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lington ne diminuoient ni ses prétentions, ni ses espérances. Le sort de la campagne ne dépendoit pas, selon lui, de ce qui se passoit sur l'Adour, mais de l'issue des opérations qu'il dirigeoit en personne.

Le 15 mars, il passa en revue aux portes de Reims son armée, grossie par quelques renforts, et fit partir aussitôt une forte colonne pour Châlons-sur-Marne, jugeant qu'il importoit d'occuper de nouveau cette ville, où il espéroit enlever les magasins de l'ennemi. Le soir même, le maréchal Ney rentra à Châlons sans coup férir, les Prussiens et les Russes qui en formoient la garnison se retirant à la hâte par la route de Vitry à l'approche des Français. Les Prussiens sortoient la par porte Sainte-Croix, tandis que les colonnes du maréchal Ney entroient par la porte SaintJacques. Trompés par les bruits mensongers de victoires éclatantes, les Châlonais illuminèrent spontanément leur ville, et firent éclater une grande joie, se croyant délivrés de l'ennemi. Le corps municipal se transporta immédiatement à Reims pour complimenter l'empereur. A la vérité, Châlons, pendant quarante jours, s'étoit trouvé sans communication avec le reste de la France, servant de passage, de

lieu de séjour et de point de retraite à un grand nombre de corps russes et prussiens, qui épuisoient toutes ses ressources par d'énormes réquisitions.

Cependant, la grande armée austro-russe, qui, depuis le 4 mars, étoit restée dans une inconcevable inaction, exécutoit alors un mouvement général d'attaque sur les corps d'ar mée des maréchaux ducs de Reggio et de Tarente, qui, postés à Provins et à Nangis, couvroient la capitale.

L'empereur d'Autriche venoit de rentrer à Troyes. L'empereur Alexandre et le roi de Prusse avoient joint, le 13 mars, à Arcis-surAube, le quartier-général du prince Schwartzenberg, dont les troupes reçurent l'ordre de passer de nouveau la Seine à Montereau, à Nogent et à Pont. Elles devoient s'emparer de Villenoxe, de Provins et de Bray, tandis que le troisième corps s'établiroit à Sens. Le général russe Wittgenstein passa le premier à Pont-sur-Seine, se dirigeant sur Villenoxe et Provins. Le maréchal duc de Tarente venoit de réunir ses troupes autour de cette dernière ville; le 16 mars, l'ennemi manoeuvroit déjà pour déborder sa gauche. Le maréchal duc de Reggio engagea son artillerie, et la journée se

passa en canonnades. Tout annonçoit une attaque combinée sur tous les points de la ligne française. Déjà le corps du prince royal de Wurtemberg s'étoit reporté dans la direction de Sens, et l'hettman Platow, avec six mille chevaux, venoit de se jeter sur Fère-Champenoise et sur Sézanne, d'où il protégeoit le flanc droit de la grande armée, tandis qu'elle opéroit son mouvement offensif. Le prince Schwartzenberg, voulant présider aux opérations, avoit transféré son quartier-général à Pont-sur-Seine.

A l'arrivée du courrier porteur de ces nouvelles, Napoléon crut entrevoir que le plan des alliés consistoit à manoeuvrer sur la gauche des corps intermédiaires qui couvroient Paris, avant qu'il fût possible à l'armée de les soutenir. Le moindre succès des Austro-Russes pouvoit le placer lui-même dans la position la plus critique, entre deux grandes armées, dont l'une venoit de le repousser, et l'autre paroissoit déterminée à frapper enfin de plus grands coups.

En effet, si Napoléon eût persisté plus long-temps à combattre le maréchal Blucher, il laissoit Paris à la merci du prince Schwartzenberg, et, s'il marchoit à la rencontre du

prince, il ne pouvoit manquer d'être suivi par Blucher. Il se trouvoit ainsi, n'ayant plus, que cinquante à soixante mille hommes, entre deux armées fortes chacune de cent mille combattans. Mais ses ennemis étoient timides, et il se montroit audacieux, ne faisant plus la guerre qu'en aventurier. Ainsi, un coup de désespoir pou voit le tirer de la crise où l'avoient plongé le délire de l'ambition et l'amour des conquêtes. Instruit que l'armée du prince Schwartzenberg occupoit une ligne de trente lieues, depuis Sens jusqu'à Sézanne, il renouvela le projet de tomber, avec la masse de ses forces, sur les corps séparés des AustroRusses, avant qu'ils pussent se réunir, n'ayant d'autre espoir, depuis le commencement de la campagne, que dans cette seule manœuvre.

En conséquence, le 16 mars, il se met en marche avec le gros de son armée, se dirigeant sur Epernay, pour repasser la Marne. Depuis le 11 février, cette petite ville étoit sous l'influence de l'ennemi, après s'être défendue toutefois avec une courage digne du caractère français. A la faveur de la nuit, soixante hommes de garde nationale avoient tenu tête à un corps nombreux de cavalerie, qui, parvenu jusqu'aux portes de la ville, et

repoussé par quelques habitans armés de fusils, s'étoit réfugié jusqu'aux bois de Reims. Revenant à la charge le lendemain, l'ennemi avoit sommé les habitans de se rendre. Ceuxci, sans forces réelles, soutinrent qu'ils étoient en état de défense. Tel fut l'effet de leur énergie, que l'ennemi consentit à ne pas occuper la ville, pourvu qu'elle fournît à tous ses besoins.

Cette espèce de capitulation étoit observée avec loyauté de part et d'autre lorsque parut l'avant-garde de Napoléon; elle délogea d'abord l'ennemi, qui tenoit position en avant d'Epernay avec trois mille hommes. Ce corps se mit aussitôt en retraite sur Vertus, après avoir fait sauter le pont, mais avec tant de hâte et si incomplètement, que des ouvriers furent requis pour en achever la démolition. A peine virent-ils approcher les tirailleurs français, qu'ils prirent la fuite. Le 17 mars, Epernay reçut avec transport l'armée et la garde impériale, formant environ quarante mille hommes. Napoléon étoit à leur tête. Ses marches et contre-marches, et le voile épais qu'il jetoit sur les événemens politiques et militaires, abusoient tellement les peuples de la Brie et de la Champagne, que, partout où il

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