Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

et de Soissons. Les corps du comte de Wrede et du général Sacken formant près de trente mille hommes, restèrent en réserve près de Meaux, pour assurer le passage de la Marne, dans le cas où Napoléon reviendroit avec son armée, en prenant sa direction sur Sézanne.

Les alliés, en approchant de la capitale, n'éprouvèrent d'abord qu'une foible résistance de la part des maréchaux ducs de Trévise et de Raguse, qui se replioient entre Claye et Bondy, pour se concentrer et prendre position sur les hauteurs qui couvrent Paris au nord-est.

A mesure que l'ennemi avançoit, une multitude d'habitans des campagnes se réfugioit dans la capitale, semant partout l'alarme sur leur passage. L'aspect de tant de fugitifs accrédita bientôt les bruits sourds et sinistres qui circuloient dans toutes les classes. On savoit confusément que Napoléon manoeuvroit vers la Lorraine; que, deux corps chargés de couvrir la capitale ayant été écrasés, leurs débris battoient en retraite sur la route de Meaux. Mais, plus on voyoit grossir le danger, et moins on s'y montroit sensible, soit qu'on eût épuisé tous les genres d'alarmes et de terreurs, soit qu'on préférât le péril à une anxiété cruelle. Les émissaires de la police, lancés parmi le

peuple et au milieu des

groupes, s'attachoient à dénaturer, à étouffer la vérité, pour qu'elle ne s'ouvrît aucun passage au milieu d'une tourbe inquiète. « Les habitans des cam» pagnes, disoient-ils, sont frappés de ter>> reurs paniques; ils voient des armées nom» breuses, où il n'y a qu'une poignée de partisans. Le corps qui s'est avancé vers » Meaux n'est autre chose qu'une colonne égarée, qui tombe maintenant dans le piége » que lui tend l'empereur avec son armée >> triomphante.

>>

Mais tel étoit l'embarras des satellites d'un pouvoir déchu, qu'ils tomboient dans des contradictions manifestes dès qu'ils s'adressoient à la classe éclairée et pensante; ils s'efforçoient à la fois de nier le danger et de le grossir, voulant rassurer les esprits foibles, et préparer la masse du peuple à saisir le glaive par désespoir, et à s'ensevelir sous les ruines de Paris, plutôt que d'en permettre l'accès aux ennemis de Napoléon.

« Les alliés, disoient les écrivains du gouver»nement, regardent le pillage et la destruction » de la capitale comme la récompense et le but » de leur invasion; ils se vantent d'entrer dans » Paris sans éprouver de résistance, de livrer

» la ville au pillage, de prendre l'élite des ou» vriers, des artisans, des artistes, des jeunes filles mêmes, pour les envoyer au fond de » la Russie, peupler ses déserts; ils veulent » chasser le reste de la population, et mettre » le feu à toute la ville.

>>

» Mais, avec quel espoir de succès une >> armée oseroit- elle entrer dans Paris? que » deviendroit-elle au milieu d'une immense population arméc, irritée, et résolue de se » défendre ? Paris renferme vingt mille che» vaux de trait qui mettroient en mouvement >> cinq cents pièces de canon. D'ailleurs, il se>> roit aisé de barricader les rues, et d'offrir, » sur chaque point, une résistance invincible; >> il suffiroit même de fermer les barrières » sur les ennemis pour qu'ils fussent tous exter>> minés jusqu'au dernier.

[ocr errors]

>>

» Qu'auroit-on à redouter du feu des canons

placés sur les hauteurs de cette ville immense? »Ne sait-on pas que les plus grosses pièces » d'artillerie braquées sur l'élévation la plus rapprochée des barrières, n'atteindroit pas » au dixième du diamètre de Paris, c'est-à» dire, aux quartiers populeux. D'ailleurs, » avant d'avoir brûlé six maisons, l'artillerie » d'une armée consommeroit six fois autant

» de munitions qu'il lui en faudroit pour toute

» une campagne.

» Jamais les alliés n'oseront approcher de » Paris.

[ocr errors]

Non, non, jamais, s'écrioient les Tyrthées » de la police,

» De la ville immortelle

» Ils n'oseront insulter les remparts ! »

Mais, déjà, tout démentoit une sécurité trompeuse. Les nouvelles prenoient un caractère alarmant. Des réfugiés de Coulommiers et de Meaux déclaroient avoir vu défiler sur les collines de la Brie une armée innombrable. On les traita devisionnaires; et, malgré les rapports des généraux en retraite, l'homme qui s'intituloit le roi Joseph, et les ministres euxmêmes persistoient à ne voir qu'un détachement de l'armée de Blucher, dans les forces immenses qui s'approchoient de la capitale.

Il fallut pourtant se mettre en défense; et le dimanche, 27 mars, Paris vit dans son sein tous les avant-coureurs des combats. Six mille hommes de troupes de ligne et vingt mille hommes de gardes nationales, rangés en bataille, furent passés en revue dans la cour des Tuileries, défilant ensuite d'une manière imposante sur les quais et sur les ponts. L'aspect

sévère et lugubre des parcs d'artillerie à pied et à cheval, le froissement des trains, la tenue martiale de l'infanterie et des escadrons, le silence morne du soldat, l'inquiétude et l'attente d'une foule curieuse, formèrent les principaux traits de cette représentation militaire hostile. On étoit oppressé : l'âme la plus forte se sentoit saisie d'une crainte involontaire.

Au même moment, le corps prussien du général York en venoit aux mains à Claye et dans la forêt environnante, avec l'arrière-garde des corps qui se replioient sous Paris. Postée sur un terrain avantageux, cette troupe, par ses nombreux tirailleurs, fit éprouver aux Prussiens une perte de quatre à cinq cents hommes; mais ils reçurent bientôt des renforts, et le général York resta maître enfin de Claye et des bois qui l'avoisinent. Son corps d'armée et celui du général Kleist se portèrent immédiatement de la route de Meaux sur celle de Soissons, faisant place à l'armée du prince Schwartzenberg. A peine le sixième corps. sous les ordres du général Rayefski fut-il en ligne, qu'il en vint aux mains à son tour avec l'arrière-garde française à Ville-Parisis. Là, après plusieurs escarmouches, les généraux

« ZurückWeiter »