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veau contre Soissons, et les généraux York et Kleist, après avoir passé la Marne et repris Epernay, le 21 mars, s'étoient portés sur la ligne de Montmirail.

On aperçoit aisément, par la seule inspection des mouvemens combinés de toutes ces masses, que si Buonaparte n'eût pas repassé promptement l'Aube entre les deux armées alliées, il se seroit vu infailliblement dans une position semblable à celle où il étoit à Leipsic, et que le résultat eût été le même, par l'extrême disproportion des forces ennemies. Le 25 mars, plusieurs régimens de l'armée de Silésie sortoient de Châlons, prenant la route de Vitry,' où venoit d'entrer la cavalerie russe, quand tout à coup arriva un ordre du roi de Prusse au maréchal Blucher, pour qu'il eût à diriger aussitôt son armée sur Paris, sans s'occuper de Buonaparte ni de l'armée française.

Tout ayant été prévu et ordonné, la grande arméea ustro-russe fit volte-face, et de Vitry, marcha, le 25 mars, en trois colonnes, sur Fère-Champenoise, dans la direction de Paris. La cavalerie formant l'avant-garde devoit pousser ce jour-là jusqu'à Sézanne, et le reste de l'armée bivouaquer à Fère - Champenoise. Les quatrième et sixième corps marchoient au

centre; le cinquième, en colonne, sur la droite; le troisième, les réserves et les gardes à l'aile gauche. L'état de l'atmosphère et un printemps précoce favorisoient cette magnifique expédition.

Cependant les corps intermédiaires des maréchaux Mortier et Marmont, qui s'étoient repliés et avoient repassé la Marne devant l'armée du feld-maréchal Blucher, descendoient vers Vitry pour se lier aux opérations de Buonaparte; ils étoient arrivés, dans la matinée, à deux lieues de cette ville, et l'avantgarde du maréchal Marmont en étoit même plus rapprochée, sans soupçonner que Vitry fût occupé par les alliés. Le lendemain, les deux maréchaux continuèrent leur marche dans la même direction, quand tout à coup ils tombèrent dans l'avant-garde du prince royal de Wurtemberg. Quelle dut être leur surprise, en se voyant si près de la grande armée alliée, au moment même où ils s'attendoient à trouver celle de Buonaparte! Apercevant, un corps d'armée considérable qui marchoit en avant, les avant-gardes françaises eurent à peine le temps de songer à la retraite. Elles furent vivement poursuivies à Connantry et à Fère-Champenoise, par la cavalerie du qua

trième et du sixième corps, sous les ordres du général Rayefsky. Ce général, dans plusieurs charges, prit un grand nombre de caissons et de chariots de bagages. En même temps la cavalerie légère des gardes russes, commandée par le grand-duc Constantin en personne, débordoit, sur la gauche, les colonnes en retraite, chargeant d'abord les cuirassiers, puis les masses d'infanterie, que la cavalerie wurtembergcoise et les cuirassiers autrichiens vinrent assaillir d'un autre côté. Exposés dans presque toutes les directions au choc d'une cavalerie si nombreuse, les bataillons français laissèrent, dans ces premières rencontres, un grand nombre de tués et de blessés sur le champ de bataille; ils perdirent dix pièces de canon, et près de mille prisonniers, Les deux maréchaux furent poursuivis ainsi jusqu'à Sézanne, abandonnant encore vingt pièces de canon, qu'il devint impossible de sauver; la frayeur s'étant emparée des conducteurs et des soldats du train, ils coupoient les traits, fuyoient à cheval, et laissoient là les pièces.

La cavalerie seule prit part à cette poursuite, tandis que la masse de la grande armée filoit sur Fère-Champenoise, où fut établi aussitôt le quartier-général. A peine les monarques

alliés et le généralissime venoient-ils d'y arriver, qu'on entendit sur la droite une assez forte canonnade, et que bientôt on aperçut un corps d'infanterie qui marchoit droit au quartier-général. On crut voir d'abord une colonne française qui débouchoit inopinément ; et l'empereur de Russie, accompagné du roi de Prusse, ordonna à un train d'artillerie de se placer en position contre ce corps, que suivoient plusieurs escadrons de cavalerie. On ne tarda pas à reconnoître que ces troupes appartenoient à l'armée du maréchal Blucher. Dès lors, la jonction des deux armées fut effectuée entre l'Aube et la Marne. Un avantage brillant et imprévu alloit marquer cette réunion, prélude d'événemens si mémorables.

Paris avoit vu sortir de son sein une colonne détachée, forte de cinq mille hommes, sous les ordres des généraux Amey et Pactod, escortant un immense convoi de munitions, et cent mille rations de pain pour l'armée de Buonaparte. Ce convoi étoit par lui-même, et par le nombre de troupes qui le suivoit, d'une extrême importance. Protégé par le corps du maréchal duc de Raguse, il s'étoit avancé des environs de Montmirail pour joindre Napoléon; mais par sa direction, il ne pou

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voit plus échapper aux deux grandes armées. alliées, alors si près l'une de l'autre.

Il fut d'abord aperçu par la cavalerie du maréchal Blucher, ou plutôt ce fut le capitaine Harris, aide-de-camp du lieutenant-général Stewart, commissaire anglais, qui, allant à la découverte avec quelques cosaques, donna au feld-maréchal le premier avis de la marche et de la position du convoi. Le maréchal détacha à l'instant les généraux de cavalerie Korff et Basilischikoff pour l'attaquer. A la vue de l'ennemi, la colonne et le convoi se replièrent sur Fère - Champenoise, au moment où arrivoit sur ce point, par la route de Vitry, la cavalerie de la grande armée austro-russe. Informé de cette rencontre, le généralissime prince Schwartzenberg fait reyenir en hâte une partie de la cavalerie qui poursuivoit les maréchaux Mortier et Marmont; en même-temps l'empereur Alexandre ordonne lui-même de faire avancer les canons russes. Pressée et chargée de tous côtés par des troupes sous les ordres immédiats des souverains alliés et du généralissime, la colonne française se forme en plusieurs carrés, et se dispose à la plus courageuse résistance elle n'étoit composée néanmoins que de jeunes

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