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cavalerie française, qui culbuta aisément les premiers escadrons russes.

L'armée arriva sur le terrain le même jour 26, et trouva tout le corps de Wintzingerode en bataille sur la rive droite de la Marne, occupant la route de Saint-Dizier à Vitry. Napoléon fit attaquer aussitôt Saint-Dizier par le duc de Reggio; et passant en personne la Marne au gué de Valcour, à la tête de sa cavalerie d'élite, il renforça sa gauche dans l'intention de tomber sur l'extrême droite de l'ennemi, et de le refouler sur Saint-Dizier. Les dragons, les chasseurs et les lanciers de la garde commandés par le général Sébastiani, firent plusieurs charges brillantes, secondés par des corps de cavalerie, arrivés récemment de l'armée d'Espagne, et qui brûloient de se signaler. En peu de minutes les dix mille chevaux de Wintzingerode furent enfoncés de toutes parts, et firent leur retraite en désordre dans la direction de Bar-sur-Ornain, laissant les prés et les bois jonchés de leurs morts; quelques fuyards seulement prirent la route de Vitry. La cavalerie française victorieuse fit un grand nombre de prisonniers, et ramena quatre ou cinq pièces de canon elle montra la plus noble ardeur dans cette ren

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contre, glorieuse sans doute, mais qui n'étoit d'aucune importance pour l'état général de la guerre. Personne dans l'armée ne doutoit plus qu'au moment où l'on poursuivoit un corps isolé, la masse des forces de la coalition ne fût aux portes de Paris, et peut-être même dans les murs de cette capitale; mais, toujours dans l'aveuglement, Napoléon ne paroissoit occupé que de l'avantage qu'il venoit de remporter sur la cavalérie russe dont les chefs prolongeoient leur fuite en désordre, pour l'attirer et l'éloigner encore davantage du siége de sa puissance.

On eût dit que satisfait de ce succès brillant, il oublioit à la fois Paris, ses ennemis et la France, à l'exception des seuls points qu'il occupoit. Il s'applaudissoit surtout de mancuvrer sur les derrières de la grande armée austro-russe; il se voyoit en possession de Saint-Dizier, de Joinville, de Montierender, de Brienne; maître aussi de Chaumont, poussant ses patrouilles jusqu'à Langres, se trouvant en communication avec Troyes; il voyoi que de tous côtés on ramenoit des prisonniers, des bagages, on interceptoit des courriers, et il jugeoit impossible que l'ennemi pût résister à l'ascendant d'une telle manoeuvre : il

étoit persuadé qu'il se hâteroit de fuir pour éviter son entière ruine car ce qu'il soupçonnoit le moins, c'est qu'il marchât vers la capitale, ne croyant pas les alliés capables d'une résolution aussi vigoureuse.

Le même jour 26, tandis que le duc de Reggio poursuivoit Wintzingerode jusqu'à Bar-sur-Ornain, Napoléon transféroit à SaintDizier son quartier - général. Le lendemain il marcha de nouveau avec sa garde et le corps du maréchal duc de Tarente sur Vitry, qui n'avoit pas cessé d'être occupé par une garnison prussienne. Il vouloit absolument rester maître de cette position. Ainsi, quoiqu'il ne vit rien autour de lui qui pût confirmer l'étrange opinion que l'ennemi le suivoit avec toutes ses forces, quoiqu'il eût déja perdu un temps précieux, et que depuis huit jours il n'eût pas reçu directement de Paris un seul courrier, il employa encore une journée entière à faire des dispositions pour s'emparer de Vitry, dont l'occupation étoit alors d'une si foible importance. Quelle preuve plus manifeste que son génie militaire s'étoit évanoui devant les revers! Furieux de ne pouvoir intimider la garnison de Vitry-le-Français, il prend la résolution de brûler cette ville, et

à l'instant il fait braquer contre ses murailles cent vingt pièces de canon et obusiers. Vitry étoit perdu si Napoléon n'eût reçu dans la soirée même du 27 mars, le premier avis indirect que les deux armées alliées étoient à Meaux, et marchoient sur la capitale il suspendit aussitôt l'attaque, et donna l'ordre du départ.

Ici va se manifester bien plus encore cet esprit de vertige auquel il étoit alors en proie. La route directe par Sézanne pouvoit conduire à Paris ses têtes de colonnes en quarante heures, ou en trois marches forcées. Si dans cette direction il avoit à craindre de tomber dans la masse des forces alliées, il pouvoit suivre au moins la route directe de Vitry à Troyes; mais, dans son trouble, dans son anxiété, il abandonne Vitry brusquement sans. rien laisser transpirer, puis il erre, pour ainsi dire, à l'aventure dans les chemins de traverse de Vassy à Troyes, s'éloigne encore de Paris, et vient retomber, le 28 mars, sur Doulevant. L'armée se retrouvoit ainsi au même point où elle étoit le 23. Alors néanmoins Napoléon parut sentir qu'il n'y avoit plus de temps à perdre, et qu'il falloit se rapprocher de Paris. Le 29, au point du jour, il se met en marche

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pour Vandoeuvres, la cavalerie, l'artillerie et les bataillons de la garde, faisant tête de colonnes telle fut la rapidité de cette marche détournée que toute la cavalerie et l'artillerie légère franchirent l'espace de onze lieues, le premier jour, par les traverses. Il fallut prendre les chevaux d'artillerie de la ligne pour emmener les trains de la garde, et 60 caissons se trouvant alors sans attelage, on y mit le feu les paysans recueilloient les cartouches semées sur la route, et les distribuoient aux soldats qui suìvoient. En arrivant au pont de Doulancourt, où l'on passe l'Aube, l'avant-garde trouva un courrier venant de Paris, et qui attendoit Napoléon, pour lui remettre ses dépêches. Le bruit de l'arrivée d'un courrier se répandit, et excita au plus haut degré la curiosité et l'attente des soldats, des officiers et des généraux, C'étoient depuis plus de dix jours les premières nouvelles authentiques et sûres que Napoléon et ses maréchaux eussent reçues de la capitale. Mettant pied à terre dans une petite prairie sur les bords de l'Aube, Napoléon décacheta les paquets avec empressement, et questionna le courrier le résultat des dépêches et des informations lui apprit que, depuis la veille, les armées alliées étoient à Claye, à cinq lieues

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