Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

pour établir et assurer la communication entre l'armée du sud et la grande armée austrorusse de l'est; mais il en résultoit une distocation qui affoiblissoit la grande armée au moment même où Napoléon marchoit sur elle, soit pour l'inquiéter dans ses communications, soit pour lui livrer bataille.

[ocr errors]

On verra bientôt comment il en fut détourné par la diversion inattendue de l'armée de Silésie sur la Marne, diversion puissante et décisive. Négligeant de passer la Seine pour combattre cette armée alors réunie à Méry, Napoléon se contenta de laisser devant elle, en observation, le corps du maréchal duc de Raguse, qui venoit de se porter à Sézanne, et il accomplit, avec la masse de ses forces, son mouvement sur Troyes.

Sa rentrée dans l'ancienne capitale de la Champagne lui sembloit un avantage propre à frapper l'opinion et à nationaliser la guerre.

Son quartier-général étoit resté au bourg de Châtres pendant l'attaque de Méry. Le lendemain 23 février il y reçut le prince WenselLichtenstein, porteur de la réponse du généralissime prince Schwartzenberg, à la lettre que Napoléon lui avoit expédiée la veille. Le prince Wensel montra des intentions paci

fiques, et témoigna, ainsi que l'avoit fait le compte de Paar, le plus grand désir de la conclusion d'un armistice, seul moyen d'arriver promptement à la paix.

Napoléon en infère que le découragement et la désunion règnent parmi les alliés; il n'accède à rien, et poursuit ses avantages. Le même jour presque tous les corps de son armée se dirigent sur Troyes; celui du maréchal duc de Reggio se porte à Megrigny; celui du maréchal duc de Tarente à Pavillon, tandis que le corps du général Gérard, qui de Montereau avoit marché sur Sens, arrive par Villeneuve-l'Archevêque, par Villemont et Saint-Liébaud, c'est-à-dire par la route directe de Sens à Troyes. Le prince Maurice de Lichtenstein étoit placé avec sa division sur cette route. Le général Gérard rencontre son arrière-garde, et lui fait éprouver quelques pertes; mais la division autrichienne est bientôt soutenue par le troisième corps aux ordres du général comte Giulay.

D'un autre côté, de grosses masses de cavalerie française se montroient sur les hauteurs de Pavillon; elles furent d'abord contenues par la cavalerie des alliés, sous les ordres du baron de Frimont, qui repoussa le

soir même une légère attaque entre les Grès et Troyes. La retraite des alliés s'opéroit avec le plus grand ordre, et l'œil le moins exercé apercevoit un mouvement de troupes,et non une fuite. Les habitans de Troyes virent les gardes russes et prussiennes fouler aux pieds, avec colère, les branchages de lauriers qui ornent d'ordinaire leurs bonnets et leurs casques maudissant une retraite entreprise sans qu'ils eussent encore pris part à aucune action.

L'armée entière évacua la ville de Troyes avec calme; une arrière-garde de deux mille Bavarois et Autrichiens fut chargée de retarder Napoléon, et de protéger la retraite.

Troyes vit bientôt paroître sous ses murs deux armées françaises qui l'investirent et se déployèrent sur les hauteurs voisines. L'arrière-garde ennemie l'occupoit militairement. Ses avant-postes se replièrent dans les faubourgs après un choc de cavalerie sur la route de Sens, et quelques décharges de mousqueterie. Les généraux alliés expédièrent à Napoléon un parlementaire chargé de demander qu'on laissât la nuit libre pour évacuer la ville, promettant que le lendemain à six heures les portes en seroient ouvertes. Napoléon rejeta une demande qui tendoit à épargner une

ville intéressante: tout ce qu'il put gagner sur lui fut d'ordonner qu'on n'y lançât point d'obus; mais bientôt on remarqua sa joie féroce, quand, au moment même où faisant ouvrir une horrible canonnade dirigée contre les faubourgs, il s'écria : « Nous allons voir ! » Jusques-là Troyes étoit restée calme, et avoit attendu son sort avec résignation; mais quand à cinq heures l'aspect des colonnes d'attaque et la canonnade annoncèrent aux habitans qu'ils étoient assiégés, l'inquiétude et l'effroi glacèrent tous les esprits; chacun courut se réfugier dans les caves et dans les lieux souterrains pour s'y mettre à l'abri. Les alliés, voyant que Napoléon cherchoit à emporter la ville de vive force, jetèrent des obus dans trois faubourgs, et en moins d'une heure les flammes se propagèrent avec tant de furie, que les trains ne purent avancer assez près pour battre en brèche : trois ou quatre pièces de canon seulement firent un grand détour, et parvinrent à s'approcher de l'enceinte murée, A la chute du jour les troupes françaises se logèrent dans les faubourgs qu'on leur abandonna, et risquèrent de suite trois attaques sur la ville, qui furent repoussées par la brigade du général Wolkmann, restée en ar

rière-garde dans l'enceinte même de Troyes, tandis que les divisions Giulay et Lichtenstein se retiroient vers Bar-sur-Seine. Les assiégeans, pendant la nuit, essayèrent d'enfoncer une porte, d'enlever d'assaut un endroit foible; mais ils furent constamment repoussés. Au point du jour l'arrière-garde ennemie commença sa retraite, emmenant artillerie, caissons et bagages. Dans ce moment même reparut aux avant - postes français le prince Wensel, qui étoit retourné la veille auprès des souverains confédérés ; il fut conduit à Napoléon, et le supplia de suspendre son entrée de quelques heures, afin d'épargner la ville; le général autrichien manifesta en même temps, de la part de l'empereur François, le plus vif désir d'un prompt rapprochement. Napoléon promit qu'il n'entreroit à Troyes qu'à midi; mais à peine l'envoyé autrichien eut-il repris la route de son quartier-général, qu'il pénètre par une porte que lui livrent les habitans, pousse ses troupes, et s'empare de l'intérieur de la ville. Une légère fusillade s'engage contrequelquespostes isolés qui se retiroient en hâte; et, àl'instigation des agens secrets de Napoléon, la populace armée de couteaux, de haches et de fourches, tombe sur les der

« ZurückWeiter »