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Wellington, ajoutant qu'il croyoit entrer dans une ville alliée et soumise à Louis XVIII. A peine eut-il achevé que le maire fit entendré le cri de Vive le Roi! Ce cri fut répété aussitôt avec enthousiasme par la troupe fidèle qui suivoit le commissaire du Roi. M. Lynch, déposant son écharpe, prit l'antique emblème des Français et cette cocarde, symbole de la paix et du bonheur public.

A l'instant même, Bordeaux voit flotter le drapeau blanc sur le clocher de Saint-Michel, et la cocarde blanche est généralement arborée dans toute la ville avec un sentiment spontané de satisfaction et de joie. Le général anglais ne peut plus douter de l'amour que portoit au roi de France ce bon peuple, qui couroit en foule au-devant de ses libérateurs. Le scris de Vicent les Bourbons! Honneur aux Anglais! Vive le Maire! se succèdent. Le contentement brille sur tous les visages, et des larmes de joie coulent de tous les yeux. Arrivé à l'Hôtel-de-Ville, le maréchal Béresford reçut les adjoints, et le commissaire du roi, décoré de l'écharpe royale, qui lui furent successivement présentés par le maire. Le maréchal leur donna de nouveau l'assurance que sa nation leur prêteroit son appui.

Mais les acclamations du peuple; mais tous les voeux demandoient le petit-fils de Henri IV, l'auguste époux de la fille de Louis XVI; chacun accouroit pour voir le neveu de son roi, pour témoigner à ce prince l'affection qu'il inspiroit aux bons habitans de la Gironde. La plupart des royalistes s'étoient portés à trois lieues au-devant du prince A l'instant paroît le duc de Guiche qui vient annoncer l'arrivée de S. A. R. La nouvelle est bientôt répétée par mille échos. Les cris de Vive le Roi s'élèvent, se reproduisent de toutes parts, et la joie devient universelle. De nouveaux détachemens de jeunes royalistes partent et se succèdent pour aller grossir le cortége. Le maire remonte en voiture avec le commissaire du roi; ses adjoints et une partie du conseil municipal l'accompagnent; la foule est immense sur toute la route. Déjà le peuple entier de la Guienne et du Médoc avoit versé des larmes d'attendrissement sur le passage de l'auguste prince, et toute la ville de Bordeaux étoit sortie à sa rencontre pour se presser sur ses pás.

Les plus vives acclamations se firent entendre dès qu'on aperçut le gendre et le neveu de Louis XVI. Il étoit à cheval, accompagné du

comte Etienne de Damas, du duc de Guiche et du comte d'Escars. Aucune expression ne pourroit peindre l'ivresse des Bordelais à la vue du duc d'Angoulême. Ces éclatans témoignages n'étoient pas donnés par un parti, encore moins par une faction, c'étoit l'explosion générale d'un sentiment long-temps comprimé, et qui éclatoit également dans tous les rangs de la société, dans toute la population de cette grande ville, depuis le premier magistrat jusqu'à l'ouvrier du port.

En vain le maire, à pied, suivi de son cortége, essaie de haranguer le prince; les cris de joie de la multitude l'en empêchent; il ne peut articuler que des mots entrecoupés, des expressions d'amour, qui vont expirer sur la main que le prince lui tend affectueusement, et que le maire baigne de ses larmes. Mais quand ce bon prince daigne se pencher vers lui et l'honorer de l'accolade royale, les cris mille fois répétés de Vive le Roi! Vive Louis XVIII! Vive le duc d'Angoulême! Vive le Maire! ne furent plus interrompus que par les félicitations et les embrassemens mutuels. Il ne restoit plus d'espace auprès du prince; tous vouloient le voir, tous vouloient toucher ses vêtemens et les harnois de son

cheval. Les paroles qu'il proféra furent dignes d'un petit-fils d'Henri IV. Oubli du passé, bonheur pour l'avenir, voilà ce qu'il portoit aux Français, voilà les sentimens des Bourbons, et le vœu de Louis XVIII.

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A peine le cortége peut-il se mettre en marche, tant la foule se presse sur les pas du prince, qui, s'arrêtant par intervalles, laisse jouir les Bordelais du bonheur de le contempler. Les vieillards veulent le reconnoître, les mères le montrent à leurs enfans. Voilà, disent-elles, celui qui vient nous rendre nos derniers fils! Un homme du peuple s'écrie: » Celui-là au moins est de notre sang! » Ces consolantes paroles, ces touchantes acclamations, faisoient oublier vingt-cinq années de douleur et d'exil à un prince de cette auguste famille, si grande dans l'infortune.

Les mêmes sentimens animoient les Bordelais. On auroit dit qu'une seule journée les dédommageoit de vingt-cinq années de tyrannie et de misère.

Egalement pressé par la foule qui le devançoit et par celle qui le suivoit, le cortége marcha si lentement, que deux heures suffirent à peine pour arriver à la cathédrale. L'archevêque de Bordeaux, à la tête de son

clergé, attendoit à la grande porte S. A. R. Enfin, le prince parut, et l'archevêque lui adressa le discours suivant :

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Monseigneur, affligés par une longue suite » de calamités de toute espèce, nous avons gémi de nos malheurs; et, tandis que nous » adressions nos prières au ciel pour qu'il daignât y mettre un terme, nous ne cessions » d'être agités par la crainte et par l'espé

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>>rance.

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Ces émotions pénibles sont enfin calmées par la présence de votre altesse royale. Nous >> serons heureux ! J'ose, au nom de mon

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clergé et des fidèles de mon diocèse, sup

plier votre altesse royale de transmettre à » S. M. les assurances qu'elle ne trouvera » point dans ses Etats de sujets plus fidèles » et plus dévoués. Vice notre Roi légitime! »

Toute l'église retentit du même cri. Le prince, porté par la foule, mais environné du clergé, qui lui faisoit un pieux rempart, ne parvint au sanctuaire qu'après trois quartsd'heure d'ondulations. La sainteté même du lieu ne put retenir les acclamations du peuple. Souvent les cris réitérés de Five le Roi! suspendirent la cérémonie. Le Te Deum fut chanté et répété en choeur par tous les assistans.

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