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ce moment toutes les tentatives du maréchal Soult pour regagner le terrain, devinrent inutiles. Le lieutenant-général Hill fut en état de le déloger de toutes ses positions, et même de la ville d'Aires, après lui avoir fait éprouver une grande perte en tués, en blessés et en prisonniers. Le général anglais eut à regretter le lieutenant-colonel Hood, tué dans la mêlée, et près de neuf cents Portugais dont les cadavres furent jetés dans l'Adour après l'action.

Ce nouvel échec rendoit la situation du maréchal Soult si désespérée, que, laissant à découvert les routes d'Agen, de Bordeaux et de Montauban, il effectua sa retraite en hâte par les deux rives de l'Adour, vers Tarbes, dans l'espoir d'être bientôt renforcé par leś détachemens de l'armée de Catalogne. Mais une de ses colonnes, ayant été coupée de l'Adour par la marche rapide du général Hill sur Aires, se mit en retraite vers Pau dans la plus grande confusion; les fuyards laissoient leurs armes partout.

Tandis que lord Wellington, manœuvrant sur la droite de son armée, remportoit de si brillans avantages, le lieutenant-général Hope, commandant l'aile gauche, passoit l'Adour audessous de Bayonne, et, de concert avec le

contre-amiral Penrose, il se rendoit maître des deux rives de cette rivière à son embouchure. L'état formidable de la place rassuroit les Français sur les tentatives de l'ennemi. Deux cents marins de Rochefort s'étoient rendus à Bayonne pour monter les canonnières armées, protéger la navigation, et couvrir Bayonne. La barre de l'Adour paroissoit impossible à forcer, et un pont sembloit impraticable. Le général Hope n'eut d'abord à sa disposition que des pontons et des radeaux, avec lesquels, dans la soirée du 23 février, il avoit fait passer six cents hommes des gardes anglaises, et un détachement de cavalerie, qui prirent aussitôt possession de la rive droite. La garnison, formant un détachement de deux mille hommes, attaqua immédiatement les Anglais; mais cette sortie fut repoussée par le major-général Stopfort, secondé par l'artillerie à la Congrève. Lancées au milieu des colonnes, ces raquettes enflammées brûloient jusqu'aux habits des soldats, qui, effrayés par cette espèce de feu grégeois, lâchoient le pied. Cependant les vaisseaux destinés à former le pont, ainsi que la flotille, éprouvoient les plus cruelles difficultés en passant la barre de l'Adour, qui brise en tout temps

d'une manière effrayante. Quatre chaloupes sont englouties, d'autres s'entr'ouvrent sur les rochers; mais à la fin une chaloupe trouve le passage et jette l'ancre au milieu des flots agités; alors cette opération si dangereuse, surtout en hiver, est accomplie avec degré d'habileté et de bravoure rarement égalé. On voyoit arriver successivement les bateaux traversant la barre; en même temps une frégate française mouillée dans l'Adour est attaquée à coups de canon. Endommagée par une batterie du calibre de dix-huit, elle se' replie sous l'artillerie de la place. Bientôt le pont est établi, et tout le corps du lieutenantgénéral Hope passe, au grand étonnement des habitans stupéfaits. Ils accourent de toutes parts pour se convaincre, par leurs propres yeux, d'un événement qu'on jugeoit impossible. Le 25, les troupes anglaises firent les approches de la citadelle de Bayonne, tandis que le lieutenant-général don Manuel Freyre se portoit en avant, avec la quatrième armée espagnole,' par la route de Saint-Jean-de-Luz. Le 27, le pont étant achevé, le général Hope investit plus étroitement la citadelle commandée par le général Thouvenot, et attaqua le village de Saint-Etienne, qu'il emporta, après avoir pris

un canon et fait quelques prisonniers. Vainement les chaloupes canonnières, chargées de la défense de l'Adour, manoeuvrèrent pour détruire le pont si étonnamment construit, et qui assuroit la communication des alliés, Trois de ces chaloupes furent détruites le 1er mars, Les postes de l'armée de siège furent établis aussitôt à neuf cents verges des ouvrages extérieurs de la place.

Ainsi les opérations de lord Wellington of froient déjà pour résultats la défaite successive de l'armée française, et la prise de ses magasins, l'investissement de Bayonne, de Navarreins et de Saint-Jean-Pied-de-Port, le passage de l'Adour sur tous les points et la possession de toutes les grandes communications sur cette rivière. En vain le maréchal Soult, après la défaite d'Orthès, s'efforça de faire lever en masse les habitans du Bearn, de la Guienne et du Languedoc; les Français du Midi étoient encore moins disposés que ceux du Nord à prendre les armes pour un gouvernement qu'ils abhorroient. Une révolution politique étoit inévitable dans ces trois provinces tout s'y organisoit pour la cause sainte des Bourbons; le pays excédé se tournoit contre l'armée française; le maréchal Soult ne se

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maintenoit plus que par l'appareil de la force. Privée de ses magasins, son armée ne pouvoit vivre qu'en frappant le pays de réquisitions violentes. Elles s'étendoient jusque dans le département des Deux-Sèvres qui en fut écrasé: on y leva pour six cent mille francs de denrées en nature dont le transport à Bayonne coûta un million de francs. Les départemens du Gers, de la Haute-Garonne, de l'Arriège et du Tarn avoient fourni en réquisitions de toute espèce plus qu'il n'en falloit pour l'entretien d'une grande armée pendant plusieurs mois ; et cependant l'armée du Midi manquoit de tout au sein de la France, tandis que l'armée anglaise. y trouvoit de tout à profusion, sans efforts, sans contrainte, par la seule puissance de l'or.

Quoique, réduite à vingt-cinq mille soldats par tant de combats malheureux, et par la désertion des conscrits, l'armée du maréchal Soult sembloit se flatter encore de conserver à Napoléon les provinces méridionales, ou du moins vouloit-elle les disputer avec acharnement. Une déclaration attribuée à Wellington, mais dont rien ne garantit l'authenticité, et qui paroît même avoir été supposée par les royalistes, donna lieu sans doute à la proclamation énergique dont nous

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