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dît contracter l'engagement sérieux de ne plus fuir. Le lendemain, il parcourut la ligne. Les troupes prennent aussitôt une position concentrée, leur droite sur les hauteurs de Belleville, Mesnil - Montant et la butte Saint-Chaumont, s'appuyant à Vincennes; le centre vers le canal de l'Ourcq, protégé sur les derrières par le mamelon de Montmartre ; la gauche se prolongeant de Mousseaux à Neuilly. La nature du terrain coupé sur la droite, plusieurs redoutes couvrant le centre, Montmartre commandant la plaine en arrière du canal de l'Ourcq, et enfin, une immense artillerie de plus de cent cinquante pièces de canon avantageusement disposée sur toute la ligne, ajoutoient à la force de cette position défensive.

Tandis que ces préparatifs se complétoient, les souverains alliés et leurs généraux, assemblés en conseil de guerre dans la nuit du 29 au 30, arrêtoient les dernières dispositions d'attaque. Le prince royal de Wurtemberg, formant la gauche, devoit marcher sur Vincennes; le général Rayefski sur Pantin et Belleville; les gardes russes et prussiennes sur la grande chaussée qui conduit de Bondy à Paris, le long du canal de l'Ourcq. Sur la droite,

l'armée de Silésie devoit se diriger par la chaussée de Soissons, vers Saint-Denis, et sur le village de la Villette, pour attaquer les hauteurs de Montmartre, tandis que la grande armée formeroit ses attaques sur les hauteurs de Belleville et de Romainville. Le troisième corps étoit placé en échelons et en réserve, ainsi qu'une partie de la cavalerie.

Tout préludoit à une attaque prochaine, vers l'enceinte de la capitale, et les Parisiens ne soupçonnoient point encore la grandeur du péril qui les menaçoit. Poursuivant son système de perfidie et de mensonge, le gouvernement venoit d'annoncer que tous ces préparatifs militaires n'avoient pour objet que de repousser une foible colonne de l'armée ennemie; et deux cent mille hommes arrivoient sous les murs de Paris; des masses d'infanterie s'avançoient par trois routes différentes; une cavalerie nombreuse couvroit, les plaines; six cents bouches à feu alloient foudroyer les hauteurs.

De tous les spectacles, le plus nouveau pour les Parisiens, comme le plus terrible, étoit sans doute celui d'une bataille; la guerre, depuis près de deux siècles, n'avoit pas approché de leurs murs.

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Le 30 mars, à deux heures du matin, Joseph donne l'ordre formel de défendre Paris, et de faire marcher la garde nationale. Entre trois et quatre heures, la générale, et ensuite le rappel des tambours se font entendre dans tous les quartiers de la ville, et tirent de leur sommeil les Parisiens, dont un grand nombre s'étoit livré aux douceurs du repos sans prévoir que le réveil du lendemain seroit le signal des combats. Toute la garde nationale, quoique irritée et découragée de la fuite honteuse des membres du gouvernement, prend les armes et se rend avec célérité aux différens postes qui lui sont assignés en seconde ligne. En vain des femmes et des enfans en pleurs cherchoient à retenir leurs époux, leurs pères qui s'arrachoient avec effort de leurs bras généraux, officiers, soldats, citadins, tous réunis en un seul sentiment, malgré la diversité des opinions, se montrent pénétrés du devoir sacré pour toutes les nations, de défendre leur capitale. Deux parlementaires s'étoient présentés inutilement aux avant-postes des maréchaux ducs de Raguse et de Trévise; on avoit refusé de les admettre. Tout étoit prêt pour une courageuse résistance sur les hauteurs qui protégent Paris; l'artillerie garnissoit les

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positions, et les plus grandes forces étoient jetées sur les collines de Belleville, dernier boulevard de cette immense capitale, entre la route de Soissons et la rive droite de la Seine. Vers cinq heures du matin, le canon gronde par bordées qui se succèdent, accompagné du feu roulant de l'infanterie, qu'entretiennent les tirailleurs de part et d'autre, vers Belleville et sur la butte Saint-Chaumont là est posté le corps du maréchal duc de Trévise, ayant quatorze pièces de canon en batteries. Les tirailleurs se multiplient, s'éparpillent, s'approchent, s'attaqucnt, et le combat devient de plus en plus sanglant et acharné. Ce prélude terrible sert de signal aux nombreux satellites de la police dont le chef est encore à son poste. Ces hommes désespérés s'efforcent d'égarer et d'armer le peuple par de faux bruits, assurant partout que l'ennemi est repoussé, que Napoléon arrive avec quatrevingt mille combattans. L'astuce et la perfidie sont employées pour enflammer les esprits et remuer les passions. L'atelier littéraire de la police vomit alors une affiche incendiaire intitulée Nous laisserons-nous piller? nous laisserons-nous brûler? et dont voici le début; << Tandis que l'empereur arrive sur les der

» rières de l'ennemi, vingt-cinq à trente mille » hommes, conduits par un partisan auda>> cieux, osent menacer nos barrières : en im» poseront-ils à cinq cent mille citoyens qui » peuvent les exterminer?

» N'avons-nous pas du canon, n'avons-nous » pas des baïonnettes, des piques et du fer? » s'écrioit l'écrivain frénétique. Nos fau» bourgs, nos rues, nos maisons, tout peut >> servir à notre défense. Etablissons des bar>> ricades, faisons sortir nos voitures et tout » ce qui peut obstruer les passages, crénelons >> nos murailles, creusons des fossés, montons » les pavés des rues à tous les étages, et l'en» nemi reculera épouvanté. Qu'on se figure » une armée essayant de pénétrer dans un de >> nos faubourgs au milieu de tant d'obstacles, » à travers le feu croisé de la mousqueterie

qui partiroit de toutes les maisons; exposé » sans cesse aux pierres et aux poutres qu'on jeteroit de toutes les croisées : ne seroit-elle » pas détruite cette armée avant que d'arriver » au centre de Paris? »

La vigilance des bons citoyens arrêta la distribution de cette production infernale dont il ne circula que peu d'exemplaires : c'étoit en la propageant parmi le peuple que les

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