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à Plancy, Ses colonnes ayant passé l'Aube, tant sur le pont que sur différens gués, il se mit le lendemain en marche avec toute sa garde, dans l'intention de poursuivre les Austro-Russes, qu'il supposoit toujours en retraite sur la grande route de Troyes. La garde à pied et les bagages marchèrent par rive droite de l'Aube, tandis que Napoléon, suivi de la garde à cheval et du corps d'armée du maréchal Ney, s'avançoit par la rive gauche.

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Toutes les colonnes de l'armée du prince Schwartzenberg n'étoient point encore en ligne; le prince royal de Wurtemberg, avec les troisième, quatrième et sixième corps, prenoit la position de Clermont; et le général comte de Wrede, à la tête du cinquième corps, manoeuvroit le long de l'Aube, soutenu par les gardes russes et prussiennes qui venoient de s'établir sur les hauteurs de Mesnilla-Comtesse,

Ainsi, presque tous les corps de la grande armée austro-russe se trouvoient placés sur la rive gauche de l'Aube, derrière Arcis, qui étoit tout-à-fait évacué,

Napoléon y entroit à peine quand on vint lui rendre compte que plusieurs escadrons

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ennemis caracoloient dans la plaine, entre Arcis et Troyes. Il donne à l'instant l'ordre aux généraux Sébastiani et Exelmans de reconnoître cette cavalerie, et de la charger toujours dans la persuasion que l'armée ennemie est en retraite vers Troyes, et que la cavalerie couvre sa marche. Il ne tarde pas à être détrompé. La cavalerie alliée, qui n'avoit d'abord montré que de foibles escadrons. se renforçoit à vue d'œil; elle présente bientôt des masses imposantes, qui se développent dans la plaine où se forment également plusieurs lignes d'infanterie. On voit alors clairement qu'il y a là une armée entière. Engagées inconsidérément, les premières colonnes d'attaque de l'armée française trouvent soixante pièces de canon en batterie, et cent escadrons contre lesquels viennent se briser leurs efforts. Le danger étoit d'autant plus pressant, que la ville d'Arcis forme en quelque sorte la tête d'un défilé d'une demi-lieue, ой plusieurs ponts servent seuls de passage à travers des marais et divers bras de l'Aube : telle etoit la seule retraite qui restât à Napoléon en cas de revers, soit qu'il voulût l'effectuer sur Sézanne, soit qu'il se repliât sur Châlons ou sur Vitry. La conservation d'Arcis étoit

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donc de la plus haute importance. Mais, déjà les escadrons de sa garde étoient poursuivis avec ardeur par la cavalerie alliée du général comte Pahlen, qui, dans une attaque subite et hardie, leur avoit pris trois canons. Tout faisoit craindre que cette cavalerie ennemie, si supérieure en nombre, n'entrât pêle-mêle dans Arcis, avec les escadrons français en déroute. Napoléon, voyant les fuyards presque enveloppés, sort d'Arcis, les rallie, les harangue « N'êtes-vous pas, leur dit-il, les » vainqueurs de Champeaubert et de Mont>> mirail? » Il met l'épée à la main et ordonne de nouvelles charges, marchant lui-même pendant quelques minutes à la tête des escadrons. Là, il courut des dangers dans la mêlée, et le colonel Girardin, son aide-de-camp, lui para, dit-on, un coup de lance porté par un cosaque. Mais, par cette brusque attaque Napoléon arrêta tout court l'ennemi. Plusieurs charges vigoureuses jetèrent le désordre parmi les cosaques; vingt escadrons russes de renfort se virent contraints, pour charger à leur tour les Français, de percer les pelotons en déroute des cosaques et des Bavarois. L'armée austro - russe se concentra aussitôt, se disposant à livrer bataille. Le maréchal Ney forma

immédiatement en bataillons carrés le peu d'infanterie qu'il avoit sous ses ordres; et avec cette poignée de braves, il résista aux attaques de l'armée alliée, qui recevoit continuellement des renforts. Les généraux conseillèrent à Napoléon, tant le danger leur paroissoit pressant, de repasser l'Aube avec la cavalerie, et de laisser à l'infanterie le soin de la retraite. Tout, en effet, dépendoit, pour l'ennemi, de ce premier choc; et, s'il eût emporté Arcis de vive force, c'en étoit fait de l'armée française; mais, , peu à peu les renforts arrivèrent; et la garde impériale, qui venoit de Plancy par la rive droite de l'Aube, parut et se mit en ligne. Une effroyable canonnade s'engagea aussitôt de part et d'autre. Le feu de l'ennemi fit un grand ravage dans les bataillons carrés qui, pendant toute la durée de l'action, restèrent immobiles sous les murs d'Arcis, couvrant la ville et le village de Dorcey avec une constance héroïque. L'infanterie, soutenue par la cavalerie, répondoit à la mousqueterie des alliés. Napoléon resta constamment exposé au feu le plus vif; plusieurs officiers furent blessés autour de sa personne, et son cheval fut atteint d'un boulet qui le mit hors de combat. Des murmures alors se firent entendre comme pour

blâmer Napoléon de s'exposer ainsi, sans aucune nécessité : « Ne craignez rien, dit-il » à ceux qui l'entouroient, le boulet qui » me tuera n'est point encore fondu. >> Ce combat sanglant ne finit qu'avec le jour, et les deux armées restèrent en position sur le terrain même où elles venoient de combattre. Le champ de bataille étoit jonché de morts et de blessés. Dans le fort de l'action, le général autrichien de Hardeg avoit reçu un coup de feu.

Pendant la durée du combat, les renforts avoient eu le temps d'arriver de part et d'autre. L'armée alliée, à la faveur de la nuit, se concentra, par un mouvement rétrograde, sur les hauteurs de Mesnil-la-Comtesse, où le prince Schwartzenberg étoit décidé à recevoir la bataille le lendemain.

Napoléon, conservant le gros de son armée autour d'Arcis, mit en avant de fortes masses d'infanterie et de cavalerie, de même que sur la route de Fère-Champenoise.

Au point du jour, il monte à cheval pour reconnoître l'ennemi, dont la retraite apparente lui fait d'abord supposer qu'il a réellement l'intention de filer vers Lesmont pour y passer l'Aube. Mais il peut juger bientôt

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