les provinces de l'est, si les vues des puissances coalisées n'avoient pas été si incertaines à

(1) Voyez Pièces justificatives, No. XXXIX.

l'égard de l'auguste famille proscrite: les plus zélés royalistes devoient trembler de se déclarer. Le silence des alliés n'étoit-il pas la meilleure sauve-garde de Napoléon? Son ministre plénipotentiaire n'avoit-il pas été admis au congrès? Les négociations n'étoient - elles pas en activité? L'échange des couriers n'avoitil pas lieu chaque jour? Le moindre événement fortuit pouvoit déterminer la paix avec l'oppresseur de la France; elle étoit même probable cette paix, et c'étoit sous de tels auspices que se présentoit le lieutenant-général du royaume pour revendiquer l'héritage de ses ancêtres; c'étoit au moment même où Napoléon, après avoir repoussé les armées alliées et reprenant l'offensive, rentroit dans la ville de Troyes en vainqueur irrité; c'étoit au moment où il proscrivoit et faisoit mettre à mort les plus fidèles serviteurs du trône.

Ainsi tout sembloit encore repousser les droits de la légitimité; tout sembloit étouffer, comprimer dans les coeurs l'élan salutaire qui seul pouvoit délivrer la France: il ne falloit donc plus rien attendre des hommes, mais tout espérer de cette puissance invisible, qui distribue les couronnes et prend pitié des peuples, après que de grandes calamités leur ont fait expier de longs égaremens.

Retraite de la grande armée austro-russe vers Chaumont et Langres. Elle est suivie par les divisions de l'armée française. - Marche de l'armée de Silésie depuis l'Aube jusqu'à la Marne. - Napoléon reste quatre jours stationnaire à Troyes: digression à ce sujet. Conférences de Lusigny. - Le feld-maréchal Blucher menace Meaux, et passe la Marne à la Ferté-sous-Jouarre. Marche des deux armées de Bulow et de Wintzingerode depuis la Belgique jusqu'à l'Aisne, pour se joindre à l'armée de Silésie. La Belgique est soustraite à la domination de Napoléon. La frontière du Nord est franchie. Mort du général Rusca devant Soissons. - Sac de cette ville par les Russes. Napoléon se remet en marche pour combattre l'armée de Silésie. Il défère le commandement des troupes sur la Seine et sur l'Aube au maréchal Macdonald. Expédition d'outre-Marne. - Reprise de Soissons par les alliés. — Bataille de Craonne. Description de Laon, occupé par l'armée de Blucher. Combats de Laon.- Echec de l'armée. française.-Napoléon se retire vers l'Aisne et déclare la position de Laon inattaquable.

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TANDIS que de si heureux présages éclatoient en Franche-Comté, la grande armée austrorusse évacuoit tout le pays entre la Seine et l'Yonne, et continuant son mouvement ré

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